Quand on évoque la vente de jetons (tokens) ou plus généralement le phénomène des ICOs, ce qui vient immédiatement à l’esprit ce sont les montants conséquents des levées de fonds, 6 milliards à fin 2017 et 13 milliards à date. Et quand on creuse, on découvre parfois avec surprise que la majorité des ICOs réussies ont été réalisés dans le but de financer des logiciels qui ont été distribués totalement gratuitement (open source).
En fait, il s’agit d’un nouveau modèle économique où la monétisation du logiciel n’est plus dans la propriété intellectuelle, mais dans son usage du logiciel via le token qui a été pré-vendu et qui devrait se valoriser à mesure que l’usage croit.
L’enjeu de ce mécanisme est colossal, il représente un modèle nouveau mode de rémunération pour les développeurs des écosystèmes open source qui bénéficient désormais d’une part du succès du logiciel sur lequel ils travaillent depuis son lancement. Ce nouveau mode de financement pourrait refaçonner la façon dont le logiciel ouvert est construit et financé. Revenons un peu sur l’Histoire avec l’une des toutes premières ventes de tokens à savoir celle de Mastercoin. L’idée a été lancée en janvier 2012 par le célèbre J.R Willet qui expliquait clairement son objectif dans son livre blanc «The Second Bitcoin Whitepaper». La vente initiale des Mastercoins (MSC) est essentielle au lancement de l’écosystème. Et les fonds ainsi collectés serviront à payer les développeurs qui vont implémenter le protocole.
“Initial distribution of MasterCoins will essentially
be a fundraiser for the trusted entity to provide
money to pay developers to write the software
which fully implements the protocol”
(extrait du whitepaper “The Second Bitcoin Whitepaper”)
La vente initiale de token Mastercoin avait pour objectif explicite de financer le développement d’un protocole open source qui n’avait a priori pas d’autres sources possibles de financement. Aucun autre modèle économique n’était possible et le modèle n’aurait jamais pu convenir à une banque ou à un capital-risqueur. La prévente avait pour promesse de redistribuer la valeur créée par le lancement du protocole aux utilisateurs et adeptes de la première heure à savoir les détenteurs du token émis (et non aux actionnaires de l’entité émettrice du token). Des mécanismes de récompense des développeurs (en tokens) ont également été mis en place pour proposer des incitations supplémentaires afin d’impliquer les développeurs dans la réussite du projet.
La prévente de tokens est donc intéressante à double titre. Elle permet aussi bien d’amorcer l’effort de développement tout en professionnalisant (via la rémunération) la participation des développeurs qu’en leur offrant une participation au succès du protocole. Il s’agit de la pièce manquante à la précédente vague d’open source qui ne rémunérait les développeurs que très faiblement par rapport à la valeur effectivement créée par leur logiciel.
C’est ainsi qu’ont émergé de nombreux nouveaux protocoles et tokens durant les dernières années, dont la vente cumulée a collecté plus de 13 milliards de dollars.
Il est probable (et ce pour de nombreuses raisons) que beaucoup d’ICO n’aboutissent pas au succès escompté. Cependant, certaines d’entre elles survivront et seront amenées à générer une valeur colossale.
C’est dans cette lignée que le projet français BTU Protocol se positionne. A l’image du protocole Bitcoin qui a introduit le paiement pair à pair, BTU a mis en place le premier protocole de réservation pair à pair. Dans le cadre d’une réservation pair à pair, il est indispensable de mettre en place un token qui servira de garantie (collatéral) afin que les fournisseurs de services acceptent de confirmer des réservations à des parties qu’ils ne connaissent pas a priori.
La prévente du token BTU a pour but d’initier l’écosystème et de redistribuer la valeur créée aux différents participants : utilisateurs, développeurs, fournisseurs de services.
Comme expliqué, la vente de token est un nouveau modèle, et il faut admettre que cet univers n’est pas encore parfait car beaucoup d’acheteurs de tokens sont bien plus attirés par le côté spéculatif que par le protocole sous-jacent. Il reste indéniable que cet afflux d’argent va permettre d’explorer et d’expérimenter de nombreuses idées et de créer une valeur et des logiciels nouveaux qui n’auraient jamais été financés par le capital risque tel que nous le connaissons aujourd’hui.
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