La montée en flèche de l’or au-delà des 3 000 dollars l’once pourrait avoir éclipsé un autre actif prisé des spéculateurs, le Bitcoin. Pourtant, avec une hausse de 40 % en un an, des interrogations se posent sur la durabilité de cette ascension.
Trop haut, trop vite : c’est ainsi que certains décrivent l’inquiétude entourant l’or, dopé par un cocktail de craintes économiques, de pressions inflationnistes, d’achats massifs par les banques centrales et de tensions géopolitiques.
Mais c’est surtout son ascension fulgurante face au Bitcoin ces douze derniers mois qui trahit un mouvement spéculatif intense, susceptible de s’essouffler aussi vite qu’il est apparu.
Quelques chiffres illustrent ce duel or-Bitcoin : depuis un an, l’or a grimpé de 880 dollars l’once (+41 %) pour atteindre 3 030 dollars. À l’inverse, le Bitcoin a chuté de 23 772 dollars (-22 %), s’échangeant désormais autour de 82 921 dollars.
L’écart entre ces deux actifs, qui ne génèrent ni rendement ni dividende, s’est accentué ces deux derniers mois : l’or a progressé de 11 %, tandis que le Bitcoin a chuté de 22 %.
L’engouement pour l’or a fait grimper la valeur des actions de la plupart des sociétés minières. Les leaders du secteur, comme Newmont, ont bondi de 39 % sur un an, évoluant à un niveau similaire au cours de l’or. D’autres, comme Barrick Gold, ont progressé de 24 %, mais sans suivre pleinement la cadence.
Des doutes sur la valorisation
Là où les interrogations surgissent quant à la capacité de l’or à poursuivre sa hausse – ou même à maintenir son niveau actuel – c’est dans l’évaluation des compagnies aurifères par les analystes financiers. Ces valorisations aident les investisseurs à déterminer un prix juste pour leurs actions, mais elles peinent à suivre l’évolution du marché.
Un projet de fusion en cours en Australie illustre bien la difficulté d’aligner la valorisation des entreprises avec la flambée du prix de l’or.
En fin d’année dernière, Northern Star Resources et De Grey Mining ont conclu un accord de fusion par échange d’actions d’une valeur de 3,1 milliards de dollars, déclenchant un processus d’évaluation indépendant avant le vote des actionnaires.
Le cabinet d’audit international KPMG a été chargé de cette évaluation et a rendu son rapport plus tôt ce mois-ci, révélant une surprise.
Northern Star, plus grand producteur d’or basé en Australie, propose un prix supérieur à l’évaluation de KPMG pour acquérir De Grey. Sans surprise, le rapport conclut que les conditions de l’opération sont équitables et raisonnables pour les actionnaires de De Grey.
En revanche, il reste à déterminer si l’échange d’une action Northern Star contre 0,119 action De Grey est réellement avantageux pour les actionnaires de Northern Star.
KPMG a estimé la valeur de De Grey entre 1,68 et 1,99 dollar australien par action, soit une moyenne de 1,835 dollar australien. Or, lors de l’offre, la valorisation implicite se situait entre 1,92 et 2,08, avec une moyenne de 2 dollars australiens. Cela signifie que Northern Star paie chaque action De Grey environ 16,5 centimes de plus que la valeur médiane établie par KPMG.
Les investisseurs semblent sceptiques quant à la valeur de cette fusion pour Northern Star. Depuis l’annonce de l’accord le 2 décembre, son cours n’a progressé que de 8 %, tandis que celui de De Grey a grimpé de 40 % et que le prix de l’or a augmenté de 14 %.
L’une des raisons de cette offre généreuse de Northern Star est que De Grey détient Hemi, le plus grand gisement aurifère non exploité d’Australie, estimé à 11 millions d’onces et en pleine expansion, près du hub d’exportation de minerai de fer de Port Hedland.
Une autre explication pourrait être la volonté de Northern Star de formuler une offre suffisamment attractive pour dissuader une enchère concurrente, notamment de la part de Gold Road, qui détient déjà 17 % de De Grey.
Si le prix de l’or continue de grimper et que Northern Star parvient à exploiter avec succès la ressource de Hemi, l’opération pourrait s’avérer bénéfique pour ses actionnaires.
En revanche, si le prix de l’or baisse, KPMG les a déjà avertis que leur entreprise paie trop cher pour De Grey dans un marché sous tension.
Une contribution de Tim Treadgold pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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