Le FOMO*, la peur de manquer le train de la hausse, bat son plein ces dernières semaines. Les marchés financiers, tous secteurs et toutes capitalisations confondues, reprennent des couleurs. Les indices américains battent des records historiques quotidiennement, le CAC40 retrouve ses plus hauts d’il y a 12 ans à une encablure du seuil majeur des 6000 points et rien ne semble pouvoir enrayer la dynamique en place.
Pour la première fois depuis janvier 2019, les flux entrants sur les actions ont dépassé significativement les flux vers les marchés obligataires la semaine passée, les gérants de fonds ont réduit leur allocation en cash (selon la « Fund managers survey » de BAML) et se portent de nouveau à l’achat notamment sur des secteurs délaissés ces derniers mois comme les bancaires ou l’énergie. De plus, les 80 milliards de dollars déversées tous les mois par la BCE et la FED font leur effet, les liquidités battent des records, justifiant ceux des indices.
Coté macroéconomie, les chiffres sont toujours au plus bas, que ce soit les PMIs en Chine ou en Allemagne, mais l’hémorragie semble sous contrôle, du moins à court terme, ce dont se suffisent les opérateurs. Les indices de sentiment économique (Sentix et Zew) remontent en Europe, les résultats sont bien inférieurs aux attentes au T3 mais les anticipations pour 2020 restent élevées. Les analystes comme à leur habitude, portent leurs lunettes roses. Enfin, les rumeurs, annonces et tweets au sujet des négociations entre la Chine et les USA ont continuellement dopé le mouvement haussier, comme si la première phase du deal avait été signée (ce qui n’est pas encore le cas). Pour le moment, les deux puissances se sont accordées sur le fait de continuer les discussions, le manège continu. De fait, une bonne partie du potentiel haussier en cas d’accord nous semble en partie consommée.
Comme l’a justement souligné Morgan Stanley dans une note où la banque est passé de sous-pondérer à neutre sur les marchés actions, aucune action supplémentaire de la Fed, de la BCE ou de la BoJ n’est désormais attendue en 2020, les indices vont devoir voler de leurs propres ailes. Même si l’action des prix est haussière jusqu’à nouvel ordre, que la saisonnalité est porteuse et l’ambiance à la fête, l’investisseur prudent ne doit pas oublier de régulièrement prendre des bénéfices et/ou remonter ses stops de protection. Il serait regrettable de ne pas concrétiser au moins une partie des potentiels gains accumulés après +25% sur le CAC40 depuis le début de l’année et 500 points de hausse en seulement quelques semaines.
Graphique journalier du Volatility index (VIX) depuis septembre 2018
Source : ProRealTime au 18 novembre 2019
Du côté des indicateurs de sentiment, la jauge « Peur et avidité » de CNN Money atteint ses sommets de 2017, l’indicateur d’appétit pour le risque de Goldman Sachs inscrit un nouveau record historique et le Volatility Index (VIX) évolue sur ses plus bas de 2 ans, zone à partir de laquelle il connait généralement de forts rebonds, la prudence reste donc de mise. Ci-dessus vous pouvez constater à quel point l’indice de la peur (VIX) est comprimé sur ses plus bas historiques. Les positions vendeuses sur la volatilité ont atteint un record historique à plus de 200 000 contrats, le marché est ultra complaisant, un pic de volatilité pourrait prendre forme à tout moment, faisant ainsi reculer les indices boursiers en pleine euphorie.
En effet, si nous prenons du recul sur la situation, les indices boursiers sont passés d’une zone de soutien majeur à la fin de l’année 2018, à des résistances historiques sur les cours actuels. En effet, l’Eurostoxx, l’indice directeur européen, est passé du seuil psychologique des 3000 points à Noël dernier, aux 3700 points soit ses plus hauts de 2017, travaillés également en 2015. Que la hausse puisse encore durer n’est pas la question, l’important ici est que le risque encouru par un acheteur tardif sur les niveaux actuels, il nous semble désormais important.
Graphique hebdomadaire de l’Eurostoxx depuis juillet 2014
Source : ProRealTime au 15 novembre 2019
En conclusion, les marchés sont jusqu’ici porteurs, le marché action est de nouveau recherché, même les smallcaps reprennent de la hauteur et il y a ainsi des opportunités de trading et d’investissement au quotidien. Simplement, par mesure de précaution, n’oubliez pas de concrétiser des gains régulièrement sur des dossiers qui sont bien montés, à l’image de LVMH qui gagne 50% depuis janvier, et ne tombez pas dans le piège de l’euphorie ambiante selon laquelle les marchés ne peuvent plus baisser, car ils seraient à même de nous rappeler que si.
*Fear Of Missing Out
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