Lancée en 2021 et élue start-up à impact de l’année par France Fintech, Caravel a l’ambition de s’imposer sur le marché de la retraite complémentaire. Avec sa solution digitale et sur-mesure, elle permet à ses clients d’améliorer leurs revenus futurs, en fléchant l’épargne en toute transparence sur des projets solidaires et en faveur du climat.
Quand est née Caravel et dans quel but ?
Olivier Rull : J’ai pris conscience de l’intérêt de mon projet en 2019, au moment où la réforme des retraites a été présentée. Je me suis intéressé au débat ; constatant que mes cotisations au système de retraite actuel ne me rapporteraient pas grand chose. Je me suis renseigné sur d’autres alternatives à l’épargne mais bien souvent, les offres sont vendues comme de simples produits financiers. Il était impossible pour moi de savoir où s’orienter.
J’ai donc créé Caravel en 2020 pour répondre à ce besoin d’accompagnement qui permettrait à l’épargnant d’y voir plus clair. Il faut déjà admettre que le futur du travail présage des carrières de plus en plus fractionnées – dans plusieurs entreprises et localisations géographiques. Et notre manière de concevoir la retraite doit évoluer.
En tant que freelance et entrepreneur, l’accompagnement dans le cadre de mon épargne retraite aurait été d’une grande aide ! C’est ce besoin là que je souhaite adresser avec Caravel, tout en apportant le plus de transparence possible auprès des épargnants qui souhaitent savoir où leur argent est investi.
Notre offre cible principalement des indépendants mais concerne de plus en plus de publics. Grâce à la portabilité du PER (Plan d’Épargne Retraite), beaucoup de salariés de grandes entreprises ont par exemple choisi de transférer leur épargne retraite chez nous. D’autant plus que toutes les entreprises n’ont pas encore mis en place de PEE (Plan d’Épargne Entreprise).
Qu’attendre de la réforme des retraites selon vous ?
Olivier Rull : Ma conviction est que le système des retraites français est bien fait mais il ne perdurera pas si nous n’apportons pas les finances nécessaires pour assurer une bonne qualité de vie autant aux indépendants qu’aux salariés et cadres d’entreprises de toutes tailles. Il faut en ce sens suivre les recommandations du Conseil d’Orientation des Retraites sur la nécessité d’augmenter le stock global des retraites pour pallier le taux de remplacement générationnel qui diminue d’année en année.
Nous devons faire prendre conscience de la nécessité de se prendre en main individuellement dès lors qu’il s’agit de placer son argent. Il est d’ailleurs recommandé sur ce point de commencer tôt pour économiser au fur et à mesure plutôt que de placer une grosse somme en une fois. De la même manière, il y a un enjeu majeur de transparence : beaucoup pensent que la consommation responsable s’arrête au boycott de certains produits vendus par des grandes entreprises polluantes, sans savoir que leurs placements peuvent financer ces mêmes organisations.
Pour Benjamin Pedrini (Epsor), « il est nécessaire de mieux encadrer les pratiques autour du label ISR pour offrir plus de transparence aux épargnants »… Qu’en pensez-vous ?
Olivier Rull : Nous partageons évidemment cet avis sur le fond et c’est pourquoi nous ne nous arrêtons pas au label ISR pour la conception de nos propres plans d’investissements solidaires ou respectueux de l’environnement proposés à nos clients. Nous intégrons à la fois des notations financières et extra-financières de la part d’associations ou institutions spécialisées sur la finance responsable. Par exemple, nous utilisons l’outil Climetrics développé par l’ONG CDP pour mesurer la température de nos portefeuilles.
Le fait est qu’il est difficile aujourd’hui d’avoir accès à des reporting transparents sur la gouvernance financière des entreprises. Nous n’accordons pas une confiance totale au label ISR et nous vérifions nous-mêmes les fonds d’investissement que nous proposons. La prise de risque doit aussi être prise en compte car elle s’avère souvent plus forte au sein d’une offre qui prétend répondre à tous les enjeux responsables. De notre côté nous privilégions les fonds qui répondent indépendamment à chaque volet présent au sein des critères ESG.
Olivier Rull : Nous devons également contribuer à cet effort de transparence et de pédagogie financière, d’autant plus que les Français partagent de plus en plus leur intérêt pour la finance responsable et leur volonté de reprendre le contrôle sur leur épargne
Est-ce possible de faire rimer rentabilité et responsabilité en matière d’épargne ?
Olivier Rull : Oui, c’est possible et de plus en plus d’entreprises le démontrent. Nous assistons aujourd’hui à un renouvellement sans précédent des TPE, PME et ETI autour des enjeux responsables. C’est un tissu très riche qui gagne en puissance et qui montre que faire rimer rentabilité et responsabilité est complètement jouable.
Qu’est-ce qui vous différencie par rapport aux offres traditionnelles de l’épargne salariale ?
Nous proposons des offres qui sont en moyenne deux fois moins chères que celles des acteurs traditionnels et sans frais cachés. L’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) a d’ailleurs recommandé une meilleure transparence sur les frais liés à l’ouverture et la gestion de comptes de PER. Nous mettons à disposition de nos clients une liste complète de nos frais. Les épargnants n’ont jamais eu pour habitude d’avoir tous ces détails de la part des banques traditionnelles.
Le deuxième avantage est notre recours à la technologie, qui permet d’une part, de contribuer à notre effort de transparence et d’autre part, de nous faire gagner du temps dans notre gestion administrative et donc ainsi réduire nos coûts. Une grande partie des acteurs traditionnels fait encore ce travail sur papier et perd beaucoup de temps à retraiter les informations de leurs distributeurs. Chez Caravel, notre système est interopérable avec tout notre écosystème et c’est ce qui nous permet d’alléger le prix de nos offres.
Il y a une surreprésentation des grands groupes du CAC40 au sein des fonds labellisés ISR et des organisations polluantes sont parfois présentes dans les lignes d’investissement… Comment pallier ce problème ?
Olivier Rull : Une réforme du label ISR a tout d’abord été annoncée il y a quelques mois, constatant que les critères étaient trop vastes. Je pense que la réglementation française – voire européenne – doit donner les moyens aux épargnants de faire des choix éclairés. Ce qui n’empêche pas les acteurs professionnels de l’épargne comme nous de devenir plus responsables dès maintenant.
Nous devons également contribuer à cet effort de transparence et de pédagogie financière, d’autant plus que les Français partagent de plus en plus leur intérêt pour la finance responsable et leur volonté de reprendre le contrôle sur leur épargne. Cela passe aussi par la déconstruction de leurs préjugés : par exemple, le fait de penser qu’on peut diversifier ses placements en multipliant les produits d’épargne, sans vérifier que ces derniers ne sont pas gérés par la même entité.
Quels conseils donner aux salariés qui se posent des questions sur leur épargne salariale ? Pourquoi faut-il anticiper ?
Olivier Rull : Le combat que nous menons reste le même : faire prendre conscience que l’épargne retraite doit être pensée à titre individuel. Elle doit correspondre à la carrière professionnelle de l’épargnant et ses propres valeurs en matière de responsabilité de la finance. La transparence doit donc prévaloir sur ce que coûtent et rapportent les cotisations aux plans d’épargne et vis-à-vis des supports d’investissements en jeu.
<<< À lire également : L’année 2020 a prouvé la pertinence de l’approche ISR, est-ce que le mouvement va continuer ? >>>
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