Au printemps 2023, en pleine crise des banques régionales américaines, la Présidente de la BCE, Christine Lagarde, soulignait la solidité des banques européennes. Les trois banques françaises cotées, Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole ont présenté leurs résultats 2024 la semaine dernière. Sur ces bases, qu’en est-il de leur rentabilité et de leur solvabilité ? Les banques françaises sont-elles solides ?
En une semaine, le cours de la Société Générale a gagné 15%, tandis que ceux de BNP Paribas et Crédit Agricole progressaient respectivement 5% et 4%.
Longtemps malmenée en bourse, la Société Générale a pris de court l’ensemble des analystes par la qualité de ses résultats. Ceux-ci dépassent, en effet, les objectifs que la banque s’était elle-même fixés. D’abord son produit net bancaire (PNB), principalement fondé sur la marge d’intérêt et les commissions nettes facturées aux clients progresse de près de 7%, alors que la banque visait une croissance de 5%, a minima. Les raisons de cette performance sont multiples : au niveau de la banque commerciale, la hausse des activités d’assurance et de banque privée compense les effets de la baisse des encours de crédits et de dépôts ; en outre, Boursobank qui totalise désormais 7 millions de clients est désormais entrée dans un cercle vertueux : la poursuite de la conquête de clients est rentable pour la deuxième année consécutive.
À cela s’ajoutent d’excellentes nouvelles du côté de la Banque de Grande Clientèle et des Solutions aux Investisseurs : les activités de marché ont notamment profité des effets de l’élection de Donald Trump. Les anticipations d’accélération de la croissance de l’économie américaine ont ainsi soutenu les opérations sur les actions, les taux et les devises. Elles aussi eu un effet positif sur le conseil en fusions & acquisitions et le financement. La banque de détail à l’international et le financement auto font également preuve d’une activité soutenue.
Ensuite, les efforts de contrôle des coûts conjugués au développement rapide du PNB permettent une nette amélioration du coefficient d’exploitation. Celui-ci est, en effet, ramené de 74% en 2023 à 69% en 2024 ; il se situe donc en deçà du ratio de 71% que la banque s’était fixée. Bien qu’en progression de 9 points de base sur un an, le coût du risque s’établit à 26 points de base ; il se situe ainsi dans le bas de la fourchette de 25 à 30 points de base visée par la Société Générale en 2024.
Une bonne profitabilité des fonds
Sur de tels fondements, le rendement des fonds propres tangibles est porté de 4,2% en 2023 à 6,9% en 2024. Il dépasse ainsi l’objectif de 6% fixé pour 2024. La forte hausse de sa profitabilité permet aussi à la Société Générale d’améliorer son ratio Common Equity Tier 1 (CET1) en le portant à 13,3%, soit au-delà de son objectif de 13%. Elle lui permet aussi de fixer son taux de distribution de dividendes à 50%, tout en annonçant des rachats d’actions pour près de 900 millions d’euros.
Cette capacité à atteindre, voire à dépasser ses objectifs pour 2024 crédibilisent ceux annoncés pour 2025 : hausse du PNB de 3%, baisse des coûts de 1%, coefficient d’exploitation de 66%, coût du risque de 25 à 30 points de base et rendement des fonds propres tangibles de 8%. Ces objectifs prennent en compte les synergies créées par la naissance d’Ayvens, issue de la fusion entre ALD et Leaseplan. Ces synergies devraient progressivement atteindre 400 millions d’euros, niveau prévu en 2026.
BNP Paribas dépasse également les objectifs que la banque s’était fixés pour 2024 : croissance du PNB de 4,1% contre un objectif de 2%, coût du risque de 33 points de base, contre un objectif de 40 points de base. Surtout, son profit atteint 11,7 milliards d’euros, alors que son objectif était de dépasser le résultat distribuable de 11,2 milliards d’euros, dégagé en 2023. Le groupe a ainsi affiché d’excellentes performances dans la banque de financement et d’investissement.
Celle-ci a continué à gagner des parts de marchés ; dans le même temps, sa branche d’assurance et de gestion d’actifs faisait ressortir une croissance satisfaisante ; le groupe a par ailleurs souligné la très bonne résilience de sa banque commerciale pour laquelle 2024 doit être perçue comme une année de transition. Son ratio CET1 a certes été ramené de 13,2% en 2023 à 12,4% en 2024 ; mais il reste à niveau supérieur à celui fixé par le régulateur – à 10,3% – dans le cadre du SREP (Supervisory Review and Evaluation Process).
Cela permet à BNP Paribas d’augmenter sa distribution de dividendes tout en annonçant un plan de rachat d’actions de plus d’un milliard d’euros ; cela lui permet aussi de se fixer des objectifs essentiels, pour 2026 : un rendement des fonds propres tangibles de 12% et un ratio CET1 de 12,3%. Ces objectifs prennent, entre autres, en compte deux éléments importants : le premier est l’intégration d’Axa IM dont l’acquisition pour environ 5 milliards d’euros a été annoncée en août dernier ; le second est l’implémentation d’un nouveau plan stratégique pour la banque commerciale.
Solidité des banques françaises cotées
Crédit Agricole SA (CAsa) dépasse également les objectifs que la banque s’était fixés pour 2025 : en particulier, son coefficient d’exploitation de 54% est bien en deçà de son objectif de 58%. Et surtout son profit, de 7,2 milliards d’euros dépasse largement son objectif de 6 milliards. Dans ce contexte, le rendement de ses fonds propres tangibles atteint 14%, contre un objectif de 12% ; en outre, son ratio CET1 de 11,7% dépasse le ratio cible de 11%. CAsa se permet ainsi de verser un dividende par action égal à 3 fois celui que la banque versait 10 ans plus tôt. Le groupe Crédit Agricole qui agrège comptablement les Caisses Régionales à CAsa, affiche d’ailleurs un ratio CET1 de 17,2%, signe d’une solvabilité de premier plan.
Les trois banques françaises cotées ont ainsi démontré leur capacité à accroître la rentabilité de leurs fonds propres tout en affichant des ratios de solvabilité bien supérieurs aux exigences du régulateur. Leur agilité commerciale est incontestable. Elle se conjugue à des efforts de maîtrise des coûts, de sélection des clients et de gestion du portefeuille de crédit. Le résultat est remarquable : la mise en réserve de profits en croissance renforce leur solvabilité sans mettre en péril leur profitabilité. Leur solidité est donc bien une réalité.
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