L’indice des prix à la consommation (données harmonisées) en rythme annuel a fortement progressé en Allemagne, passant de 0,7% en novembre à 1,7% en décembre.
Cette accélération a largement été soulignée par la presse allemande et s’est accompagnée de critiques à l’encontre de la politique ultra-accommodante de la BCE. Ce mouvement de contestation n’est pas prêt de s’atténuer à court terme et devrait même prendre plus d’ampleur. Selon nos estimations, en janvier, l’indice des prix allemand devrait atteindre l’objectif à moyen terme de la BCE, à savoir un chiffre proche mais inférieur à 2%.
En effet, le rebond des prix à la pompe, qui découle de l’envolée des prix du pétrole et de la faiblesse de l’euro, devrait se poursuivre. A titre d’illustration, en janvier, sur la base des cours actuels, le Brent (converti en euros) est susceptible d’augmenter de près de 70% en rythme annuel (plus forte hausse depuis avril 2010).
En parallèle, la Chine, qui a exporté de la déflation pendant plus de quatre ans, se retrouve désormais dans la situation opposée. En décembre, l’indice des prix à la production chinois a progressé de 5,5% en rythme annuel (soit le rythme le plus rapide depuis septembre 2011) notamment en raison de la flambée du prix du charbon (près de 60% de l’énergie utilisée en Chine). Ce phénomène, intervenu suite à la réduction drastique des capacités de production, a été quasi immédiatement répercuté sur les prix à l’exportation. Selon la « Customs General Administration », en décembre, les prix à l’exportation auraient bondi de 5,1% en rythme annuel (plus haut depuis juillet 2011).
Dans ce contexte, l’Allemagne, qui reste le principal importateur de produits chinois en zone euro, a vu, en novembre, son indice des prix à l’importation rebondir pour la première fois depuis novembre 2012. De même, en décembre, l’indice des prix à la production allemand a atteint, en rythme annuel, son plus haut niveau depuis janvier 2013 (+1.0% A/A).
Au-delà de ce problème d’inflation importée, l’Allemagne est l’un des rares pays de la zone euro a également ressentir des tensions inflationnistes sur le plan domestique. Après avoir accusé un large retard pendant des années, les prix immobiliers s’envolent, et progressaient encore de plus de 10% en rythme annuel en décembre (près de deux fois plus vite qu’aux Etats-Unis). Enfin, avec un taux de chômage de 6% (au plus bas depuis la réunification du pays), les tensions salariales se manifestent de plus en plus. A titre d’illustration, le syndicat de la métallurgie IG Metall a réclamé mardi dernier une hausse de 4,5% des salaires en amont des négociations prévues le 22 février (le résultat sera annoncé début mars au plus tôt).
Par conséquent, il y a fort à parier que la prochaine publication de l’indice des prix allemand (30 janvier) suscitera de nouvelles polémiques concernant la politique monétaire accommodante de la BCE. A ce jour, Mario Draghi attribue la hausse des prix en zone euro à la remontée du coût de l’énergie, mais n’a pas fait mention du choc inflationniste en provenance de Chine. De même, il se focalise sur l’inflation européenne dans son ensemble et néglige donc en partie le cas allemand, où la situation de plein emploi n’est finalement qu’une exception. Néanmoins, dans le cadre d’une année électorale et avec le soutien de l’opinion publique, les critiques des officiels allemands devraient se multiplier et pousser la BCE à débattre plus rapidement de son « Exit Strategy ».
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