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La Chine Aux Confins Du Yuan Et De Sa Transition

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La transition d’une économie chinoise portée par les exportations vers une économie soutenue par sa consommation privée bénéficie de l’augmentation des salaires et d’une amélioration du revenu disponible moyen en hausse respectivement de 8.2% et 8.1% en 2015.

 

Pourtant, cette transition connaît certains freins. En 2016, les autorités chinoises ont ainsi dû soutenir une cible de croissance de l’activité de 6.5% au moyen d’un assouplissement fiscal financé par un accroissement du déficit public de 2.3% à 3,0%. Cette contribution a particulièrement concerné les secteurs économiques au risque de crédit les plus élevés comme la construction, mais surtout l’immobilier dont les marges des entreprises ont bénéficié de la suppression d’une partie des critères nécessaires pour l’obtention d’un prêt hypothécaire. Un support significatif puisque ce secteur représente 12% du PIB, 24% de l’investissement et 35% du crédit bancaire octroyé par le système financier.

Par ailleurs, le maintien du taux de référence à 4,35% par la Banque Centrale de Chine et la croissance soutenue de la masse monétaire par 11% ont favorisé les conditions financières. Ainsi, les liquidités fournies à l’économie réelle ont augmenté de 15%, tandis que les prêts bancaires et l’endettement des entreprises dans le PIB ont atteint respectivement 110% et 170% du PIB.

Pour 2017, le Fonds Monétaire International anticipe 3.4% de croissance de l’activité mondiale dont 1.1 point proviendrait de la Chine (+6.5%), soit le tiers de la valeur ajoutée créé dans le monde, contre 0.4 point apporté par les Etats-Unis (+2.3%). La prolongation de l’assouplissement fiscal en Chine contribuerait à hauteur de 0,2 point de croissance – dans des proportions équivalentes à 2016 selon l’OCDE.

Les premiers chiffres publiés cette année sont d’ailleurs positifs : l’indicateur avancé sur l’activité dans l’industrie est au plus haut depuis deux ans, les ventes de détails sont reparties en hausse tandis que les prix à la production ont atteint 5.5% de croissance annuelle au dernier trimestre se rapprochant des niveaux observés en 2011.

 

A ces surprises positives pourraient s’ajouter deux évènements extérieurs susceptibles d’améliorer structurellement l’économie chinoise.

D’une part, le retrait annoncé des Etats-Unis du Partenariat Transpacifique (TPP), dont les 12 membres représentent plus du tiers des échanges sur le commerce international, pourrait bénéficier à la Chine par la mise en place d’une zone de commerce de substitution. Ainsi, la proposition de Xi Jinping d’accélérer la mise en place d’une zone de libre-échange transpacifique (FTAAP) par l’obtention d’un accord de coopération économique Asie-pacifique (APEC) en décembre prochain accélérerait ainsi l’attractivité de l’économie chinoise dans le commerce international et compenserait l’impact négatif d’éventuelles mesures protectionnistes en provenance des Etats-Unis.

D’autre part, l’appréciation du dollar américain en réaction aux anticipations de réflation de l’économie américaine tend à déprécier la monnaie chinoise ce qui favoriserait l’attractivité des exportations chinoises. Si les exportations des Etats-Unis vers la Chine ne représentent que 0.5% du PIB américain, celles chinoises à destination de la première puissance mondiale atteignent 4% du PIB chinois. Certes, les autorités ont révisé le panier de devise utilisé comme référentiel pour ajuster quotidiennement le cours pivot de la monnaie, concourant à diminuer la pondération du dollar américain de 4%. Néanmoins, cette baisse est compensée à hauteur de 2 points par l’introduction de plusieurs devises dont les variations sont elles-mêmes indexées à celles de la monnaie américaine. Enfin, la réaction des autorités chinoises à une appréciation du dollar américain, mesurée par le fixing quotidien du yuan, est devenue deux fois moins élastique à celle résultant d’une appréciation de la monnaie américaine.

Sur ce dernier point, les risques liés à un épuisement des réserves de change pour accélérer la dépréciation de la monnaie resteraient contenus. Dans une note diffusée en septembre 2016, le FMI justifie que le niveau de réserve de change minimal requis pour stabiliser une économie doit couvrir 5% des exportations, 2.5% de la masse monétaire, 30% de la dette de court terme et 15% des investissements de portefeuilles. Dans le cas de la Chine, cela correspondrait à 1824 milliards de dollars américains – le niveau observé fin 2008 – contre 3010 milliards de dollars actuellement détenues en réserves.

 

Ainsi, le véritable enjeu pour la Chine porte moins sur sa capacité à assouplir les conditions fiscales, monétaires ou financières – mais sur sa capacité à mener une politique de stabilisation de son économie par des interventions sur son taux de change, tout en favorisant l’internationalisation de cette même monnaie. Un arbitrage nécessaire alors même que le poids de la Chine dans le commerce international est appelé à s’accroitre davantage.

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