Il y a quelques années, ce qui s’est passé en Catalogne aurait provoqué d’énormes remous sur les marchés, les commentaires sur une fin de l’Europe et de l’Euro auraient fleuri dans toute la presse, en particulier britannique.
Pour le moment, les réactions des investisseurs à la crise catalane ont été très mesurées. Les actions espagnoles ont certes reculé, de même que les obligations émises par l’Etat espagnol ou par la région catalane. Les taux espagnols se sont donc tendus et les fameux « spreads » (mesure de l’écart entre les taux d’emprunt à 10 ans des états Espagnols et Allemands) se sont écartés traduisant une défiance accrue vis-à-vis de l’Espagne. Les images du week-end ont clairement inquiété les investisseurs, certains craignant même qu’un processus de désagrégation de l’Espagne soit désormais enclenché avec toutes les conséquences imaginables sur le pays lui-même mais aussi sur l’ensemble des pays de la Zone Euro.
A ce stade, et compte tenu du relatif apaisement constaté depuis jeudi, le prix des obligations même s’il a baissé ne traduit pas une crainte d’éclatement de l’Espagne. Les taux Espagnols sont revenus flirter avec les niveaux atteints début 2017 pendant la campagne électorale française dont les résultats incertains inquiétaient les investisseurs. Le constat est similaire concernant les taux des obligations émises par la région Catalane : en début de semaine les taux du 10 ans Catalans (oui, ça existe…) sont passés de 2.5% à 2.8%. L’importance économique de la Catalogne est telle que ces évolutions sur les marchés sont logiques : la région pèse 19% du PIB Espagnol ; ce qui explique largement l’inquiétude des investisseurs. Le mouvement est certes significatif mais loin de la panique que l’on peut constater lorsque les investisseurs craignent un défaut ou une crise grave. Les taux seraient passés à 5 ou 6% si les investisseurs étaient réellement stressés.
Après les tensions politiques et sociales du week-end, une forme de dialogue semble devoir s’instaurer avec l’Etat espagnol sur fonds de dissensions entre certains leaders « séparatistes ». Comme souvent après un, petit, choc initial, la BCE étant toujours présente pour soutenir les marchés, les investisseurs ont retrouvé leur calme. De plus, les données économiques fondamentales de l’ensemble de la Zone Euro sont toujours particulièrement bien orientées et les investisseurs, comme nous d’ailleurs, considérons que l’affaire Catalane, même si elle est sérieuse ne devrait pas faire dérailler la Zone Euro de sa trajectoire de croissance. Ce sont de simples mesures de prudence qui ont conduit les investisseurs à réduire leurs positions sur les actions Espagnoles. Le recul, comme sur les taux, renvoyant les actions sur les niveaux de mars 2017. Rien de catastrophique là non plus.
Les banques comme souvent dans les périodes de stress sont les plus attaquées mais sur l’ensemble de la côte espagnole, la dépendance à la seule économie du pays à fortement baissée. Les grandes valeurs sont donc moins liées à l’évolution à court-terme de l’économie ibérique : 36% des résultats des grandes valeurs espagnoles proviennent de l’Espagne contre 76% il y a 20 ans. A titre d’illustration de la moindre dépendance domestique, sur un autre registre, BBVA, grande banque Espagnole, emploie désormais plus de salariés à Mexico que dans l’ensemble de l’Espagne !
Il faut simplement désormais espérer que les tensions actuelles vont s’atténuer et ne vont pas casser la dynamique économique forte que connaît l’Espagne depuis plusieurs années. Nul doute que dans le cas contraire, les agences de notation seraient les premières à dégrader la note souveraine de l’Espagne et de la Catalogne avec toutes les conséquences négatives que cela entraîne dans ces cas-là. Hormis donc quelques ajustements à la marge, il n’y a pas de raison de changer ses allocations sur le seul prétexte de la crise en Catalogne.
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