« Le Grand Confinement », deux mots pour caractériser les maux d’une crise sans précédent, qui tous les jours s’accompagne d’un bilan économique et sociale toujours plus abyssal…Dans ce marasme, les plus fortunés regardent-ils du côté de nos voisins helvètes pour protéger leur patrimoine et actifs ? Ce ‘réflexe épidermique’ est-il vrai en 2020 à l’image des crises majeures du XXème siècle ? Eléments de réponse avec Hubert Schwärzler, fondateur de l’entreprise suisse Liti-Link spécialisée dans les services financiers.
Après ‘la Grande Dépression’ des années 30 et ‘la Grande Récession’ de 2009, la crise du ‘Grand Confinement’ que nous vivons attise-t-elle les mêmes réflexes chez les plus fortunés tentés d’investir en Suisse ? Un pays au demeurant bien moins impacté par la crise sanitaire que ses voisins.
Hubert Schwärzler : On s’aperçoit que les investisseurs français ont réagi à la crise assez tôt, retirant ou réaffectant leurs actifs des marchés financiers et redirigeant l’argent vers les valeurs considérées comme « refuges », par exemple l’or ou encore l’immobilier. La Suisse reste une destination très attractive pour les investisseurs étrangers, notamment pour les investisseurs français. Parmi les principales raisons, on peut citer la stabilité économique et politique, un système juridique transparent, une infrastructure stable et diversifiée et un marché des capitaux intéressant avec une monnaie forte.
Il est assez prématuré pour en juger mais les banques suisses notent-elles plus de demandes de la part des investisseurs français ?
H.S : Pour répondre à cette question avec des chiffres concrets, il faudra attendre la fin de la crise. Cependant, on peut dire que les banques suisses continuent d’être perçues comme sûres et stables, même si le secteur bancaire suisse a connu quelques scandales ces dernières années. Le secret bancaire n’est plus d’actualité, car ce pays alpin, réputé pour sa discrétion, participe désormais au programme de « l’échange automatique d’informations » et transfère ainsi les coordonnées bancaires des clients vers d’autres pays. Il est à noter également, que plusieurs banques suisses ont été condamnées à de lourdes sanctions internationales pour avoir hébergé de l’argent non imposé des investisseurs du monde entier. Pour rappel, les banques et gestionnaires d’actifs suisses doivent verser des rétrocessions (commissions de vente de tiers) aux investisseurs. Les banques suisses avaient collecté et retenu illégalement des commissions pendant des années sans en avoir informé leurs clients.
Entre-temps, plusieurs décisions de la Cour suprême suisse indiquent clairement que ces rétrocessions peuvent être récupérées par les investisseurs, car elles appartiennent aux clients des banques et pas aux banques mêmes.
Un quart des actifs mondiaux seraient investis en Suisse, est-ce toujours vrai en temps de crise ?
H.S : Les investisseurs du monde entier continuent à investir en Suisse, notamment en temps de la crise. Outre les facteurs de stabilité mentionnés ci-dessus, la monnaie suisse est également l’une des raisons pour lesquelles les investisseurs se réfugient en Suisse. Le Franc suisse est une monnaie extrêmement forte, stable et sûre elle n’a jamais été très touchée par une crise. La Suisse continue d’être l’épicentre de la gestion des actifs offshore. Un quart des actifs mondiaux sont investis en Suisse. En même temps, la Confédération reste l’un des pays dont les secteurs financiers demeurent les plus opaques (selon l’indice de secret financier, la Suisse se classe troisième, après les Iles Caïmans et les États-Unis).
Depuis que la Suisse est signataire du programme « d’échange automatique d’informations », le pays est-il toujours perçu comme une terre d’accueil des investisseurs ?
H.S : Le secret bancaire, c’est ce qui attirait principalement les investisseurs par le passé. Il sera donc intéressant de voir comment le secteur bancaire suisse réagira au cours des dix prochaines années, une fois le secret bancaire levé. En temps de crise, la Suisse attire toujours par sa stabilité historique, sa monnaie forte et son infrastructure sécurisée. Mais, une fois la crise passée, les investisseurs pourront se poser la question sur leur intérêt à investir dans un pays à un prix élevé alors que d’autres pays proposent les mêmes conditions…
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