« Etranglée » par les sanctions internationales qui pleuvent sur Pyongyang, la Corée du Nord pourrait être tentée de trouver des solutions alternatives de financements, au premier rang desquelles les cryptomonnaies. L’ombre du dernier régime stalinien de la planète planerait d’ailleurs, selon plusieurs experts, au-dessus du gros décrochage du bitcoin ces derniers jours.
Plus dure sera la chute. Alors que son ascension paraissait irrésistible, passant sans coup férir les seuils symboliques de 10 000 puis de 15 000 dollars, le Bitcoin est depuis largement rentré dans le rang. Ainsi, entre son plus haut du 17 décembre et ce mercredi 20 décembre, la reine des cryptomonnaies a enregistré un trou d’air de 20%. S’il n’y a pas encore lieu de s’alarmer – le bitcoin étant réputé pour son extrême volatilité –, ce décrochage pose néanmoins question. Visiblement, la faillite de la plateforme sud-corénne Youbit, considérée comme l’un des mastodontes du secteur, pourrait en partie expliquer cette chute brutale. En effet, la structure a annoncé avoir été victime d’un piratage qui lui aurait fait perdre près de 18% de ses actifs. Un acte loin d’être isolé dans la mesure où Youbit avait déjà subi une attaque similaire neuf mois plus tôt. Fondée en 2013, Youbit se spécialisait dans les échanges de multiples monnaies virtuelles, dont évidemment le Bitcoin mais également l’Ethereum, un protocole d’échanges décentralisés permettant la création par les utilisateurs de contrats intelligents.
C’est la première fois qu’une plateforme sud-coréenne fait faillite. Investir dans les crypto-monnaies est devenu très populaire au « pays du matin calme », nation particulièrement férue de nouvelles technologies. Qui aurait eu intérêt à précipiter la chute de la plateforme sud-coréenne ? Il semblerait, selon plusieurs experts sur le sujet, n’avoir qu’à « tourner la tête » vers l’inquiétant et imprévisible voisin du nord, des pirates mandatés par Pyongyang se cacheraient derrière cette cyrberattaque d’envergure. Des chercheurs sud-coréens, dont le pays représente chaque jour de 15% à 25% des échanges de Bitcoins, affirment que les attaques cette année contre les plates-formes comme Bithumb, Coinis et Youbit, porteraient le sceau de Corée du Nord. Au total, selon les services de renseignement sud-coréens, cités par le journal sud-coréen Chosun Ilbo et relayés par Reuters, quelque 7,6 milliards de won (7 millions de dollars) de cryptomonnaies ont été dérobées lors d’attaques informatiques contre des plates-formes d’échange de monnaies.
La main de Pyongyang ?
Une manne colossale qui, si elle ne prend pas uniquement en compte les actifs de Youbit, peut expliquer cette chute brutale du bitcoin. Mais ces cyberattaques pourraient également être beaucoup plus importantes que prévu. Ainsi, pour l’expert Moonbeom Park, interrogé par Reuters, cette somme pourrait en fait atteindre 90 milliards de won (82 millions de dollars). Toujours dans ce climat de tension permanente entre les deux pays, Séoul a vivement réagi, via un porte-parole du ministère sud-coréen de l’Unification, chargé des affaires nord-coréennes, qui a déclaré que le pays du matin calme étudiait « des mesures pour répondre à ces cyberattaques ». De son côté, sans surprises, Pyongyang s’est déclaré totalement étranger à ces agissements. Mais les similitudes, selon les experts, avec la précédente attaque du mois d’avril – imputable à la Corée du Nord- sont légion et mettent en doute le fait que le pays de Kim Jong-un soit étranger à cette faillite.
Le bitcoin fait couler énormément d’encre depuis sa montée en puissance, tout le monde ayant visiblement son avis sur la question. Qu’elles soient fiscales ou purement accessoires, les initiatives mettant en scène la vedette des cryptomonnaies foisonnent. Dernière en date, celle du conglomérat japonais GMO Group qui a fait état de sa volonté de mettre en place un système de versement des salaires… en Bitcoins ! Ainsi, les salariés du groupe (du moins ceux de la branche GMO Internet) auront la possibilité, dès le mois de février prochain, de recevoir une partie de leur salaire en Bitcoins, en lieu et place de la devise locale, le yen. Ce système de paiement en cryptomonnaie oscillera entre 10 000 yens (soit l’équivalent de 88 dollars) et 100 000 yens, soit environ 882 dollars.
Des salaires en bitcoins au Japon
Il ne s’agit pas d’une incursion hasardeuse dans la “nébuleuse” Bitcoin pour GMO qui a mis sur orbite, avec un certain succès, la plateforme GMO Coins, un service dédié à l’échange de cryptomonnaies. D’ailleurs le « taux de change en vigueur » sera celui de la plateforme. En France, une telle initiative ne semble pas prête de voir le jour même si les pouvoirs publics se sont également engouffrés dans la « brèche » Bitcoin qu’ils appréhendent toujours avec autant de méfiance. Ainsi, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a rappelé que les plus-values réalisées sur les transactions en Bitcoins sont imposables. « Concrètement, cela veut dire que quelqu’un qui ferait des plus-values, comme vous en faites sur votre assurance-vie ou sur la vente d’un bien immobilier, vous devez les déclarer et, à ce titre vous êtes taxé », a martelé le ministre, à l’occasion de la présentation du rapport annuel du service chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme (Tracfin). Mais les soucis rencontrés par la cyptomonnaie en Corée de Sud sont là pour rappeler que le Bitcoin reste un instrument financier à manier avec la plus grande précaution.
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