Jeudi 1er novembre dans la soirée, lors d’un évènement question-réponse à Dallas (Texas) organisé par la Fed, la banque centrale américaine, son président Jerome Powell a répondu aux inquiétudes après l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche en affirmant l’indépendance de la Fed et en assurant vouloir continuer sa politique de baisse des taux.
Déjà durant son mandat de 2017 à 2021, Donald Trump s’est souvent montré critique envers la Réserve fédérale américaine (Fed), remettant en question ses décisions de politique monétaire. En rupture avec la longue tradition politique, il a publiquement exprimé son mécontentement à l’égard de la banque centrale. Selon lui, « le président devrait au moins avoir son mot à dire ». Certains de ses alliés ont même envisagé de subordonner les décisions de la Fed à l’autorité politique. Une idée que de nombreux économistes jugent dangereuse, craignant qu’elle ne sape la confiance dans l’institution et n’augmente les risques d’inflation galopante.
Face aux inquiétudes soulevées par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, a rappelé fermement jeudi soir que la Fed était et resterait indépendante, pour des questions de stabilité financière. Il a affirmé que ses décisions « ne peuvent être renversées par aucune autre partie du gouvernement, hormis, bien sûr, par le Congrès , qui a été remporté par le parti républicain lors des élections du 5 novembre. Powell a souligné lors de cet évènement que « de nombreuses recherches montrent que les banques centrales indépendantes (…) font un meilleur travail en matière d’inflation ». Il a insisté sur le fait que la Fed ne prend pas en compte des considérations partisanes mais se concentre exclusivement sur des aspects macroéconomiques pour guider ses décisions.
D’autant que l’agenda économique du nouveau président élu pourrait poser de nouveaux défis à la Fed. Parmi ses promesses, Donald Trump a proposé d’instaurer des droits de douane élevés sur les importations et de renforcer drastiquement les mesures contre l’immigration. Ces actions pourraient raviver l’inflation que la Fed a réussi à maîtriser. Par ailleurs, les coupes fiscales envisagées par Trump pourraient stimuler temporairement la croissance économique mais risquent d’augmenter le déficit public.
Une stratégie monétaire inchangée malgré le retour de Trump
Jerome Powell a néanmoins rassuré en expliquant que la Fed disposait de temps avant de devoir adapter ses politiques monétaires au retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Selon Reuters, il a souligné que les responsables de la Fed avaient besoin de davantage de clarté sur les politiques à venir avant de réviser leurs prévisions économiques. Concernant les perspectives de la banque centrale, il a précisé que « la réponse n’est pas évidente tant que nous n’avons pas vu les politiques concrètes (…) Nous réservons notre jugement jusqu’à ce que nous sachions réellement de quoi nous parlons ». Selon lui, la banque centrale américaine a « le temps d’évaluer les effets nets des changements de politique sur l’économie avant de réagir par des mesures ».
La Fed prévoit donc de poursuivre sa politique de réduction progressive des taux directeurs. D’autant que Jerome Powell a salué les performances économiques des États-Unis avec une croissance du PIB presque deux fois plus élevée que dans la zone euro et une inflation en nette baisse. Les taux directeurs ont été abaissés pour la deuxième fois consécutive le 7 novembre, mais le président de la Fed a toutefois averti que « l’inflation se rapproche beaucoup plus de notre objectif de 2% à long terme, mais elle n’y est pas encore. Nous nous engageons à terminer le travail », et a mentionné une « trajectoire parfois cahoteuse » à venir.
Au niveau européen, le discours du président de la banque centrale américaine jeudi soir a suscité des réactions immédiates sur les marchés financiers. La nervosité des investisseurs face aux perspectives d’inflation et au ton prudent de la Fed a pesé sur les indices. Ce vendredi 15 novembre, les Bourses européennes ont ouvert en baisse. Selon les Échos, La Bourse de Paris perdait 0,80 %, Francfort 0,60 %, Londres 0,42 %, et Milan 0,43 %.
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