La marque de luxe Gucci, porte-drapeau du groupe Kering qu’elle a magistralement porté vers les sommets, est soupçonnée d’évasion fiscale par la justice italienne.
Avis de tempête sur Gucci ? La griffe italienne, premier foyer de profit du mastodonte du luxe français Kering, est dans le collimateur de la justice transalpine. En effet, le parquet de Milan soupçonne Gucci d’avoir, pendant plusieurs années, déclaré en Suisse des activités menées en Italie, faisant échapper jusqu’à 1,3 milliard d’euros au fisc italien. Des perquisitions ont d’ailleurs été menées la semaine dernière dans les bureaux de la marque à Florence mais également à Milan. Des éléments confirmés par l’état-major de Gucci qui assure coopérer pleinement avec les autorités compétentes afin de faire la lumière sur ce dossier. « A la suite d’un article concernant un contrôle conduit par la police fiscale locale dans les bureaux de Gucci à Milan et à Florence, Gucci confirme coopérer activement avec les autorités, et est confiant dans la régularité et la transparence de ses opérations ». Fin de citation.
Un caillou dans la chaussure de Kering même si cet épisode n’émeut pas outre mesure les investisseurs, le titre de l’ex-PPR naviguant dans le ventre mou du CAC 40 depuis ce matin, progressant même de 0,10% à mi-séance. Selon les premiers éléments de l’enquête révélés par le quotidien « La Stampa », la justice italienne disposerait du récit d’un ancien cadre licencié par Gucci, et a donc perquisitionné « durant trois jours » le siège ultra-moderne de Gucci situé au cœur de Milan. Gucci n’est pas la première griffe de luxe inquiétée par la justice italienne.
Prada et les « GAFA » épinglés par le fisc italien
Déjà Prada, en 2013, a dû s’acquitter du remboursement de 470 millions d’euros au fisc italien après avoir déclaré à l’étranger, pendant une dizaine d’années, des revenus réalisés dans la Botte. Les autorités italiennes ont également réussi, selon le même modus operandi, a « récupérer » 318 millions de la part d’Apple et presque tout autant – 306 millions en l’occurrence – de Google. L’ensemble des « Gafa » est sur le gril puisque les enquêtes se poursuivent en ce qui concerne Amazon et Facebook. Dans le détail, l’entité Apple Italia avait été accusée par les services anti-fraude de ne pas avoir payé l’Ires (l’impôt sur les bénéfices des entreprises) de 2008 à 2013. La firme de Cupertino avait alors accepté le principe d’une transaction à la fin de l’année 2015. Une « goutte d’eau » comparée aux revenus colossaux engendrés par le fabricant de l’iPhone.
Et, toujours selon La Stampa, les autorités italiennes focalisent leur attention sur Gucci, notamment au regard des résultats de la marque qui ont connu une progression fulgurante depuis l’année dernière. Rien qu’au troisième trimestre, la griffe florentine a surpassé les prévisions les plus optimistes. En dépit d’une base de comparaison moins favorable, les ventes de la marque ont décollé de 49,4% ! Un véritable prodige dans la mesure où elles étaient attendues par les analystes en hausse de « seulement » 29%, soit plus du double. En forme olympique, la marque, longtemps convalescente, a signé des progressions « à deux chiffres dans toutes les catégories de produits et dans toutes les géographies » sur la période, avait précisé le directeur financier, Jean-Marc Duplaix.
Des résultats impressionnants
Outre cela, Gucci, qui a considérablement rajeuni sa clientèle – les « Millennials », cette nouvelle catégorie de population dans le viseur des grandes marques, comptant désormais pour plus de 50% de son chiffre d’affaires -, a vu ses ventes en ligne grimper de plus de 100% et celles de ses magasins en propre de près de 60%. Divers résultats salués comme il se doit par les éminences grises du groupe, en premier chef, François-Henri Pinault. « L’excellente exécution de nos stratégies, tant au niveau du groupe que dans chacune de nos marques, nous permet de réaliser un nouveau trimestre de très forte croissance », s’est alors félicité le patron de Kering dans le communiqué du groupe qui parle de « croissance exceptionnelle ». Dans ce contexte, les soupçons de la justice italienne viennent enrayer – même si rien n’est encore avéré – la belle dynamique de la marque italienne à qui tout semblait sourire ces derniers mois. Même si avec plus de 75% d’augmentation de son titre en Bourse depuis le début de l’année, cet épisode, certes fâcheux, ne devrait pas pour autant entraver la marche triomphale du groupe. Et la frontière est souvent ténue entre optimisation et évasion fiscale.
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