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L’Italie Remet En Selle Monte Dei Paschi

© Getty Images

Sauvée des eaux par l’Etat italien qui a injecté 5,4 milliards pour la remettre à flot, la plus vieille banque du monde encore en activité, Monte Dei Paschi, va réorienter son modèle économique, notamment en faveur de la banque de détail et du financement des PME.

Remise à flot par l’Etat italien, Monte dei Paschi di Siena, plus ancien établissement bancaire du monde encore en activité, espère avoir tourné la page et écrit l’épilogue des « années noires ». Dans le détail, Rome a injecté au total, et en une semaine, près de 20 milliards d’euros dans ses banques dont 5,4 milliards pour la seule Monte dei Paschi. Grèce mise à part, l’Union européenne n’a pas connu de sauvetages publics aussi coûteux depuis la fin de la crise financière, ce qui éveille l’inquiétude sur le recours à l’argent du contribuable pour combler les pertes de banques mal gérées, malgré une nouvelle réglementation européenne visant à l’éviter. Mais cette solution était la seule alternative pour sauver la banque, surtout après l’échec cuisant de son appel au marché, début janvier, qui a davantage ressemblé à un cri du désespoir. En effet, initialement, la troisième banque italienne en volume de prêts espérait lever 5 milliards d’euros via une augmentation de capital. Force est de constater qu’aucun investisseur de premier plan ne s’est manifesté pour endosser le costume du sauveur en chef, ceci laissant la place aux rumeurs les plus farfelues, comme l’entrée en piste du fonds souverain du Qatar pour mettre la main à la poche à hauteur de 1 milliard d’euros. Une hypothèse qui va finalement s’avérer être que pure spéculation.

Faute d’ange gardien, la banque a dû se tourner vers l’Etat italien qui, s’il a accepté de renflouer Monte dei Paschi, a posé ses conditions. En contrepartie de cet argent frais, la banque toscane devra engager une profonde modification – pour ne pas dire refonte – de l’ensemble de sa structure qui passera notamment par une réorientation de ses activités vers la banque de détail et le financement des PME. Autre doléance de l’Etat italien : le transfert de 26,1 milliards d’euros de créances douteuses vers un véhicule de défaisance financé par des fonds privés et par un plafonnement des rémunérations de ses cadres. Ce plan « quinquennal » de restructuration va être présenté mercredi et devrait assurer la viabilité à long terme de la banque. En outre, L’Etat prend une participation de 70% dans la banque et assure qu’il n’en sortira qu’en 2021… avec un bénéfice à la clé. Vœu pieux ou certitude ? « Je suis convaincu que l’argent de l’Etat sera remboursé, peut-être avec une prime », a sereinement déclaré mardi le ministre des Finances, Pier Carlo Padoan.

L’Union européenne aux aguets

Egalement en première ligne sur ce dossier, l’Union européenne a donné son imprimatur à l’opération de sauvetage. « Nous avons autorisé, conformément aux règles de l’UE, l’injection de capital dans (Monte dei Paschi) par l’Etat italien, qui aidera la banque à faire face à ses besoins en capital si la situation économique venait à se détériorer de manière inopinée », a déclaré Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, citée dans un communiqué. Pour rappel, le bulletin de santé des banques italiennes est alarmant, puisque, en effet, les 14 grands établissements du pays détenaient à eux seuls, en fin d’année dernière, plus d’un tiers des créances douteuses de l’ensemble de la zone euro, soit l’équivalent de 360 milliards d’euros.

A la différence de l’Espagne ou de l’Irlande, l’Italie n’était pas intervenue pour aider son secteur bancaire lors de la crise financière. L’Union européenne a depuis adopté de nouvelles règles, dites de « bail-in », qui obligent une banque en difficulté à mettre d’abord à contribution ses actionnaires, détenteurs d’obligations et éventuellement déposants avant de pouvoir solliciter l’argent du contribuable. Un sujet des plus délicats en Italie où de nombreux particuliers détiennent, comme rappelé par Reuters, de nombreuses obligations de leur banque et risquent ainsi de voir leur épargne s’évaporer en cas de faillite. Dans le cas d’espèce, Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne chargée de la stabilité financière, estime que « les solutions trouvées devraient préserver la stabilité financière en Europe et limiter la charge qui pèse sur les contribuables ».

Objectif : 1,2 milliard d’euros de bénéfice net en 2021

La banque italienne, forte de cet apport, a mis sur la table ses projections financières. Ainsi, Monte dei Paschi vise un bénéfice net de plus de 1,2 milliard d’euros en 2021. Elle précise que son plan couvrant la période 2017-2021 prévoit également un rendement des capitaux propres de plus de 10% en 2021 ainsi qu’une réduction des effectifs de quelque 5 500 emplois, le nombre d’agences de la banque devant revenir à quelque 1 400  établissements contre environ 2 000 en 2016. De sages objectifs pour que la banque la plus vieille du monde aient encore de beaux jours devant elle.

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