Après un pic historique il y a deux semaines à 5 000 dollars, la star des monnaies virtuelles, le Bitcoin, a établi un nouveau record à 6 300 dollars ce mardi 31 octobre.
Jusqu’où ira le Bitcoin ? La question mérite d’être posée à la suite d’une énième flambée ce mardi après-midi, hissant le cours de la cryptomonnaie à 6 300 dollars. Responsable de cette envolée : l’annonce par CME Group, le plus important marché à terme du monde, du lancement prochain de contrats de futures sur la monnaie virtuelle. Cette plateforme, dont le lancement est prévu dans le courant du quatrième trimestre 2017, apportera le premier cadre réglementé pour des monnaies virtuelles. Les contrats feront l’objet d’un règlement en cash sur la base du « CF Bitcoin Reference Rate », un taux de référence quotidien du Bitcoin en dollar. Un nouveau sommet historique – deux semaines après le précédent – pour la cryptomonnaie mise sur rampe de lancement en 2009 par un ou plusieurs informaticiens se cachant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto.
Après un été particulièrement agité qui a vu le Bitcoin se scinder en deux monnaies distinctes : le Bitcoin « canal historique » dont il est question ici et le « Bitcoin Cash » émanation des sécessionnistes et déjà solidement arrimé dans le peloton de tête des monnaies virtuelles, difficile dès lors d’échapper à un phénomène qui a suscité la controverse et cristallisé les critiques, notamment de la part d’institutions financières historiques, désireuses d’endiguer la montée en puissance de la cryptomonnaie en « l’encadrant ». Diverses tentatives de déstabilisation qui n’ont en rien entravé la marche en avant du Bitcoin qui a progressé de plus de 555% depuis le 1er janvier ! Pourtant nombre de spécialistes avaient mis tout en œuvre pour tenter d’enrayer la dynamique.
Fébrilité des institutions
A l’instar de Jamie Dimon, patron omnipotent de JPMorgan qui n’a pas hésité à qualifier le bitcoin de fraude et assurant qu’il licencierait dans la seconde tout trader de son institution qui se livrerait à tout échange de monnaies virtuelles. Une posture purement défensive pour Jean-David Bénichou, PDG de Via.io et spécialiste de la question, interrogé par nos soins à ce sujet il y a quelques semaines. « Jamie Dimon est d’une très grande mauvaise foi. Preuve en est : JPMorgan a essayé de déposer 173 brevets autour de la technologie de la blockchain au cours des trois dernières années tandis que son ancienne directrice générale est devenue la dirigeante d’une société de bitcoins à New York ». Et d’asséner le coup de grâce. « Il a, mieux que quiconque, parfaitement compris l’enjeu colossal incarné par les cryptomonnaies. Son attitude fébrile témoigne de la volonté des mastodontes institutionnels de conserver leur pré carré et, surtout, éviter d’accumuler trop de retard ».
Car si sa volatilité peut rebuter certains, le Bitcoin reste dans le viseur des « hedges funds ». Ainsi, selon des données publiées le 18 octobre dernier par la FinTech de recherche Autonomous NEXT, et relayé par Reuters, ils sont désormais plus d’une centaine de fonds à suivre les pérégrinations du Bitcoin et des autres cryptomonnaies. Sur les 110 fonds spéculatifs dont il est ici question, 84 ont vu le jour en 2017, 11 en 2016 et le reste à une date antérieure. Signe de l’appétence suscitée par la « reine » des monnaies virtuelles en 2017.
Tout le monde veut « son » Bitcoin
Et c’est peu dire. Récemment, outre les « huiles » de la finance mondiale, ce sont les Etats eux-mêmes qui se sont penchés sur le « phénomène Bitcoin ». Ainsi la Chine, au même titre que l’Inde d’ailleurs, a-t-elle récemment fait état de sa volonté de mettre sur orbite sa propre cryptomonnaie, une sorte de « Bitcoin national » en somme, sous son haut patronage. Une initiative vouée à l’échec pour Jean-David Bénichou. « C’est aller à l’encontre de l’essence même des cryptomonnaies que de les « forcer » à se rallier sous la bannière des régulations nationales ». La Chine a néanmoins franchi une étape significative avec l’interdiction, il y a quelques semaines, des « levées de fonds par émission de jetons digitaux ». Ces levées sont baptisées ICO – à ne pas confondre avec IPO (introduction en Bourse), la confusion étant fréquente au regard de leur acronyme respectif. « Par le biais d’une ICO, vous faites l’acquisition de Token et vous devenez propriétaires d’un instrument de paiement, ce qui n’est pas du tout la même chose qu’une IPO », précise Jean-David Bénichou. En France, les start-up iExec et DomRaider ont procédé à des levées de fonds en Bitcoin en 2017. La « Hype » Bitcoin ne semble pas prête de s’arrêter.
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