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Les Taux Bas Nous condamnent T-ils A Une Stagnation Séculaire A La Japonaise ?

Une récession à la japonaise nous guette-elle ?
Une récession à la japonaise nous guette-elle ?

Les sociétés allemandes de crédits ont commencé à proposer aux consommateurs des crédits à taux bas, voire à intérêt négatifs. La question qu’il faudrait enfin se poser est de savoir si cela annonce pour demain un ralentissement inexorable ou une stagnation séculaire ?

Croissance revue à la baisse en Europe

Ne fermons pas les yeux, en Europe, et particulièrement en France, les prévisions de croissance sont souvent revues à la baisse. L’insécurité socio-économique incite à sur-épargner ; cela génère des taux d’intérêt négatifs qui vont encore affaiblir le secteur bancaire.

Le risque de désinflation amène, lui, à reporter les décisions d’achats et d’investissements, sans oublier le vieillissement de la société, et une aversion croissante au risque. On ne peut citer tous ces signaux faibles qu’on a trop tendance à écarter.

Différence avec les États-Unis

En quoi sommes-nous différents des États-Unis de Trump où les prévisions de croissance sont assez souvent revues à la hausse ? Cela s’explique par le fait que dans cette Amérique très libérale, les cycles sont beaucoup plus nombreux, plus d’une dizaine depuis la dernière guerre, alors que dans cette Europe sociale, les cycles, moins de six sur la même période, sont lissés par les budgets de dépenses publiques.

Avec sa politique fiscale et ses budgets d’investissements, le président américain a en réalité initié une surchauffe de l’économie. Cette surchauffe et le faible taux de chômage ont incité les entreprises à faire des gains de productivité, alors que les gains de productivité se sont évaporés en Europe.  

Ce qui aussi étonnant c’est que cette pénurie de main-d’œuvre et ce moteur de croissance que sont les gains de productivité n’ont pas généré une inflation incontrôlable, qui aurait alors cassé la croissance.

Sommes-nous devant une stagnation séculaire ?

Pourquoi l’Europe risque-t-elle d’être la première à entrer dans une stagnation séculaire à la Larry Summer ou dans un ralentissement inexorable à la Robert Gordon ?

Parce qu’en Europe, moins touchée que les USA par les crises cycliques, les classes moyennes inférieures assez choyées ont plus l’impression d’avoir été appauvries par la mondialisation, tout en oubliant qu’elles ont bénéficié de baisses de prix de très nombreux produits.

Dans cette Europe où il y a encore des communistes malgré la faillite de ce modèle, on pense encore que pour vaincre l’extrême pauvreté il faut combattre l’extrême richesse. Une Europe où l’on ne veut pas admettre que la mondialisation a sorti près de 700 millions de personnes de la pauvreté. Enfin, une Europe où l’on est de plus en plus opposé à l’économie de marché appelée libéralisme, alors que même la Chine communiste s’y est mise. Bien évidement, ce système à ses défauts, mais il est aussi évident que le libéralisme ou ordo-libéralisme nous a permis d’avoir des vies meilleures et plus riches que celles imaginées par nos parents, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Ce système basé sur la concurrence et la décentralisation a, comparé à d’autres systèmes comme le communisme, démontré son efficacité depuis plus de 70 ans. Il nous a permis de surmonter les chocs pétroliers, il a remis les États-Unis dans la cour des grands, il a aussi permis à la Grande-Bretagne d’échapper à un déclin inexorable, enfin il a permis à l’Allemagne et à l’Autriche entre autres de devenir des nations équilibrées et solides.

Bienfaits du libéralisme et du libre échange

Aujourd’hui grâce au libre-échange et au digital, la plupart des consommateurs disposent d’offres mondiales. Bien sûr, le consommateur qui, in fine, a toujours raison et le travailleur ne font qu’un, et bien évidemment ils ont des positions divergentes, car on veut tous des prix bas et un pouvoir d’achat qui augmente.

Il en résulte que cette nouvelle concurrence liée à la répartition internationale du travail rencontre de plus en plus de résistance de la part des couches moyennes inférieures alors qu’elles ont toutes fortement bénéficié des gains de pouvoir d’achat. Cette concurrence a aussi privé les travailleurs européens aigris au mieux de gains de pouvoir d’achat au pire de leurs emplois.

Enfin, en France particulièrement, peu font la différence entre le capitalisme et le libéralisme. A cela s’ajoute la Finance qui a envahi le monde sans vraiment générer de valeur ajoutée pour l’industrie et le commerce, et, surtout pour les classes moyennes inférieures.  

Souhaitons-nous consommer toujours plus ?

Rappelons l’accélération de la croissance sur le long terme. Doublement du PIB mondial entre 1000 et 1500, soit 500 ans, entre 1500 et 1700 soit 200 ans, entre 1700 et 1820 soit 120 ans, entre 1820 et 1870 soit 50 ans, entre 1870 et 1913 soit 40 ans, entre 1913 et 1950 soit 40 ans, entre 1950 et 1965 soit 15 ans, entre 1998 et 2010 soit  12 ans. Si on est un tant soit peu visionnaire aujourd’hui, et alors que l’on a de plus en plus une conscience écologique, quelle période de doublement du PIB mondial ou modèle économique global voulons-nous promouvoir en augmentant l’endettement ?  

Pour conclure, les peuples trop souvent trompés ont perdu confiance. Ils épargnent et se tourne aussi vers les populistes, ce qui amènera vraisemblablement à une stagnation en Europe. Alors que les politiciens, eux, n’ont pas encore intériorisé le fait que l’utilisation à outrance d’outils financiers et monétaires, dettes, taux de change & autres Q/E n’est pas la solution à ce ralentissement inexorable. Des mesures non conventionnelles devraient être mises en œuvre, difficiles à trouver pour nombre de dirigeants qui sortent tous du même moule, qui pensent tous la même chose et qui sont persuadés d’avoir toujours raison, alors qu’ils ont oublié ce qu’était la gestion d’un budget par un bon père de famille.   

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