« L’assurance-vie reste le placement préféré des Français », « L’assurance-vie a plus que jamais la cote en 2018 », « Assurance vie : un placement toujours au top » …
La liste des titres de presse qui célèbrent le succès de l’assurance-vie est encore longue. Mais dire que l’assurance-vie est le placement préféré des Français est une profonde erreur. C’est un abus de langage qui n’a pour effet que de créer un cercle vicieux : en lisant cela, on se rassure ! On s’applaudit ! En nous répétant que nous avons fait le bon choix en nous tournant vers ce type de produit.
La réalité est toute autre. Alors pourquoi tous ces discours centrés sur l’assurance-vie ?
Je vois trois raisons simples. C’est d’abord un des seuls produits d’épargne financière avec des unités de comptes accessibles à la majorité des épargnants. Il faut dire que, dès leur plus jeune âge, on biberonne les Français aux produits réglementés, avec des rémunérations fixes et une croissance progressive tranquille. Passer de ce genre d’épargne passive à une épargne entreprenante et attentive n’est pas naturel.
Au-delà de la question d’habitude, il y a également une logique de choix.
Pourtant, lorsque vous bénéficiez d’une petite somme à épargner, l’assurance-vie est l’une des seules alternatives que l’on vous offre. Je ne parle pas des alternatives de type crowdfunding ou SCPI, certes accessibles à partir de petits montants, mais encore peu mises en avant dans les recommandations des professionnels. Toute la structure de l’épargne est construite de façon à ce que moins vous avez d’argent à épargner, moins vous avez le choix pour le placer. Paradoxal me direz-vous, à l’heure des comparatifs sur internet et de l’hyper concurrence des offres. Ajoutons à cela, qu’en plus d’avoir un nombre très limité de produits auxquels souscrire, vous en subissez les frais et charges honteusement élevés. Résultats des courses ? Moins vous êtes riche, plus vous pouvez dire adieu à une épargne souple et avantageuse.
Si les Français se tournent vers l’assurance-vie, c’est surtout parce qu’il n’y a que ce placement qui leur soit accessible. Tous comptes faits, c’est moins paradoxal qu’irritant.
Last but not least. N’oublions pas que la culture de l’épargne en France n’est pas aussi développée qu’on le souhaiterait. La plupart des Français n’ont pas accès aux fondamentaux : ils suivent les grandes vérités énoncées à droite, à gauche et les conseils de leur entourage (pas forcément spécialiste du sujet !).
Ce n’est pas un hasard si en France aucune grande marque d’épargne n’est classée parmi les marques de grande consommation préférées ! Et dire que 5 500 milliards d’euros sont pourtant placés dans les comptes épargne des Français.
Malgré son poids, l’épargne est encore loin d’être représentée comme un produit de grande consommation.
Il n’y aura donc pas de placement favori des Français tant que ces derniers ne connaîtront et ne maîtriseront pas l’ensemble des placements. Sinon, comment affirmer que l’on préfère un produit si on ne les connaît pas tous ? Diriez-vous que vous préférez la cuisine française, sans avoir jamais goûté de plats de cuisine étrangère ?
Avant de demander aux Français quel est leur produit d’épargne préféré, demandons-leur plutôt ce que représente l’épargne pour eux et pourquoi ils souhaitent épargner ! En prenant les choses dans l’ordre, nous gagnerons tous à proposer et bénéficier de solutions d’épargne adaptées.
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