Dans un monde en quête de solutions durables, le secteur bancaire, pivot de nos vies modernes, ne peut ignorer l’impact environnemental considérable de ses opérations. La carte bancaire se doit de répondre doublement à cet enjeu. D’abord car celle-ci est faite de matériaux précieux et plastiques et doit impérativement évoluer pour minimiser son impact carbone, mais également car elle représente le dernier lien tangible entre la banque et son client. Ce petit rectangle porte à lui tout seul l’image, les valeurs et l’engagement de son émetteur.
Par Antoine Laronze-Groine, Phygital Payment Director chez Linxens
Or, avec plus de 3,5 milliards de cartes bancaires émises chaque année à l’échelle mondiale, l’industrie génère plus de 500 000 tonnes de CO2. Pour mettre cela en perspective, cette quantité de gaz à effet de serre équivaut à plus de 300 000 allers-retours entre Paris et New York pour les passagers. Les défis sont multiples, mais les innovateurs de l’industrie sont à pied d’œuvre pour réinventer chaque aspect de la chaîne de valeur bancaire. L’heure n’est plus à l’indifférence, mais à l’action.
De la conception…
Les premières mesures se sont concentrées sur l’utilisation de plastiques recyclés dans la fabrication des cartes, un premier pas significatif pour réduire l’empreinte carbone jusqu’à près de 5% (équivalent à 7g de carbone par carte) par rapport aux cartes fabriquées en plastique vierge. Depuis quelques années déjà, les banques telles que BBVA, Santander ou encore HSBC ont pris cette direction. Plus récemment, Mastercard s’est quant à lui engagé à supprimer intégralement l’utilisation du PVC vierge d’ici 2028.
L’industrie a également commencé à utiliser les plastiques repêchés dans les océans, a fortiori dans la zone même où les cartes bancaires seront ensuite produites. Le bois, matière écoresponsable par excellence, est également utilisé, les dernières avancées technologiques permettant d’ailleurs de fabriquer des cartes en bois entièrement exemptées de plastiques.
Des questions cruciales subsistent cependant, comme la localisation des unités de production et de personnalisation, la traçabilité des matières premières, ainsi que le développement de matériaux entièrement recyclables, issus de sources biologiques.
… à l’usage
En termes de RSE, il reste également encore beaucoup à faire sur le plan de l’usage de la carte, qui offre des possibilités infiniment plus grandes comparé aux moyens de paiement traditionnels comme les billets ou les chèques. En s’appuyant sur la carte, l’industrie bancaire a ainsi fait des progrès significatifs dans la création de services répondant à de nouveaux besoins spécifiques, qui proposent un monde d’opportunités aux émetteurs et aux fintechs pour se différencier et aller encore plus loin dans leur engagement.
Pour ce faire, elles s’appuient par ailleurs sur de nouveaux acteurs, les climtech, qui les aident à développer des services originaux. La start-up suédoise Doconomy propose ainsi d’instaurer des plafonds d’impact carbone sur les achats, la banque luxembourgeoise Raiffeisen a déjà planté près de 62000 arbres financés par les transactions de ses clients, et de nombreuses initiatives autour d’un compte courant éthique (par exemple, qui ne finance pas les énergies fossiles) apparaissent. Des fonctionnalités qui visent à fédérer la clientèle autour d’un objectif environnemental commun, et un marché qui n’est aujourd’hui qu’à ses débuts.
D’un autre côté, de nouveaux services inclusifs sont également créés, comme les cartes bancaires connectées permettant d’entendre le montant du paiement, qui sécurisent les transactions des personnes malvoyantes. Cependant, il est nécessaire que ces approches inclusives soient plus répandues. Une personne âgée pourrait en effet également bénéficier d’une carte fournissant une assistance audio. De même, les cartes avec des encoches spécifiques permettent aux personnes malvoyantes de distinguer facilement leurs moyens de paiement (carte de crédit, débit ou prépayée).
Et jusqu’à la fin de vie
Enfin, face aux plusieurs milliards de cartes émises chaque année, le sujet de leur recyclage est brûlant. Or, des modèles économiques et des infrastructures de recyclage ne sont pas encore prêtes, même si des essais intéressants sont conduits, notamment en Europe. La création de centres de recyclage dédiés et de services de collecte performants pourrait être un pas dans la bonne direction. A ce titre, on peut citer par exemple les initiatives du Crédit Agricole ou de BNPP en France, ou encore celles d’HSBC, Natwest ou Santander outre-Manche.
Dernier rempart physique de l’expérience client dans le secteur bancaire et vrai facteur d’inclusion, la carte de paiement a entamé sa migration vers de nouvelles pratiques plus responsables, entraînant avec elle l’ensemble de l’écosystème. Généraliser et amplifier ces nouveaux modèles vertueux est aujourd’hui une condition sine qua nonpour que la carte bancaire reste dans l’air du temps et continue ainsi à renforcer la relation unique entre les clients et leur banque.
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