Pour la première fois de son histoire, le cours du Bitcoin « canal historique » a franchi, ce jeudi matin, le seuil des 5 000 dollars. Une progression fulgurante – au sein d’un marché, rappelons-le, autorégulé – pour la reine des cryptomonnaies qui ne valait que quelques centimes lors de son lancement en 2009.
5 183,97 dollars. C’est le montant d’un bitcoin ce jeudi matin, selon des données publiées par l’agence Bloomberg. Un sommet historique pour la cryptomonnaie mise sur rampe de lancement en 2009 par un ou plusieurs informaticiens se cachant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Après un été particulièrement agité qui a vu le Bitcoin se scinder en deux monnaies distinctes : le Bitcoin « canal historique » dont il est question ici et le « Bitcoin Cash » émanation des sécessionnistes et déjà solidement arrimé dans le peloton de tête des monnaies virtuelles. Difficile dès lors d’échapper à un phénomène qui a suscité la controverse et cristallisé les critiques, notamment de la part d’institutions financières historiques, désireuses d’endiguer la montée en puissance de la cryptomonnaie en « l’encadrant ».
Une hérésie pour Jean-David Bénichou, PDG de Via.io et spécialiste de la question. « Ces monnaies virtuelles suscitent la défiance de tout ce qui est organisé et régulé. Le paradigme de base des cryptocurrencies est justement celui-ci : moins de centralisation, moins de régulation et plus de pouvoir entre les mains des utilisateurs ». Car désormais tout le monde veut avoir un avis sur le Bitcoin, à l’instar du PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, qui a fait état, le mois dernier, de son aversion pour celui-ci, n’hésitant pas à le qualifier de « fraude », arguant également qu’il licencierait dans la « seconde » un trader qui échangerait de la cryptomonnaie. Des propos illustrant, pour Jean-David Bénichou, une certaine forme de frustration de ne pas « avoir la main » sur un processus échappant à tout contrôle, comme susmentionné.
La « panique » des institutions financières classiques
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé à en croire le spécialiste. « Jamie Dimon est d’une très grande mauvaise foi. Preuve en est : JPMorgan a essayé de déposer 173 brevets autour de la technologie de la blockchain au cours des trois dernières années tandis que son ancienne directrice générale est devenue la dirigeante d’une société de bitcoins à New York ». Et de renvoyer définitivement Jamie Dimon à ses chères études. « Il a, mieux que quiconque, parfaitement compris l’enjeu colossal incarné par les cryptomonnaies. Son attitude est une posture purement défensive de sa part afin que les grands mastodontes institutionnels conservent leur pré carré et, surtout, évitent d’accumuler trop de retard ». Fermez le ban. Si ces déclarations sont légion depuis maintenant quelques semaines, certains Etats se sont également emparés du « problème » que représente, à leurs yeux, l’émergence de ces nouvelles monnaies.
Ainsi La Chine, au même titre que l’Inde d’ailleurs, a récemment fait état de sa volonté de mettre sur orbite sa propre cryptomonnaie, une sorte de « Bitcoin national » en somme, sous son haut patronage. Une initiative vouée à l’échec pour Jean-David Bénichou. « C’est aller à l’encontre de l’essence même des cryptomonnaies que de les « forcer » à se rallier sous la bannière des régulations nationales. Ces monnaies virtuelles sont l’émanation d’un mouvement libertarien fondé sur des technologies en Open Source qui reposent sur deux composantes complètement autorégulées, à savoir le réseau internet et la puissance de calcul des ordinateurs qui y sont connectés », développe l’expert. La Chine a néanmoins franchi une étape significative avec l’interdiction, il y a quelques semaines, des « levées de fonds par émission de jetons digitaux ». Baptisé ICO – à ne pas confondre avec IPO (introduction en Bourse), la confusion étant fréquente au regard de leur acronyme respectif. « Par le biais d’une ICO, vous faites l’acquisition de Token et vous devenez propriétaires d’un instrument de paiement, ce qui n’est pas du tout la même chose qu’une IPO », précise Jean-David Bénichou.
Le Bitcoin pour remplacer l’or ?
Pour rappel, les ICOs se sont multipliées en Chine cette année et l’agence Chine nouvelle a rapporté en juillet que 65 opérations avaient été réalisées depuis le début 2017 pour un montant cumulé de 2,62 milliards de yuans (330 millions d’euros) auprès de 105 000 investisseurs. Une manne conséquente dont les autorités aimeraient profiter, quitte à fouler aux pieds l’essence même du Bitcoin. Toutefois, ce « plus haut historique » est un joli pied de nez à toutes les « Cassandre » qui prédisaient, il y a quelques semaines, la fin de la cryptomonnaie après un trou d’air ayant occasionné une perte de 30% de sa valeur.
Car il faut résolument avoir les nerfs solides avant d’investir dans ces nouvelles monnaies tant leur volatilité est importante. Mais Jean-David Bénichou nourrit néanmoins de hautes ambitions pour le Bitcoin. « Je ne crois pas du tout que le Bitcoin soit voué à disparaître, je pense même qu’il est destiné à remplacer l’or. Il a d’ailleurs les mêmes caractéristiques que le métal jaune : il est infalsifiable et en quantité limité. D’ici cinq années, je pense que la valorisation du Bitcoin aura rattrapé celle du marché de l’or ». Tout un programme.
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