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Les stratégies d’investissement à adopter face aux crises internationales

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@GettyImages

CRISE  | En matière de placements financiers, le risque est à apprécier avec précaution. Comment protéger ou faire fructifier son épargne alors que l’incertitude économique et géopolitique est immense ? Forbes France vous propose des conseils d’investissement que plusieurs experts prodiguent pour que votre patrimoine rime avec résilience.

 

Diversifier, diversifier, diversifier… Tous les experts en matière de stratégie d’investissement semblent sur la même longueur d’onde : il n’y a pas meilleur bouclier face au risque que la diversification du portefeuille d’actifs. Ces derniers peuvent présenter des degrés de liquidité ou de risque divers, tant que cela permet à l’épargnant et l’investisseur (ou les deux) de pouvoir assurer une meilleure résilience de son patrimoine malgré les difficultés conjoncturelles.

 

Le contexte fragile dans lequel les États, les entreprises et les ménages baignent est de prime abord d’ordre géopolitique. Sur ce point, Joël- Alexis Bialkiewicz, associé gérant à la banque Delubac & Cie, décrit une « poursuite impérialiste russe qui fait suite aux invasions de la Géorgie et la Tchétchénie depuis les années 90 ». À cela s’ajoute « une autre puissance chinoise, plus sage, mais tout aussi autoritaire, qui pousse par exemple le Japon et l’Australie à se réarmer. » Résultat, sur le court terme, nous assistons à une sorte de « démondialisation qui force les États à faire preuve de moins d’ouverture au niveau économique » et, selon Joël-Alexis Bialkiewicz, ce n’est pas sans conséquences sur le plan financier. « On se retrouve dans un contexte que je n’avais jamais vécu à l’âge adulte, déplore-t-il. Les banques centrales remontent leurs taux directeurs et de nouveau, l’épargnant peut obtenir des rendements sans risque, notamment au travers du livret A. »

 

« Pour des investisseurs plus prudents, la remontée des taux d’intérêt a permis aux actifs de rendement de retrouver de l’attrait, estime de son côté Isabelle Enos, responsable adjointe des experts financiers de BNP Paribas Banque privée. Ainsi, les obligations mais également les produits structurés avec protection ou à capital garanti présentent une opportunité intéressante dans l’environnement actuel. » Elle explique également que l’immobilier garde une place de choix au sein du patrimoine. « Malgré un coût du financement plus élevé, l’indexation des loyers sur l’inflation est un levier supplémentaire », explique-t-elle, justifiant que l’appétit des investisseurs va se maintenir sur les actifs répondant aux nouvelles normes environnementales.

Mieux encore, Isabelle Enos présente l’investissement en actions ou en actifs non cotés comme un bon moyen de protéger son patrimoine de l’inflation. Toutefois, ce potentiel de valorisation plus important sur le long terme est réservé aux investisseurs plus appétents au risque.

 

Des marchés boursiers volatiles mais attractifs

Éric-Olivier Lewin, expert des questions financières sur BFM Business, constate un marché boursier encourageant en termes de retour sur investissement (+11,6 % en un an pour le CAC et +36 % sur cinq ans). Sur le secteur de la tech, il constate que les fonds d’investissement accordent davantage d’importance au retour à la rentabilité et donc à la solidité des business modèles. « Nous l’avons vu sur la bourse américaine il y a un an, les boites qui se sont effondrées au Nasdaq sont celles qui faisaient peu de chiffre d’affaires avec de fortes pertes », remarque-t-il. Ce changement de paradigme justifie selon lui de privilégier les actions dans des valeurs solides, autrement dit, des groupes avec une assez bonne maturité.

« Il existe en Bourse des valeurs de croissance qui afficheront de beaux rendements quels que soient les événements », ajoute Éric-Olivier Lewin en faisant référence à des secteurs stratégiques pour l’avenir, complétés de quelques exemples de grands groupes. Il cite l’énergie avec Air Liquide, la santé avec Sanofi, l’automobile avec Stellantis ou encore le luxe avec Hermès. « Mon conseil est d’éviter de s’éparpiller sur de petites valeurs, de ne pas participer aux introductions en Bourse et surtout, de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », précise-t-il.

Ce dernier préconise d’ailleurs de s’intéresser aux émissions obligataires : « Si vous n’êtes pas pressé par le temps et que vous pouvez attendre une période de cinq ans, il faut absolument monter en puissance sur l’obligataire car l’inflation aura tendance à baisser et donc apporter un rendement avoisinant les 4 à 5 %. » Éric-Olivier Lewin indique à ce titre que la dette de l’État français est aussi très intéressante car elle offre un taux d’intérêt autour des 3,20 % dans un délai de dix ans et « a priori, les variations des taux ne vont pas changer grand- chose ».

Pour Isabelle Enos, sur l’investissement en actions, il faut privilégier les actifs liés à l’efficience énergétique. « Les problématiques environnementales ainsi que les contraintes liées à l’approvisionnement ont posé ce sujet au centre des débats, commente-t-elle. Les États l’ont bien compris : aux États-Unis, avec l’IRA [Inflation Reduction Act] ou encore en Europe avec le Pacte vert européen, ce sont des montants très importants qui vont être dirigés vers des investissements en faveur des énergies propres. Enfin, dans les pays émergents, nous privilégions la Chine car la réouverture de son économie a été rapide. Même si les indices ont déjà rebondi, le potentiel reste entier, d’autant plus que les prévisions de bénéfices à 12 mois continuent de s’améliorer. »

Par conséquent, le marché boursier présente de belles opportunités. Mais encore faut-il avoir conscience du contexte pour mieux appréhender le risque.

 

Une stratégie adaptée au profil de risque

« En matière de placement, il faut toujours se poser la question de l’horizon d’investissement en jeu, rappelle Joël-Alexis Bialkiewicz. Un entrepreneur qui souhaite lancer son activité ou bien une entreprise qui vise une nouvelle acquisition auront par exemple besoin de cash rapidement. » Pour Isabelle Enos, « ce sont les actions qui recèlent le potentiel de gain le plus important mais comme dans tout investissement, il est impossible de prévoir un timing précis, encore moins avec des attentes de court terme. »

Ainsi, la première chose à faire selon Joël- Alexis Bialkiewicz est de formuler une première intention et d’envisager des scénarios si le client change d’avis en cours de route. « Il y a beaucoup de chemins possibles et le rôle du banquier est d’analyser le profil de risque de son client pour l’aiguiller et surtout, évaluer le coût d’une sortie de stratégie si cela s’avère nécessaire », assure-t-il.

Il faut donc à tout prix « ne pas sous-estimer les risques, même les plus faibles » et surtout, savoir renoncer à des placements si leur état se détériore. « Toute stratégie doit tenir compte du contexte et des degrés de risque possibles, résume- t-il. La priorité reste la préservation de la valeur du patrimoine grâce à l’anticipation des changements de circonstances. »

 

Puisque la volatilité reste de mise sur les marchés financiers, tous les analystes et experts en investissement soulignent l’importance de la diversification du patrimoine. « Cette stratégie a été gage de résilience en 2022 et restera incontournable en 2023, indique Isabelle Enos. Nous recommandons également de mettre en place une allocation financière progressivement et de rester investi sur la durée. En effet, adapter ses investissements à l’évolution du contexte financier tout en restant investi est le meilleur gage à la fois de gestion du risque mais également de valorisation d’un capital sur le long terme. »

 

« Il ne faut acheter que ce qu’on comprend et ne jamais investir plus de 5 % de son patrimoine sur une action », affirme Éric-Olivier Lewin tout en présentant la Bourse comme une « école de la patience » où l’investisseur est en mesure d’assumer la baisse d’une valeur à court terme pour espérer en tirer un rendement fort dans plusieurs années. Il faut selon lui en finir avec la fausse idée chez les particuliers que l’investissement en bourse permet de gagner de l’argent rapidement.

 

Qu’en est-il des cryptomonnaies ? Deux banques nous livrent leurs impressions 

On estime à environ 8 % les Français qui ont déjà acquis des cryptomonnaies et à 30 % ceux qui envisageraient d’investir. Et pourtant, selon une étude récente de JP Morgan, 72 % des traders restent sceptiques, comme la grande majorité des banques traditionnelles. Sur ce point, BNP Paribas a un positionnement assez clair : « Les crypto-actifs ne peuvent être considérés comme une “monnaie” car cela nécessite un cadre réglementaire et une gestion prudente de la protection des données et du risque de blanchiment d’argent. » Mais cette dernière ne reste pas fermée à cet écosystème et mène plusieurs projets dans le domaine des actifs digitaux réglementés. Son métier « Securities Services » travaille par exemple avec les fintech Fireblocks et Metaco sur une offre digitale permettant à ses clients institutionnels d’émettre, transférer et conserver des actifs numériques réglementés.

De son côté, la banque Delubac et Cie a choisi de dimensionner une offre dédiée et c’est justement Joël-Alexis Bialkiewicz (ingénieur de formation) qui s’en occupe. « Nous sommes la première banque prestataire de services en actifs numériques, se félicite-t-il. Mais ce n’est pas pour tout le monde car les crypto-actifs sont aux antipodes des valeurs refuges. » Pour se lancer, il faut, selon lui, pouvoir assumer une volatilité forte et ne pas y consacrer plus de 1 % de son patrimoine. Mais cela reste de son point de vue un très bon moyen de diversifier son épargne. Le risque n’est jamais là où on l’attend et Joël-Alexis Bialkiewicz n’entrevoit pas de scénario où les cryptomonnaies sérieuses continueraient de perdre durablement de la valeur étant donné le stade de maturité qu’elles ont réussi à atteindre.

 

Cet article a été écrit par : Pierre Berthoux 

 

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