Le Financier et l’Extra-Financier : Vers une nouvelle convergence

Dans un monde où les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont de plus en plus prégnants, une question cruciale émerge : quelle relation entre le financier et l’extra-financier dans nos entreprises ? Alors que des initiatives telles que la grille de l’AFREXIM et celle de l’IFPIMM témoignent d’une prise de conscience, il est temps d’interroger cette dynamique et d’explorer les avenues pour une convergence réelle.

Une contribution d’Odile Batsère, présidente de l’Observatoire de l’Immobilier Durable

Un équilibre fragile

Il est indéniable que l’extra-financier, représentant les dimensions environnementales, sociales et éthiques des activités économiques, émerge progressivement comme un contre-pouvoir du financier traditionnellement axé sur les résultats financiers. Des initiatives telles que la grille de l’AFREXIM et celle de l’IFPIMM reflètent cette prise de conscience croissante, témoignant de l’importance accordée aux enjeux ESG par les experts et les institutions financières. Cependant, malgré ces avancées, il reste encore beaucoup à faire pour intégrer pleinement les critères extra-financiers dans les processus décisionnels des entreprises.

Les défis d’une intégration (réelle) des Critères ESG

La question se pose alors : avons-nous réellement atteint le stade où les entreprises prennent des décisions en fonction de critères extra-financiers ? Malheureusement, les exemples concrets demeurent trop rares. Les critères ESG ne semblent pas encore exercer une influence significative sur les choix stratégiques des entreprises, souvent dominés par des considérations financières à court terme, d’autant plus dans le contexte économique difficile actuel où les objectifs moyen et long terme sont souvent sacrifiés sur l’autel du court-terme. Cette résistance au changement peut être attribuée en partie à une sous-évaluation des bénéfices à long terme de la prise en compte des dimensions extra-financières, mais aussi à une organisation interne qui peine à reconnaître pleinement l’importance de cette dimension.

Une urgence impérative

Pour progresser vers une intégration plus harmonieuse des dimensions financières et extra-financières, une réinvention de la gouvernance des entreprises est nécessaire. Plutôt que de considérer l’extra-financier comme une simple extension de la direction financière, ce qu’il n’est pas, il est impératif de lui accorder une place autonome et centrale dans la gouvernance, lui permettant ainsi d’exercer pleinement son rôle de contre-pouvoir. La gouvernance sera ainsi enrichie de nouvelles compétences. Les décisions des entreprises engagées seront prises en considération de ces deux performances, financières et extra-financières. Les entreprises qui ont déjà pris des mesures dans ce sens témoignent des bénéfices potentiels d’une approche intégrée, où les considérations ESG alimentent et équilibrent les décisions financières, plutôt que de les contrecarrer.

L’industrie immobilière comme exemple à suivre

Certaines industries, telles que l’immobilier, ont déjà fait des progrès significatifs dans l’intégration des critères ESG dans leurs activités. Et pour cause : 100% des acteurs du secteur ont une démarche ESG associée. Ces avancées montrent qu’une transition réussie vers une prise en compte plus sérieuse des enjeux extra-financiers est non seulement possible, mais aussi bénéfique pour les entreprises et la société dans son ensemble.

Pour que les entreprises puissent réellement évoluer vers une approche plus équilibrée et responsable, il est crucial de reconnaître et de renforcer cette convergence. L’intégration des critères ESG dans les processus décisionnels, soutenue par un enrichissement  de la gouvernance, offre une voie prometteuse vers un avenir où le succès économique se conjugue harmonieusement avec la préservation de notre planète et du futur de ses habitants.

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