Après un sévère décrochage ce mardi, le Bitcoin a connu un nouveau trou d’air ce vendredi, au point de flirter avec les 11 500 dollars. Si l’extrême volatilité de la reine des cryptomonnaies n’est plus à prouver, cette deuxième chute hebdomadaire interroge.
« Ces monnaies virtuelles suscitent la défiance de tout ce qui est organisé et régulé. Le paradigme de base des cryptocurrencies est justement celui-ci : moins de centralisation, moins de régulation et plus de pouvoir entre les mains des utilisateurs. C’est un marché au sein duquel il y aura toujours énormément de volatilité ». Fort de ce postulat développé par Jean-David Bénichou, spécialiste du « dossier Bitcoin » et PDG de Via.io, rien d’étonnant à voir la star des cryptomonnaies allier séquence haussière et chute brutale avec une régularité déconcertante. Sauf que par deux fois cette semaine – mercredi et vendredi – le décrochage fut aussi sévère qu’inattendu. Ainsi, entre son plus haut du 17 décembre et ce mercredi 20 décembre, la reine des cryptomonnaies a dégringolé de 20%. Visiblement, la faillite de la plateforme sud-corénne Youbit, considérée comme l’un des mastodontes du secteur, pourrait en partie expliquer cette chute brutale. En effet, la structure a annoncé avoir été victime d’un piratage qui lui aurait fait perdre près de 18% de ses actifs. Un « piratage » imputable, selon Séoul, aux attaques informatiques de son inquiétant voisin du Nord. Une assertion rapidement démentie par Pyongyang.
D’autres observateurs avisés mettent en exergue, pour expliquer cette chute, le fait que le Bitcoin Cash, « frère ennemi » du Bitcoin canal historique, soit désormais « tradable » sur la plateforme CoinBase. Ce qui aurait, de facto, pesé sur la tendance et entravé la bonne marche de la cryptomonnaie. Toujours est-il que le Bitcoin se retrouve encore sous « les feux des projecteurs » ce vendredi. Alors que moult analystes voyaient le Bitcoin atteindre prochainement un énième record en franchissant le seuil symbolique de 20 000 dollars, la plus ancienne des monnaies numériques continue de plonger ce vendredi en fin de matinée au point d’atteindre les 11 575 dollars ! De quoi s’inquiéter et donner raison à tous ceux qui ont prédit la fin de la « bulle Bitcoin » ?
+ 1300% depuis le début de l’année
« Il y a toujours eu des oracles de malheur. Ce sont des personnes qui, la plupart du temps, comprennent mal ce qui se passe car ils ne disposent pas, et ne maîtrisent pas, tous les outils technologiques nécessaires pour apprécier la proposition de valeur. D’ailleurs ces gens, le plus souvent issus des milieux financiers traditionnels, sont encore dans l’ancien monde et ne comprennent pas que l’on puisse embarquer sur un bateau pour aller au-delà des mers là où est censé se trouver le néant », avait répondu sans ambages Jean-David Bénichou lorsque nous l’interrogions à ce sujet. Avant de conclure. « Le Bitcoin n’est pas prêt d’être rayé de la carte ». Fin de citation. Si l’on est encore loin d’une implosion – la « cryptocurrency » s’est envolé de 1 300% depuis le début de l’année -, ces « montagnes russes » ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs et inquiètent au plus haut point, tout le monde ayant visiblement son avis sur la question.
Après les déclarations fracassantes, en début de rallye au mois de septembre dernier, de Jamie Dimon l’omnipotent et impétueux patron de JPMorgan qualifiant le Bitcoin de fraude et menaçant de licenciement tout trader de son «écurie » échangeant de la cryptomonnaie, beaucoup d’autres personnalités issues du monde de la finance traditionnelle ont tenu un discours nettement plus pondéré. Dernier en date, le gouverneur de la banque d’Angleterre. « « Actuellement, nous ne le considérons pas comme un problème pour la stabilité financière », a estimé Mark Carney lors d’une intervention à la Chambre des Communes. Il a également rappelé à cette occasion que la valeur combinée de toutes les crytomonnaies en circulation ne représentait que la moitié de la capitalisation boursière d’Apple. « Donc cela est significatif mais représente plus un risque comparable à celui d’une action qui s’étend assez largement à l’échelle mondiale ».
Pas un danger pour la stabilité du système
Même « son de cloche » outre-Atlantique où le nouveau Contrôleur de la monnaie a de son côté estimé que le Bitcoin ne représentait pas une menace pour la stabilité du système bancaire américain car les banques se sont largement abstenues de prendre des positions sur la cryptomonnaie. « Il peut y en avoir quelques traces dans certains investissements, mais les banques sont largement restées à l’écart de la (crypto)monnaie (…). Elle ne semble pas être présente dans le système bancaire », a développé Joseph Otting, à l’occasion de sa première conférence de presse officielle depuis sa prise de fonction comme directeur du Bureau du contrôleur de la monnaie. Si en 2017 le Bitcoin a littéralement défrayé la chronique, il semble être parti sur des bases tout aussi solides pour 2018.
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