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Les Banques Italiennes, Maillon Faible Du Secteur Européen

Très endettées, les banques italiennes ont appelé Rome à leur rescousse. Le président du conseil Matteo Renzi a créé un fonds de sauvetage pour récupérer une partie de leurs créances douteuses. Les marchés ne sont toujours pas rassurés.

Et si le gouvernement italien avait grillé sa dernière cartouche ? Rome a annoncé début juin garantir la recapitalisation de Veneto Banca, l’une des nombreuses banques italiennes en difficulté, sans pour autant rassurer les marchés. Les établissements transalpins croulent toujours sous 360 milliards d’euros de “junk bounds” (dettes pourries).

Le gouvernement italien a agi en urgence. « Les banques italiennes n’ont plus de fonds propres et possèdent beaucoup de créances douteuses », souligne un gérant chez Barclays. « Il fallait que le gouvernement italien agisse pour rassurer les marchés et éviter une contagion de tout le secteur bancaire. »

Le gouvernement de Matteo Renzi a lancé en avril le fond Atlante, en référence à Atlas, le titan grec qui porte le monde sur ses épaules. Ce fonds d’investissement alternatif a été créé, avec le concours du secteur privé, pour reprendre une partie des créances douteuses des banques italiennes et servir d’acheteur en dernier ressort pour les augmentations de capital nécessaires.

Atlante dispose d’une puissance de feu limité de 5 milliards d’euros. Il a déjà pris le contrôle en mai de la banque régionale Popolare di Vicenza après l’échec de son augmentation de capital sur les marchés. Le fond possède 99% du capital de Popolare di Vicenza, en attendant de savoir à hauteur de combien il va monter au capital de Veneto Banca.

Canards boiteux

L’intervention du fonds d’urgence a permis momentanément de sauver plusieurs établissements italiens, mais les investisseurs craignent que les ressources du fonds ne soient pas suffisantes sur la durée. « Cinq milliards d’euros, ça permet de colmater les brèches, de calmer la situation », explique un banquier parisien. « Mais ce n’est pas à la hauteur des enjeux, du moins pas à long-terme. » Les créances douteuses des établissements italiens représentent un tiers du total en Europe et l’équivalent d’un cinquième du PIB de la péninsule.

Les marchés redoutent également que le fond n’intervienne que pour recapitaliser les banques les plus en difficultés, les canards boiteux du système, au lieu de traiter le problème plus structurel des créances douteuses. Le système bancaire italien, qui compte quelque 650 établissements, explique en partie sa fragilité, selon plusieurs analystes. « Il faudrait plutôt envisager de liquider plusieurs établissements, de pousser à des fusions et de remettre les choses à plat », souligne un analyste financier en poste à Paris.

Fin 2014, les banques italiennes avaient affiché les plus mauvais résultats lors des stress tests lancés par la BCE avant la constitution de l’Union bancaire. Elles ont perdu près d’un tiers de leur valeur boursière depuis janvier, affectées par leurs créances douteuses et par les taux négatifs de la BCE qui pèsent sur leur rentabilité.

Aujourd’hui, les banques italiennes sont toujours à la traîne en Europe et les marchés n’ont pas montré de réactions aux premières recapitalisations de banques en difficulté. Le gouvernement de Matteo Renzi a peut-être tiré sa dernière cartouche avec le fond Atlante, avant la prochaine étape : le changement de calibre.

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