Le Conseil d’État vient d’ordonner l’application par le gouvernement d’une hausse de 27 euros du tarif réglementé de l’électricité lissée sur 18 mois. Une décision qui intervient après les limitations de tarifs décidées par le gouvernement à l’été puis à l’automne 2014.
Il y a de l’eau dans le gaz entre EDF et les autres acteurs du secteur de l’électricité. Le Conseil d’Etat a imposé ce jeudi 16 juin une facture de rattrapage pour les 28 millions de Français abonnés aux tarifs réglementés proposés par la compagnie historique d’électricité. La décision annule les limitations de tarifs décidée par le gouvernement en juillet et en octobre 2014. Le surplus pour le particulier représentera une hausse de 27 euros par mois, étalée sur 18 mois à raison d’1,50 euros, selon la ministre de l’Environnement et de l’Énergie Ségolène Royal.
Le Conseil d’État est revenu sur deux arrêtés pris en le 28 juillet 2014 puis le 30 octobre. Le premier a mis sous cloche une hausse de 15 % du tarif réglementé sur une période de trois ans (2014,2015,2016) prévue trois jours plus tard et validée au préalable par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Une décision jugée tardive par les Sages du Palais-Bourbon et qui remettait en cause le principe de « sécurité juridique ». Les fournisseurs concurrents avaient anticipé « la hausse des tarifs bleus (des particuliers, ndlr) qui était prévue », précise le Conseil d’État dans sa décision rendue cette semaine. L’autre écueil soulevé est l’arrêté du 30 octobre 2014 qui a imposé une hausse de 2,5 % au 1er novembre. Une augmentation jugée insuffisante pour couvrir les dépenses liées à l’instauration d’un nouveau mode de calcul des prix dite par « empilement ». Ce procédé prend en compte le coût de production hors nucléaire, dont le prix de l’électricité est rattaché au marché de gros et non sur celui du détail. Ce système de calcul a été « réformé pour préserver le pouvoir d’achat des consommateurs », selon Ségolène Royal.
Les décisions rendues publics par le Conseil d’État entraînent une ordonnance au gouvernement de prendre deux nouveaux arrêtés. Le premier doit inclure une fixation rétroactive des tarifs réglementés de vente de l’électricité aux particuliers qui devaient être appliqués entre le 1er août et le 31 octobre 2014. Le second arrêté doit fixer, dans un « délai de 90 jours », une hausse rétroactive des tarifs pour la période qui s’étale du 1er novembre 2014 au 31 juillet 2015.
Une guerre des coûts
Le litige oppose EDF aux autres fournisseurs en énergie regroupés au sein du conglomérat l’Anode (Association nationale des opérateurs détaillants en énergie). Direct Énergie, Lampiris ou Eni multiplient les recours devant les instances compétentes pour dénoncer les distorsions de concurrence causées par le gel des tarifs. Son président, Fabien Choné, met en avant « la nécessité de couvrir les coûts » qui augmentent à cause de cette situation concurrentielle désavantageuse. Les membres de l’Anode ont déposé un recours pour la nouvelle hausse des tarifs de 2,5 % appliquée le 1er août 2015.
La menace sur le trésor de guerre d’EDF marche sur courant alternatif au niveau des parts de marché détenus dans le résidentiel (11,7 %) par les fournisseurs indépendants. Mais la prédominance sur le marché français de l’électricité de la 249ème du classement Global 2000 de Forbes des plus grandes sociétés au monde risque de ne pas faire de vieux os avec la fin des tarifs réglementés le 31 décembre dernier. Les concurrents peuvent s’approvisionner – auprès d’EDF – à un cours plus bas (42 euros le mégawattheure).
Xavier Caïtucoli (PDG de Direct Énergie) : « La concurrence est une bonne chose pour la com… https://t.co/bUhQVXFbks pic.twitter.com/K3gaHzrQfU
— l'Opinion (@lopinion_fr) June 17, 2016
La présence de Direct Énergie au sein de ce conflit n’est pas anodine, Fabien Choné en fut l’un de ses fondateurs en 2003 puis directeur général, quatre ans avant l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité. Le diplômé de l’École Polytechnique et de l’École des Ponts & Chaussées avait débuté sa carrière… chez EDF en 1999 au sein de la direction des études et des recherches avant d’intégrer la direction de la stratégie en 2000.
Le rachat en 2012 de Poweo, société concurrente créée par Charles Beigbeder, permet à Direct Énergie de détenir un portefeuille de clients en France évalué à 1,6 millions de sites fin mars 2016. Le groupe, élu meilleur service client de l’année 2016 pour la neuvième année consécutive, espère atteindre la barre des deux millions de sites clients en France – gaz et électricité – d’ici 2018. Une ambition qui permettrait au bébé de Fabien Choné d’enregistrer une croissance supérieure à 20% de son portefeuille de clients résidentiels et non résidentiels.
#relationclient Direct Energie est Élu Service Client de l'Année depuis 9 ans ! https://t.co/HENKvXF4XN #infographie pic.twitter.com/iiRhupBsjH
— Direct Energie (@DirectEnergie) June 14, 2016
Le développement du fournisseur alternatif se traduit aussi dans les résultats annuels avec une hausse de 25,5 % du chiffre d’affaires, à 1,02 milliard d’euros fin 2015. La visibilité et la notoritété de la marque Direct Énergie prend un tournant historique cet été avec la présence de l’équipe cycliste éponyme sur les routes du Tour de France.
https://twitter.com/josselin_riou/status/740152287218307072
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits