Initiative Q n’est en aucune façon une cryptomonnaie, mais il pourrait bien s’agir du nouveau Bitcoin.
En tout juste quatre mois, le « système de paiement du futur » a construit un réseau de près de 3 millions d’utilisateurs de la première heure, en leur proposant une somme (chaque fois moindre) de sa future monnaie en échange de leur adresse e-mail.
Même si le site attire plus de 100 000 nouveaux utilisateurs par jour, le processus d’inscription (par invitation uniquement) a immédiatement été critiqué par des sceptiques, qui ont comparés cette monnaie globale ambitieuse à un système pyramidal.
En effet, Initiative Q demande quelques informations numériques, que beaucoup d’adeptes d’Internet partagent sans problème avec de nombreuses entreprises, dont certaines utilisent des politiques de confidentialité bien inférieures.
Même s’il est toujours important de bien réfléchir à toute décision financière que l’on se voit proposer, une entreprise ne peut pas exister en tant que système pyramidal sans information (encore moins sans argent) à transmettre vers le haut de la pyramide. La réalité concernant cette entreprise est bien moins polémique que ce que les cyniques voudraient faire croire. L’argent n’a tout simplement pas de valeur sans une valeur perçue : c’est le cas pour les dollars, les livres, et tout autre monnaie. D’autres entreprises opportunistes comme le Dogecoin ont créé contre toute attente quelque chose d’immense valeur. Il n’est donc pas impossible qu’Initiative Q suive le même chemin.
Selon Saar Wilf, le fondateur d’Initiative Q, « il ne s’agit pas d’une quelconque combine douteuse pour devenir riche rapidement, et je pense que c’est de là que vient la confusion. Il faut atteindre une masse critique pour créer une monnaie, et c’est ce que nous essayons de faire ». Wilf est le créateur de systèmes intégrés de vérification des transactions en ligne et de prévention de la fraude achetés par la suite par Paypal, et, pour lui, Q est possible, mais pas inévitable.
« Le monde a besoin d’un meilleur système de paiement » a-t-il affirmé « nous somme empêtrés dans les infrastructures existantes, et la seule autre solution serait de se tourner vers les cryptomonnaies, qui, à mon avis, ne répondent pas aux vrais problèmes. Les cryptos, comme toutes les monnaies, ont construit leur valeur sur la confiance, mais sont coupées des gouvernements. Cela permet de contourner le système, ce qui peut être aussi mauvais que bon, comme beaucoup s’en rendent sans doute compte. Nous voulons que Q devienne quelque chose de commun, et c’est pour cela que nous le distribuons gratuitement pour ceux qui souhaitent en faire la publicité ».
« Rien n’a de valeur tant que la population ne l’a pas adopté, et notre stratégie était donc toute tracée. Gagner la confiance des utilisateurs a toujours été et sera toujours notre plus grand défi, mais nous n’en abuserons jamais. Nous prévoyons d’adhérer aux réglementations tout en rendant les choses bien plus efficaces qu’actuellement ».
« Nous voulons à la fois faciliter et accélérer les procédures financières pour que les gens puissent payer un repas comme ils payent pour un trajet en Uber, et utiliser l’intelligence artificielle pour permettre à des familles et à des entreprises de partager des comptes. Nous souhaitons créer une monnaie internationale qui puisse être échangée et partagée sans les procédures peu appropriées qui sont actuellement en place et coûtent tant de temps et d’argent. Nous voulons utiliser la technologie pour rendre les transactions plus judicieuses et plus sécurisées ».
Certains experts financiers ne sont cependant pas convaincus. Selon Mike Rymanov, PDG de Digital Securities Exchange (DSX), « l’appât du gain et le faible risque perçu attireront sans doute de nombreux utilisateurs, mais puisqu’il s’agit plus d’une technologie que d’un réseau de paiement, ils seront finalement déçus de voir leur boîte mail se remplir de spam et leurs comptes rester vides. Initiative Q tente de justifier son existence et son approche marketing par un lancement théâtral, mais il lui manque deux éléments-clé : un véritable produit, et un contrôle réglementaire. Avant de pouvoir devenir une option viable pour des investisseurs, l’entreprise devra s’assurer de remplir toutes les exigences de toutes les juridictions dans lesquelles elle opèrera, ce qui peut prendre et prendra des années. Pour l’instant, il est tout simplement trop tôt pour d’engager ».
Rymanov ne se trompe pas : Initiative Q, qui ne compte pour l’instant que 8 employés et ne possède aucune véritable monnaie, n’est pas vraiment l’opportunité rêvée pour devenir riche rapidement. Mais ce n’est pas pour ça qu’il faut automatiquement la jeter aux oubliettes.
Comme toute évolution numérique, rien ne se fait en un jour. La valeur d’un Q, que la compagnie espère voir atteindre est un dollar en dix ans, et dépend de qui l’évalue. L’échéancier d’Initiative ne prévoit rien, espère tout, et pourtant s’engage à utiliser les toutes dernières technologies pour faire émerger une nouvelle monnaie globale. La capacité de créer Bitcoin, mais en mieux : est-ce que ça ne vaut pas une adresse e-mail après tout ?
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