Le groupe de luxe britannique Burberry caracole en tête de la Bourse de Londres après avoir fait état d’un chiffre d’affaires supérieur aux attentes, grâce notamment à la croissance venue de Chine continentale couplée à une performance d’excellente facture sur son marché domestique.
Dominant de la tête et des épaules le CAC 40 depuis le début de l’année 2017 avec pour fers de lance Kering et LVMH, ces deux derniers enregistrant les plus fortes progressions de l’indice de référence de la place de Paris, le secteur du luxe est également sous les feux de la rampe outre-Manche. Vedette du jour : Burberry qui a pris les rênes de la Bourse de Londres après avoir dévoilé des ventes trimestrielles supérieures aux attentes des analystes. Dans le détail, les ventes du groupe pour le premier trimestre clos fin juin se sont appréciées de 4% – à périmètre comparable-, soit deux fois plus qu’escompté par les analystes. En outre, à périmètre et taux de changes constants, les ventes du célèbre créateur d’écharpes et de trenchcoat ont grimpé de 3% à 478 millions de livres, soit au-dessus des projections de Bloomberg qui, privilégiant la prudence, tablait sur un chiffre d’affaires trimestriel d’environ 471 millions d’euros. Les analystes notent que cette croissance à périmètre constant « est de bon augure pour l’ensemble du secteur ».
Divers facteurs sont à prendre en considération : comme évoqué en prélude, la demande en provenance de Chine continentale est repartie à la hausse après plusieurs années poussives. D’ailleurs, les ventes sur la seule zone Asie-Pacifique surperforme le chiffre d’affaires global, avec une progression de 5% sur le trimestre. Une solide performance, compte tenu du fait que Burberry a particulièrement souffert du ralentissement de l’économie chinoise en raison de son exposition au sein de l’Empire du Milieu. Début 2016, le patron de la célèbre marque au Tartan -Christopher Bailey, débarqué…quelques mois plus tard, en juillet du poste de PDG, mais qui garde la main sur la création- rappelait dans les colonnes des Echos que le groupe tirait 40% de ses revenus de ses clients chinois (Hong Kong ou Chine continentale) et même ailleurs dans le monde lorsque ces derniers étaient amenés à voyager. Ce qui était largement supérieur à la moyenne du secteur oscillant autour de 30%.
L’Amérique encore faible
La situation de Burberry sur son marché domestique est également à mettre en exergue. Le groupe de luxe bénéficie, il est vrai, de la faiblesse de la livre, ce qui, de facto renforce l’activité au Royaume-Uni. Seul petit bémol de cette publication, les ventes dans la zone Amériques ne décollent pas et reste le principal défi à relever pour Marco Gobetti, qui préside désormais aux destinées de Burberry. Transfuge du français Céline, le transalpin aura la lourde tâche de redresser le tir dans une zone qui constitue le premier marché des Français LVMH et Kering. L’équation s’annonce particulièrement compliquée mais pas impossible pour Marco Gobbetti qui vit néanmoins un « baptême du feu » des plus prometteurs, hormis cette « faiblesse américaine » dont il n’est évident pas comptable au regard de sa récente prise de fonction.
La feuille de route du nouveau dirigeant est limpide : renforcer la marque tout en améliorant l’efficacité et la performance des magasins du groupe dont les ventes sont inférieures à celles de ses concurrents. En outre, Marco Gobbetti aura également pour mission de calmer la fronde qui commence à poindre chez certains actionnaires au sujet de la rémunération de certains cadres de Burberry. Dans le collimateur : les émoluments de l’ancien PDG Christopher Bailey, aujourd’hui en charge de la création comme susmentionné, et la directrice financière, Julie Brown. Ainsi l’actionnaire Royal London envisage de voter contre le projet de rémunération lors d’assemblée générale annuelle de jeudi.
Grogne chez les actionnaires
Invité à s’exprimer sur cette question, Julie Brown a botté en touche, arguant que les questions relatives à la rémunération devaient être adressées au comité concerné mais a ajouté que le groupe continuerait à s’engager auprès des actionnaires. Déjà en 2014, la majorité d’entre eux (53%) s’était opposée à la rémunération des dirigeants de Burberry. A l’époque, Christopher Bailey s’était vu attribué 1 million d’actions (contre déjà 350 000 en 2013) pour le convaincre de rester dans le giron de la marque au tartan alors que la concurrence oeuvrait en coulisses pour le débaucher. « Nous sommes conscients qu’il pourrait être mieux payé ailleurs qu’au Royaume-Uni, où la taille et la nature des rémunérations sont différentes et moins transparentes », s’était alors justifié John Peace, président du conseil d’administration cité par Les Echos.
Concernant ses objectifs pour l’année à venir, Burberry table sur un objectif de bénéfice ajusté avant impôts sur l’ensemble de l’exercice inchangé malgré un impact de change négatif de 25 millions de livres, en amélioration par rapport à sa précédente prévision de 30 millions de livres. Selon le consensus de marché, le bénéfice avant impôts était attendu à 56 millions de livres avant le point de mercredi. Une prévision raisonnable aux yeux du marché qui continuait de solliciter le titre mercredi en milieu d’après-midi.
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