Alors que le gouvernement américain accuse le coup de la crise du coronavirus et prévoit d’offrir la somme de 1 200 $ à des millions d’Américains, les PDG de la Fintech ont inondé Twitter de messages adressés aux législateurs.
« Nous avons la technologie nécessaire pour transmettre de l’argent à tout le monde (y compris ceux qui n’ont pas de compte en banque). Square et beaucoup de nos compères de la Fintech peuvent aider le gouvernement américain » , a annoncé Jack Dorsey le PDG de Square, jeudi dernier. Suivi vingt minutes plus tard par Zach Perret, PDG de Plaid, qui a ajouté : « Laissez la Fintech vous aider. » Puis ce fut au tour de Gusto, entreprise de traitement de salaires, de prendre la parole le lendemain : « Nous demandons au gouvernement américain de bien vouloir collaborer avec nos plateformes de traitement de salaires afin de créer un réseau instantané de fonds pour aider les petites entreprises dans un délai de 24 heures. »
Les entreprises de la Fintech ont élaboré des façons pratiques et rapides de transfert d’argent. Mais la réalité sur le fonctionnement de ces collaborations gouvernementales pourrait s’avérer plus compliquée qu’elles n’y paraissent, et nécessiter une attention particulière.
Quant aux chèques du plan de relance ; le secrétaire-trésorier, Steven Mnuchin, a déclaré que toute personne ayant mis en place un dépôt direct auprès du fisc (IRS :Internal Revenue Service) pour une déclaration d’impôts (huit contribuables américains sur dix l’ont fait) recevra les 1 200 dollars par transfert direct.
D’après le fisc et le Trésor, les chèques devraient commencer à circuler d’ici trois semaines ; mais d’après les tweets de Jack Dorsey, Square et PayPal pourraient accélérer considérablement le processus. Cependant, l’utilisation d’applications de paiement ne serait pas plus rapide qu’un dépôt direct du gouvernement, car le délai ne relève pas du paiement numérique.
« C’est un véritable défi en matière de données pour le fisc — rassembler tous les noms, adresses, informations de comptes bancaires et montants des paiements mis à jour des contribuables », explique Amias Gerety, associé de la société de capital-risque QED Investors, qui a travaillé huit ans à la trésorerie américaine. « C’est une quantité extraordinaire de données à traiter » déclare Jason Gardner, le PDG de Marqeta, qui aide à alimenter les applications de paiement comme Cash App.
« Si Jack Dorsey souhaite embaucher vingt ingénieurs et spécialistes de données pour leur enseigner COBOL (la langue de programmation) et se porter volontaire pour aider le fisc, ce serait très utile », ajoute-t-il. Un porte-parole de Square affirme que l’entreprise serait prête à mettre en place les ressources nécessaires pour créer une plateforme basée sur le modèle de Cash App. Les consommateurs qui n’ont pas de compte bancaire auprès du fisc — soit environ 28 millions d’Américains — pourraient recevoir un chèque papier par la poste et ajouter plusieurs mois au processus, tandis que si ces personnes ouvrent un compte Cash App, elles pourraient recevoir leur argent plus rapidement, explique Jason Gardner de Marqeta.
Il est difficile de savoir combien de personnes utiliseront cette option. Par exemple, les 14 millions d’Américains qui n’ont pas de compte bancaire pourraient très sérieusement l’envisager, explique Maximilian Friedrich, un analyste chez Ark Invest. Cependant, d’après Mehrsa Baradaran, professeure de droit à U.C. Irvine, c’est très peu probable. En effet selon elle, les personnes qui n’ont pas de compte bancaire sont « pour la plupart des personnes du troisième âge qui vivent dans le milieu rural ou qui n’ont pas Internet, pas très habiles avec leur smartphone, ou encore qui n’utilisent pas le paiement par mobile. »
La meilleure solution, selon Jareau Wadé, vice-président du marketing et de la croissance de la start-up de paiements Finix à San Francisco, pourrait être de créer une plateforme en ligne. Les consommateurs pourraient vérifier leur identité et choisir leur méthode de paiement avec des options allant de l’obtention d’un chèque papier à l’utilisation d’un service fourni par Cash App, Venmo, Visa ou MasterCard.
Le gouvernement a expérimenté différentes méthodes de distribution des fonds, comme l’utilisation de cartes de débit prépayées, mais la Fintech n’a pas encore reçu de retour à propos de ces solutions. Et pour l’instant, il semble que le Trésor public aille dans une direction différente. Hier soir, il a été publié sur une page web un message disant : « Dans les semaines à venir, le Trésor prévoit de développer un portail web pour que les particuliers puissent fournir leurs informations bancaires du fisc en ligne, et ainsi recevoir des paiements immédiatement plutôt que des chèques par la poste. »
Au-delà des chèques du plan de relance, un argument encore plus convaincant en faveur de l’implication des entreprises de la Fintech dans le plan de relance, est d’aider les petites entreprises à obtenir rapidement des prêts. Des millions de magasins et de restaurants sont en difficulté parce qu’ils ont dû fermer leurs portes à cause des directives de distanciation sociale. Pour soulager leurs difficultés, le gouvernement fédéral étend son programme de prêts de la Small Business Administration (SBA), dans lequel il garantit le remboursement de 85 % d’un prêt en cas de problèmes pour les petites entreprises. Cela aide les prêteurs à accorder davantage de crédits et à proposer des taux d’intérêt plus bas. Actuellement, les prêteurs les plus actifs agréés par la SBA comptent parmi des banques comme Live Oak, Wells Fargo et JP Morgan.
Steven Mnuchin a déclaré qu’il ouvrirait le programme aux entreprises de la Fintech, aux prêteurs spécialisés et aux coopératives de crédit, mais les détails concernant les entreprises qui seront éligibles restent à déterminer. Les prêts de la SBA prennent souvent plus de 20 jours ouvrables pour être approuvés, explique Jonah Crane, un partenaire du groupe Klaros, qui conseille les Fintechs en matière de réglementation. « Les prêteurs de Fintech ont développé une technologie permettant de prendre des décisions en quelques minutes. Mais ce n’est pas la décision de souscription en elle-même qui déterminera la rapidité avec laquelle ces prêts seront déboursés. Ce sera la mesure dans laquelle la SBA peut s’efforcer de minimiser les obstacles procéduraux sans ouvrir le programme aux abus, et la capacité des prêteurs à guider efficacement leurs clients tout au long du processus », explique-t-il. Les Fintechs qui seraient probablement intéressées par ce programme sont des entreprises comme Square, Stripe, On Deck et Kabbage. Par ailleurs, une autre entreprise de la Fintech qui s’est intéressée à la manière dont les fonds du gouvernement pourraient être envoyés, est la société de traitement des salaires Gusto. Le 27 mars, le cofondateur de Gusto, Tomer London, a écrit que « les restaurants et les détaillants disposent en moyenne de l’équivalent de moins de 18 jours en espèces » et a déclaré que le gouvernement pouvait faire transiter les fonds par Gusto et d’autres entreprises de traitement, « générant ainsi le plus gros jour de paie de l’histoire ».
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