La croissance de la zone euro s’est nettement accélérée en 2017, atteignant 2,5% après 1,8% en 2016. C’est le chiffre le plus fort depuis 2007. La BCE a eu un rôle considérable dans cette amélioration des conditions de l’activité. Le maintien de taux d’intérêt très bas soit par un taux de refinancement à 0% soit par l’impact des opérations d’achat d’actifs pour les taux de maturité plus longs a été efficace.
Ces opérations ont permis de forcer les Européens à dépenser maintenant en réduisant les incitations à transférer leur richesse dans le temps. Sur ce point, le président de la BCE, Mario Draghi, a habilement manœuvré. L’expansion observée actuellement est portée par la demande interne privée, soit la consommation des ménages et l’investissement.
Cours du chômage
Pour autant, le taux de chômage reste élevé. Par rapport à la fin de l’année 2007, il est toujours, pour la zone euro de 1,4 point supérieur. À l’époque, il atteint 7,3%. Le processus d’ajustement à la hausse de la croissance n’est pas encore achevé.
Situation similaire aux États-Unis
Mercredi 31 janvier 2018, Janet Yellen, présidente sortante du comité de politique monétaire de la Federal Reserve américaine, laisse derrière elle une économie américaine en pleine forme. Au cours des quatre dernières années, elle l’a menée au plein emploi avec un taux de chômage de 4,1%.
Beaucoup d’observateurs incitaient l’économie américaine à durcir le ton de sa stratégie monétaire en raison des pressions fortes sur son appareil productif et du risque d’inflation. Elle a observé et maintenu une orientation accommodante de sa politique monétaire visant explicitement le plein emploi pour l’ensemble de l’économie américaine. Cette volonté a été maintenue en dépit d’États pour lesquels le taux de chômage était bien en dessous du taux de chômage des États-Unis.
La remontée récente des taux d’intérêt de la banque centrale américaine ressemble davantage à la volonté de retrouver des marges de manœuvre dans la gestion du cycle que d’interrompre celui-ci. Cela a pu être observé à travers la communication très transparente qui a été mise en œuvre dans l’explication des décisions prises et à prendre.
La BCE se trouve dans une situation similaire à celle de la Federal Reserve. Le taux de chômage est encore trop élevé au sein de la zone euro. Il faut que la BCE tienne le cap pour que celui-ci baisse encore davantage et tende vers un chiffre proche de 7%. Outre Atlantique, le taux de chômage de certains pays est en dessous du taux moyen de la zone euro. On entend d’ailleurs de nombreux commentateurs sur ce thème indiquer la nécessité de durcir la stratégie monétaire. Peu importe, l’objectif pour la BCE doit être celui de l’ensemble de la zone. Cet objectif de la politique monétaire est d’autant plus crédible que le taux d’inflation est toujours bien en-dessous de la cible de la BCE à 2%.
La BCE doit maintenir le cap pour que le taux de chômage de la zone euro converge vers le plein emploi. Elle doit continuer d’alimenter la demande comme elle le fait depuis l’arrivée de Mario Draghi à sa tête. Cela a fonctionné aux USA en dépit des Cassandre qui suggéraient que le taux de chômage, pour des raisons structurelles, ne pourrait pas revenir à un niveau de plein emploi.
Mario Draghi à la BCE doit avoir la même détermination. Parallèlement, chaque pays peut vouloir améliorer la réactivité de son marché du travail. Le président de la BCE évoque régulièrement cette question. Il doit maintenir une demande soutenue et une politique monétaire accommodante en est la clé.
En d’autres termes, tant que le taux de chômage ne convergera pas et ne se rapprochera pas de 7%, la BCE devra maintenir une politique très accommodante. Cela pourrait arriver après septembre 2018 et la date présumée d’arrêt des opérations d’achat d’actifs.
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