Des banques dépendantes des investisseurs
Après la victoire du « non » au référendum, tous les yeux sont braqués sur les banques italiennes. L’Italie semble s’enliser dans une nouvelle crise politique et le secteur bancaire risque d’être sanctionné par les investisseurs. La lourde défaite de Matteo Renzi arrive à un moment très délicat où plusieurs banques déjà fragiles cherchent des capitaux. La troisième banque du pays en volumes de prêts, la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) est certainement la plus menacée, alors qu’elle nécessite un plan de secours de 5 Md€ (soit 7 fois sa capitalisation actuelle) pour faire face à l’augmentation de ses prêts non-performants. Tandis que des banques étrangères comme JP Morgan, Deutsche Bank, HSBC envisageaient d’y participer, l’incertitude politique dans laquelle s’engage l’Italie risque de les pousser à faire marche arrière.
Unicredit n’est pas en reste. Selon les dernières rumeurs, la banque pourrait demander près de 13 Md€ pour renflouer son bilan lors de la présentation de sa revue stratégique le 13 décembre. Tout le système bancaire italien est gangrené par ces prêts non-performants à commencer par les quatre banques sauvées de la faillite l’an dernier et toujours en quête d’acquéreur (Banca Etruria, CariChieti, Banca delle Marche et CariFerrara). En effet, selon la dernière revue de la BCE qui scrute les principaux établissements bancaires (14 pour l’Italie), le montant des prêts non-performants italiens représente 286 Md€ sur un total de 990 Md€. Le constat est encore plus fâcheux si l’on se fie au chiffre de la banque d’Italie qui estime le montant des prêts à risque pour l’ensemble des banques italiennes à 356 Md€.
Le risque bancaire peut devenir systémique
Le nouveau régime du « bail-in », censé éviter au contribuable d’avoir à financer le renflouement d’un établissement financier en difficulté, prévoit de mettre à contribution les créanciers obligataires et certains déposants importants en cas de besoin. Cette règle pourrait être invoquée rapidement dans le cadre de la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) si cette dernière ne parvient pas à trouver de nouveaux investisseurs d’ici la fin de l’année. Elle pourrait également s’étendre à d’autres banques de tailles intermédiaires en cas de scenario catastrophe
Dans cette configuration défavorable, les pertes subies par certains épargnants pourraient provoquer une panique bancaire et entrainer des retraits massifs. De même, certains établissements étrangers, détenteurs de créances italiennes, verront leurs résultats être affectés négativement. Ainsi, l’enlisement dans l’incertitude politique pourrait déclencher un effet domino sur des banques qui se retrouveraient à terme en situation de quasi faillite, faute de capitaux.
Si le chemin est très long avant d’en arriver à l’effondrement du système financier italien, il est clair que l’aversion au risque des investisseurs conditionnera l’avenir des banques italiennes. Le degré d’instabilité politique est certainement ce qui déterminera leur enclin à renflouer un système bancaire en perdition.
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