La Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à annoncer une première baisse de taux en quatre ans, et la planète finance retient son souffle. En 2024, cette décision dépasse les frontières américaines. Ce n’est pas seulement un ajustement technique : c’est un pari audacieux pour rétablir un équilibre économique global. La Fed pourrait ainsi redéfinir les stratégies d’investissement dans les marchés financiers mondiaux.
Un signal mondial : la Fed dicte la tendance
Quand la Fed ajuste ses taux, le monde suit. Ses décisions influencent largement les autres banques centrales. La question n’est plus seulement de savoir si la Fed va réduire les taux, mais de comprendre l’ampleur de cet ajustement et ses répercussions mondiales. Comme l’explique Kenneth Broux, de Société Générale : « Nous ne savons pas encore quel genre de cycle cela va être – comme en 1995, quand il n’y avait eu que 75 points de base de baisses, ou comme en 2007-2008, quand il y avait eu 500 points de base ? ».
Ce qui est certain, c’est que les investisseurs du monde entier scrutent cette décision pour ajuster leurs stratégies. En Europe, les marchés obligataires sont déjà en ébullition. Les rendements des obligations d’État, en particulier aux États-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni, ont tous montré une tendance à la baisse. Cela reflète une anticipation : la Fed va ouvrir la voie à des ajustements similaires de la part d’autres banques centrales. Et cette anticipation est bien plus qu’une simple spéculation. Il s’agit d’une réponse nécessaire pour protéger les devises nationales et limiter les pressions inflationnistes, en particulier pour des institutions comme la Banque centrale européenne (BCE), qui surveille de près la Fed pour ajuster ses propres politiques.
Ce rôle de « leader » mondial de la Fed n’est pas une nouveauté, mais ce qui est intéressant en 2024, c’est la manière dont cette baisse des taux pourrait offrir un soulagement tant attendu pour les marchés émergents. Pour les marchés en Amérique latine et en Europe de l’Est, la baisse des taux est une aubaine. Ces économies avaient anticipé le mouvement de la Fed en réduisant leurs propres taux, espérant une détente mondiale qui pourrait soutenir leur croissance tout en évitant une fuite des capitaux vers le dollar.
Cependant, l’optimisme est tempéré par les élections américaines de 2024. Trang Nguyen, de BNP Paribas, souligne : « Les élections pourraient compliquer le cycle de réduction des taux. » Les investisseurs devront donc suivre de près la situation politique américaine.
Devises, matières premières et actions : qui en sortira gagnant ?
Dans cet environnement complexe, une question se pose : qu’adviendra-t-il du dollar ? Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, la baisse des taux ne garantit pas un affaiblissement automatique de la monnaie américaine. En réalité, JP Morgan rappelle que dans trois des quatre derniers cycles de baisse des taux de la Fed, le dollar s’est renforcé. Cela signifie que les économies espérant un dollar affaibli pour soutenir leurs propres monnaies, notamment en Asie, pourraient être déçues. Le won sud-coréen, le baht thaïlandais, et même le yuan chinois, qui ont montré des signes de vigueur après les récentes annonces de la Fed, pourraient voir leurs gains s’éroder si le dollar résiste.
Du côté des matières premières, les métaux comme le cuivre et l’or sont bien placés pour bénéficier de cette baisse de taux. Avec un dollar potentiellement plus faible et des taux bas, le coût d’opportunité pour les investisseurs diminue, rendant ces actifs plus attractifs. Ehsan Khoman, de MUFG, explique que « Les taux élevés ont provoqué une distorsion négative significative de la demande physique due au déstockage. »
L’or, traditionnellement une valeur refuge, pourrait également retrouver son éclat. Des taux d’intérêt plus bas rendent l’or plus attrayant pour les investisseurs cherchant à sécuriser leurs portefeuilles. Cependant, John Reade, du World Gold Council, tempère cet optimisme : « Il pourrait s’agir d’acheter la rumeur et de vendre la réalité. » En d’autres termes, même si l’or pourrait connaître un rallye, celui-ci pourrait être de courte durée si les marchés ajustent rapidement leurs attentes après la décision de la Fed.
Les actions, quant à elles, pourraient bénéficier de cette baisse. Des secteurs comme l’immobilier et les services publics, historiquement sensibles aux taux, pourraient relancer leur attractivité. Emmanuel Cau, de Barclays, estime que « la baisse des taux dans un cycle de milieu de période pourrait relancer l’intérêt pour les actions », après la chute de plus de 6 % des bourses mondiales en août.
Vigilance et opportunités
Les baisses de taux de la Fed ne sont jamais de simples ajustements techniques. Elles redéfinissent les stratégies d’investissement globales et influencent des milliards de dollars. Que ce soit sur les marchés obligataires, les devises ou les matières premières, les décisions de la Fed affectent profondément la manière dont les investisseurs allouent leur capital. Cependant, l’incertitude électorale et les risques géopolitiques ajoutent une couche supplémentaire de complexité. La baisse des taux ouvre des opportunités, mais elle comporte aussi des risques. Les décisions de la Fed seront au cœur des préoccupations, et les stratégies d’investissement devront s’adapter.
À lire également : Comment la plongée de l’action NVIDIA impacte le secteur technologique
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits