Industrie | Si les premiers résultats sont jugés très intéressants par l’exécutif, le dispositif va devoir recruter des fonds privés pour se pérenniser. Les PME et le ETI demandent, quant à elles, une simplification des démarches.
L’heure d’un premier bilan. Il y a deux ans, Emmanuel Macron lançait un vaste dispositif de réindustrialisation : France 2030. Un programme, muni d’une enveloppe de 54 millions d’euros, censé faire émerger les champions de demain dans des domaines tout aussi clés que variés : les réacteurs nucléaires de petites tailles, l’hydrogène vert, la décarbonation de l’industrie, les véhicules électriques et hybrides, les biomédicaments, le spatial, les fonds marins…. Pour y parvenir, France 2030 assure en moyenne 30 % à 40 % des besoins de financement des entreprises pour les projets retenus.
« On va entrer dans une phase d’évaluation des premiers projets mais France 2030 a réussi le pari de redonner confiance à la France dans sa capacité d’innovation », se félicitait ainsi Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, l’organisme qui pilote le dispositif, auprès des Echos en décembre. Plus de 3 200 projets, portés par plus de 3 500 bénéficiaires, ont pu disposer des fonds déjà engagés par l’Etat.
Des motifs de satisfaction
À la clé, des résultats jugés très intéressants : plus de 55 000 emplois créés ou maintenus et un maillage territorial effectif avec plus de 65% des fonds alloués hors Île-de-France. L’exécutif estime même que les recettes fiscales générées rembourseront l’enveloppe initiale d’ici 2027. Sur le plan environnemental, les initiatives de décarbonation de l’industrie déjà mises en œuvre devraient permettre de réduire de 8 millions de tonnes par an les émissions de CO2, sur un objectif de 25 millions d’ici 2030, selon les chiffres avancés par le ministère de l’Économie.
Parmi les autres motifs de satisfaction, le gouvernement assure avoir déjà sécurisé un volume de 1,5 million de voitures électriques produites dans l’hexagone sur les deux millions visés par le plan pour 2027. Sur l’axe médical, l’apparition de trois nouveaux biomédicaments au cours des deux dernières années a fait passer leur nombre à 8 sur les 20 prévus. Dans le secteur spatial, seize projets de lanceurs réutilisables sont actuellement en cours. En ce qui concerne le nucléaire, neuf initiatives liées à des petits réacteurs innovants ont été retenues.
Besoin d’investissements privés
Pour autant, tout n’est pas tout rose au pays de la « réindustrialisation ». Si une grande majorité des experts s’accordent à dire que l’utilisation des fonds publics a plutôt été efficace pour le moment, la manne allouée apparaît largement insuffisante pour remonter le poids de l’industrie à 15% comme le souhaite Emmanuel Macron. Et ce, d’autant que 25 milliards ont déjà été engagés. Soit quasiment la moitié de l’enveloppe finale alors même qu’Emmanuel Macron a ajouté un nouvel axe stratégique en décembre : l’intelligence artificielle.
Sur le plateau de BFM Business, Bruno Bonnell pointait ainsi la nécessité que « l’investissement privé accompagne l’Etat » dans sa démarche. « Là où on est vraiment en retard par rapport aux Américains, par rapport aux Allemands, c’est l’investissement privé », soufflait-il. L’économiste Natacha Valla, présidente du Conseil national de la productivité, fléchait quant à elle, sur France Info, des leviers de mobilisation de fonds privés : « Cela s’appuie sur une simplification du système, sur un encouragement à la prise de risque et sur un fléchage de l’épargne favorable à l’investissement dans ces types de secteur. »
Processus lourd
La mobilisation de fonds privés ne sera pas l’unique défi que devra relever France 2030 pour le nouveau millésime. Nombreuses sont les entreprises qui évoquent un processus lourd, notamment du côté des PME et des ETI. « On regrette une difficulté dans l’accès à l’information ainsi que des procédures très complexes, témoigne auprès de Forbes France, Florence Naillat, déléguée générale adjointe du Mouvement des entreprises intermédiaires (Meti). Cela prend beaucoup de temps alors que la plupart des dossiers n’aboutissent pas. Néanmoins, on ressent cette volonté des acteurs de simplifier les choses. »
Les yeux sont désormais tournés vers le plus haut sommet de l’Etat. Le président de la République promettait, le mois dernier, des mesures gouvernementales « très concrètes » en faveur d’une « simplification drastique », une « hyper simplification » pour les entreprises, et ce, « dès le début de l’année prochaine ». « On ne peut pas avoir des procédures qui sont deux fois plus longues que nos concurrents américains et asiatiques », fustigeait-il. Reste à voir si ces promesses se transformeront en actes.
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