Au total, l’État, les collectivités locales et la Sécurité sociale ont dépensé 169,9 milliards d’euros de plus que le total de leurs recettes.
Faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? Le déficit public 2024, attendu jusqu’ici par le gouvernement à 6,1 % du PIB, s’est finalement établi à 5,8 % du PIB, selon les données publiées ce jeudi 27 mars par l’Insee. « Ce n’est pas une bonne nouvelle : le déficit reste trop élevé, ce qui impose de le réduire », a réagi le ministre de l’Économie, Éric Lombard, invité ce jeudi sur France Inter. Il s’agit du déficit public le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale, en dehors de la crise financière de 2008 et de la pandémie de Covid-19 en 2020. Au total, l’État, les collectivités locales et la Sécurité sociale ont dépensé 169,9 milliards d’euros de plus que le total de leurs recettes.
Cependant, l’amélioration du déficit par rapport aux dernières estimations permet d’envisager plus sereinement les prochaines échéances, alors que le gouvernement Bayrou affiche l’objectif de le ramener à 5,4 % du PIB en 2025. Cette réduction était anticipée depuis plusieurs semaines, notamment après la publication à la mi-mars d’un déficit 2024 de la Sécurité sociale inférieur aux attentes. Par ailleurs, « c’est un peu mieux parce que les dépenses ont été très bien tenues par le gouvernement de Michel Barnier », a souligné Éric Lombard. Son niveau reste toutefois bien supérieur aux 4,4 % attendus lors des prévisions budgétaires de l’automne 2023.
Rendements décevants
Mais comment expliquer un tel écart, de l’ordre de 40 milliards d’euros en 2024 ? Les données provisoires de l’Insee – avec une incertitude persistante sur les comptes définitifs des hôpitaux – apportent quelques précisions. Les dépenses publiques ont progressé de 63 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de 3,9 %. Dans le détail, l’État a fait preuve de retenue dans la gestion de ses dépenses, avec une augmentation limitée à 0,6 %. En revanche, les collectivités locales (+4,4 %) et la Sécurité sociale (+5,5 %) ont fortement accéléré leurs dépenses. Plus de 60 % de cette hausse est liée aux prestations sociales, dont 40 % proviennent uniquement de l’augmentation des pensions de retraite.
Côté recettes, « les principaux impôts ont déçu en 2024 », a signalé Jean-Luc Tavernier, directeur de l’Insee. Et ce, malgré une progression globale de 3,1 %. En ligne de mire : l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu et la TVA, dont les rendements se sont révélés inférieurs aux attentes. Au-delà de ces données brutes, l’interprétation de cet échec budgétaire reste sujette à débat. Début décembre, la commission des finances de l’Assemblée nationale s’est dotée des pouvoirs d’une commission d’enquête. Ses membres ont entendu sous serment plusieurs figures actuelles ou passées des finances publiques, telles que l’ancien ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, qui a passé plus de sept ans à Bercy, ainsi que les deux anciens Premiers ministres, Élisabeth Borne et Gabriel Attal.
Des premières conclusions critiquées
Sans attendre la publication du rapport prévue en avril, le député macroniste Mathieu Lefèvre, co-rapporteur de la commission, a dévoilé ses premières conclusions mardi 25 mars. « La lecture que je fais de ces auditions est que nous sommes confrontés à une faute technique lourde (des services de Bercy dans les prévisions, NDLR) » , a-t-il estimé lors d’une conférence de presse. Une façon de balayer les accusations de faute politique mises en avant par certains opposants.
Pas du goût du député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, également co-rapporteur. L’élu estime qu’« en publiant ces pseudo-conclusions, Mathieu Lefèvre contrevient aux règles les plus élémentaires de notre Parlement » et adopte des « méthodes de petit télégraphiste de la Macronie ». Le président de la commission des finances, Éric Coquerel, a, lui aussi, déploré auprès de l’AFP des propos « totalement en dehors des règles », qui « dévalorisent la commission d’enquête ». Le député LFI considère depuis le début de la mission que ce dérapage est le résultat d’un « aveuglement créé par une vision de la politique économique ». Une façon de remettre en cause la stratégie d’Emmanuel Macron depuis sept ans et ses choix fiscaux en faveur des plus fortunés.
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