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La Société Générale Demande Au Front National De Clôturer Ses Comptes

La Société Générale – banque historique de la formation de Marine Le Pen – aurait exhorté le Front National à clôturer tous ses comptes au sein de l’établissement.

Sale temps pour le Front National. Non content d’être totalement absent du débat politique depuis l’élection d’Emmanuel Macron, n’incarnant même plus l’opposition à ce dernier, un rôle désormais dévolu à la France Insoumise, la formation frontiste est en délicatesse auprès de sa banque. En effet, la Société Générale aurait, selon des informations de France Inter et Mediapart, exhorté le parti de Marine Le Pen  à clôturer l’ensemble de ses comptes, ceux du siège comme ceux de plusieurs fédérations, l’invitant à déposer ses fonds ailleurs. « Il semblerait que cette banque ne veuille plus de nous, on se demande bien pourquoi », s’est interrogé David Rachline, nouvel homme fort de la communication du FN au micro de Sud Radio.  De son côté, comme de coutume en pareille circonstance, la banque rouge et noir, sollicitée par Reuters,  s’est refusée à tout commentaire, arguant qu’elle était tenue au secret bancaire.

Mais tout en ajoutant – pour éviter de relier cette décision à toute considération politique – que  « dans le cadre de la relation que nous avons avec l’ensemble de nos clients, que ce soit pour l’ouverture ou la clôture d’un compte, nous suivons à la lettre les réglementations en vigueur et les exigences qui s’imposent à un établissement bancaire ». En dépit de ces « précautions oratoires », les caciques du parti sont montés au front pour protester contre une décision « scandaleuse ». Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN et, de facto,  particulièrement au fait de l’état des finances  du parti, a sonné la charge contre l’une des trois banques du CAC 40. « La situation du Front national est tout à fait saine et il n’y a aucune raison qu’un banquier prenne ce motif-là pour éjecter ainsi aussi brutalement un client aussi ancien et qui s’est toujours parfaitement conduit sur le plan des règles bancaires ». Fin de citation.

Des finances chancelantes

Si le parti a mangé son pain noir sur le plan financier après des années catastrophiques – on se rappelle de la vente « forcée » du siège historique de Saint-Cloud, le « Paquebot », en 2011 pour 10 millions d’euros -, force est néanmoins de constater que les résultats décevants des dernières élections législatives ont remis sous pression les finances frontistes, avec un financement public moindre par rapport à 2012. Pour rappel, la méthode de calcul de ce dernier est simple : toute formation politique ayant obtenu au moins 1% dans au moins 50 circonscriptions obtient 1,42 euro (contre 1,6 euro en 2012) par voix récoltées durant toute la durée du quinquennat. Une « manne » à laquelle il convient d’ajouter  37 280 euros attribués à chaque candidat élu député.

Mais malgré un nombre de députés estampillés FN, ou apparentés, supérieur à 2012, la formation frontiste a accumulé bien moins de voix au premier tour en 2017. En effet, la comparaison entre les différents scrutins législatifs du Front National – 2012 et 2017 – n’est guère flatteuse pour l’état-major frontiste, comme en attestent la stagnation en pourcentage par rapport à 2012 (13,20% contre 13,60% il y a cinq ans) et un reflux en nombre de voix (un peu moins de 3 millions contre 3,5 millions). En outre, la seule élection présidentielle a représenté une dépense de 12,5 millions d’euros pour le FN qui doit encore attendre le remboursement intégral de cette somme par l’Etat… une fois ses comptes de campagne validés.   

Des relations compliquées avec les banques

« L’histoire tourmentée » entre le Front National et les banques françaises ne date pas d’hier, le parti frontiste éprouvant toutes les peines du monde à souscrire un prêt auprès d’établissements hexagonaux. « Notre relation aux banques est un des grands scandales démocratiques de notre temps. Déjà, au moment de l’élection présidentielle, nous étions en recherche de prêts, en recherche d’argent pour pouvoir mener campagne et l’intégralité des banques françaises avait refusé de nous prêter un seul centime », a rappelé David Rachline. En 2014, le FN avait emprunté 9 millions d’euros auprès de la banque russe First Czech Russian Bank (FCRB), expliquant que les banques françaises avaient refusé de lui prêter de l’argent. En attendant de trouver un « nouveau banquier », le finaliste de l’élection présidentielle va devoir se serrer la ceinture.  En attendant des jours meilleurs.

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