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Instabilités globales : pourquoi (et comment) investir malgré l’incertitude ?

Le monde n’a jamais semblé aussi incertain. Entre les conflits au Moyen-Orient, la guerre en Ukraine, les tensions sociales en France et le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le climat géopolitique et économique est particulièrement instable. Dans un tel contexte, l’envie de conserver son épargne sur des placements sécurisés, comme le Livret A, est compréhensible. En témoigne sa collecte record sur les dernières années.

La prudence pourrait coûter cher à long terme : l’inflation érode silencieusement ces économies, les rendant moins efficaces pour se constituer un capital à long terme. Comment investir dans un contexte complexe ?

Une contribution de Matthieu Silva Santos, directeur de l’offre et de l’ISR chez Goodvest

Un environnement complexe mais porteur de perspectives

L’instabilité économique et politique actuelle pousse de nombreux épargnants à se demander s’il est réellement possible d’investir en période d’instabilité. Et pourtant, l’investissement reste un levier indispensable pour préparer sa retraite, se constituer un capital ou financer des projets de vie. Certes, investir comporte des risques, mais ceux-ci sont à mettre en perspective.

L’investissement n’est pas un long fleuve tranquille, des crises se sont déjà produites et continueront de se produire à l’avenir. Et même si l’être humain a tendance à chercher à prévoir des événements inconnus, ces crises ne peuvent pas être anticipées et peuvent influencer les marchés financiers à court terme. Qui aurait pu prévoir le Brexit et l’élection surprise de Donald Trump en 2016, la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis en 2018, la pandémie mondiale en 2020 ou encore le conflit en Ukraine entraînant une accélération de l’inflation en 2022 ?

Et pourtant, malgré ces chocs, les marchés financiers ont souvent rebondi, offrant des opportunités à ceux qui ont su rester investis. Les marchés ont toujours eu le même comportement : une forte baisse ponctuelle puis une remontée. Il faut avoir à l’esprit que les fluctuations à la hausse ou la baisse sont naturelles en investissement. Investir c’est avant tout accepter le risque.


La diversification : règle numéro 1 de l’investissement

La diversification reste la pierre angulaire d’une stratégie d’investissement efficace. L’idée est simple : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Répartir son épargne sur différents actifs, secteurs et zones géographiques permet de réduire l’impact des crises sur son portefeuille.

Prenons un investisseur qui aurait concentré ses placements sur les actions du CAC 40 en 2024. Avec des performances mitigées, il aurait probablement enregistré des pertes. En revanche, un portefeuille diversifié incluant également des actions américaines (comme le S&P 500 ou le Nasdaq), des obligations vertes et des investissements immobiliers aurait mieux résisté. La diversification permet non seulement d’atténuer les risques, mais aussi de profiter des dynamiques positives sur des marchés plus résilients ou porteurs.

Au-delà de la diversification géographique, diversifier les secteurs d’activité en ciblant des secteurs d’avenir, comme les énergies renouvelables ou la santé, peut s’avérer stratégique. Ces marchés bénéficient de tendances structurelles à long terme, soutenues par des politiques publiques et des besoins économiques impérieux.


La gestion pilotée comme réponses aux biais cognitifs

Face à l’incertitude, les épargnants sont souvent tentés de prendre des décisions hâtives qui peuvent s’avérer mauvaises.  Il faut noter que l’aspect psychologique joue un rôle prépondérant dans la gestion d’un portefeuille d’investissement. Les émotions sont le pire ennemi de l’investisseur. Qui n’a jamais voulu vendre à la première baisse des marchés ou arrêter d’investir face à une crise majeure ? Ces réflexes humains sont compréhensibles, font partie de nos biais cognitifs naturels mais ils sont contre-productifs. La gestion pilotée, qui consiste à confier son portefeuille à des experts, peut être une réponse efficace.

À titre d’exemple, suite à l’élection de Trump en novembre dernier, de nombreux investisseurs craignent une remise en cause des politiques climatiques, notamment l’IRA (Inflation Reduction Act). La tentation de réduire son exposition à l’industrie verte peut être forte, par peur de l’incertitude pour un investisseur. Néanmoins, le gérant de portefeuille pourra ajuster sa stratégie grâce à une compréhension plus fine des tendances globales. 

Par exemple, si nous retournons quelques années en arrière, sous le premier mandat de Donald Trump, force est de constater que les énergies renouvelables ont enregistré une croissance impressionnante, en dépit d’un discours souvent hostile à l’écologie. Les installations solaires ont progressé de 32 %, celles de l’éolien de 69 %, et les ventes de véhicules électriques ont doublé entre 2017 et 2021.

Pourquoi ? Parce que la transition écologique crée des emplois, et ces projets créateurs d’emplois sont soutenus même dans des bastions républicains. Ce type d’évolutions montre que les opportunités existent, même en période d’incertitudes. Cela démontre également l’importance de la vision long-termiste de l’investissement qui va au-delà d’un mandat présidentiel.

En conclusion, l’investissement est un marathon, pas un sprint. La patience, la discipline et une vision à long terme restent les clés pour tirer parti des cycles économiques et construire un patrimoine solide. Alors, malgré les turbulences, il est toujours temps d’investir intelligemment.


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