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Interview | François Essertel, Market Head of Europe International de HSBC : « Il y a une volonté chez nos clients de comprendre comment leur argent est investi. »

François Essertel, Market Head of Europe International de HSBC / Crédit : Bertrand Desprez.
François Essertel, Market Head of Europe International de HSBC / Crédit : Bertrand Desprez.

Francois Essertel, responsable de la banque privée en France de HSBC, vient d’être nommé parallèlement au poste de Market Head of Europe International pour la Banque Privée. L’occasion d’aborder avec lui ses nouvelles missions et ses convictions sur le marché de la gestion de fortune.


 

Vous venez d’être nommé Market Head of Europe International pour la banque privée de HSBC ? Quels sont vos objectifs avec ce nouveau poste ?

François Essertel : Je maintiens mes responsabilités actuelles de responsable de la banque privée en France et j’élargis ma couverture aux équipes commerciales en Europe Continentale. C’est un rôle plus large en termes de couverture clients qui inclut également toute la coordination avec les autres lignes de métier et le renforcement pour nos clients de la « connectivité » internationale, c’est-à-dire notre capacité à les accompagner dans le monde entier, mais également de leur offrir des opportunités multiples d’investissement liées à notre positionnement unique, notamment en Asie.

Le marché Europe Continentale représente une équipe de 80 banquiers privés et un montant d’actifs gérés significatif. Notre ambition est de développer une banque privée européenne continentale beaucoup plus forte là où notre implantation sur les métiers corporate est significative et à potentiel. Cette évolution fait sens dans la mesure où, parmi nos clients, 6 sur 10 sont des entrepreneurs ou dirigeants d’entreprise. 

 

Quel projet pour la France ?

F. E. : Pour la France, nous continuons à développer notre activité auprès d’une clientèle à partir de 5 millions d’euros d’actifs chez nous. Notre modèle est celui d’une banque privée pure au sein d’un grand groupe international, avec une capacité d’accompagnement sur des projets corporate.

Peu d’acteurs en France combinent à la fois une forte présence sur le marché entreprise et une force de frappe importante en banque privée, qui offre un bilan solide, une proposition de valeur très internationale avec un accès direct à l’Asie, un advisory sophistiqué avec des propositions sur mesure.

 

Quels effets la crise a-t-elle eu sur le business model des entreprises ?

F. E. : Nous sommes dans une période de transformation des industries et cela crée des opportunités nouvelles dans certains secteurs. Le fait que les taux soient négatifs, facilite et encourage  la transformation des industries vers de nouveaux modèles.

Nous restons positifs sur l’equity parce que ce cycle de transformation n’est pas fini et qu’il y a un intérêt fort de multiples investisseurs (private equity/family offices/grands corporates) pour aller chercher du rendement et de la création de valeur, de façon sélective, sur des secteurs à potentiel.

Le renforcement de l’expérience client, la transformation des entreprises vers plus de RSE, la « transition verte », la combinaison d’une offre digitale et physique, l’internationalisation des entreprises notamment vers l’Asie, sont autant de leviers utilisés par les investisseurs pour sélectionner des entreprises et des industries.

 

La stratégie des taux bas et du gonflement de la dette ne risque-t-elle pas de réitérer la crise de 2008 ?

F. E. : Dans les pays développés il y a eu un sentiment collectif qu’il fallait traiter cette crise de cette manière-là. Et heureusement, car nous avons évité une catastrophe économique et surtout protégé des entreprises, des savoirs faire et des emplois dans les entreprises qui le méritaient, ce qui permettra justement de repartir beaucoup plus vite, sans crise de rupture. 

Au niveau des particuliers, le taux d’épargne est très haut et ces derniers vont recommencer à consommer et ainsi à créer de la richesse. Les fondamentaux des grands corporates sont préservés et le redéploiement de leurs capitaux est déjà très visible.

 

Est-ce que la quête de sens semble plus marquée chez vos clients depuis la crise ?

F. E. : Absolument, et c’est assez varié. Il y a une volonté chez nos clients de comprendre comment est investi leur argent. C’est d’ailleurs une tendance crossgénérationnelle. Nous assistons à une transformation majeure de la société que la Covid a largement accélérée. 

Au-delà d’une offre qui se développe sous différentes formes (fonds spécialisés, mandats dédiés ESG, green bonds…), Il devient également important de faire évoluer nos reportings pour  pouvoir montrer en quoi nos choix d’investissement correspondent aux critères ESG, avec plus de détail sur la contribution des différents facteurs aux performances, à l’impact de leur portefeuille et des explications sur  les filtres qui sont pratiqués.

 

Un effort particulier est-il davantage fait sur l’éducation financière en matière d’ESG ?

F. E. : Absolument, et même en interne car il faut aussi former nos équipes. Nous avons pour cela plus d’une centaine d’ambassadeurs ESG au sein de la communauté des banquiers privés de HSBC.  Ce sont des collaborateurs qui ont été formés dans notre académie interne. Ils servent de référents au sein de nos équipes et auprès de nos clients. 

 

 HSBC se sépare de sa banque de détail française

Le vendredi 18 juin 2021, la banque britannique HSBC a annoncé le projet de céder ses activités de banque de détail en France, perdant au passage 1,9 milliard d’euros. Le repreneur est la banque concurrente My Money Group, pilotée par le fonds américain Cerberus. 

 

Sur quelle stratégie souhaitez-vous capitaliser pour vous différencier des autres banques ? 

F. E. : Etre une banque privée pure au sein d’un grand groupe international et largement implanté en Europe Continentale et en France, c’est déjà différenciant.

Il y a aussi le fait que le marché asiatique fasse partie de notre ADN. Au regard de l’évolution des cycles économiques et des taux de croissance en Asie, nous estimons que les allocations d’actifs des clients privés peuvent encore se renforcer dans cette région. 

Par exemple, nous avons lancé un nouveau produit pour les clients qui souhaitent du private equity en Asie, et nous pouvons également de façon plus large apporter de la liquidité via des refinancements sur des lignes importantes de private equity. Notre offre de financement pour nos clients privés est particulièrement large et nous visons à les accompagner dans leurs principales opérations, immobilière, financière et corporate.

Nous avons développé des équipes importantes en Advisory pour des conseils sur des thématiques et sur toutes les classes d’actifs, avec la volonté d’offrir des produits sur mesure, sophistiqués et internationaux. Les équipes travaillent de concert avec nos équipes de crédit, et permettent de compléter une offre de gestion sous mandat étendue et personnalisée (avec des spécificités sur l’Asie, sur l’ESG, et des investissements alternatifs).

 

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