Par Philippe WAECHTER , Chef économiste, NATIXIS AM
Bonne nouvelle ! L’économie française retrouve progressivement le chemin de la croissance après plusieurs années au ralenti. Cette situation est le résultat d’une conjoncture favorable : une économie mondiale en expansion, des synergies fortes entre les pays de la zone euro, soutenues par d’importants flux d’échanges de biens et de services, et enfin une dynamique positive enclenchée depuis l’élection d’Emmanuel Macron en mai dernier.
Etat des lieux de la croissance française
On observe un changement radical dans le cycle économique français en 2017, lié à un phénomène de rattrapage. Après avoir accumulé un certain retard vis-à-vis du reste de l’Europe, la dynamique s’est inversée. Ce phénomène s’explique notamment par la reprise générale de l’économie au sein de la zone euro, mais on peut également souligner l’impact des réformes du gouvernement de François Hollande qui ont permis aux entreprises de réaliser de meilleures performances.
Suite à l’élection d’Emmanuel Macron, on observe un changement significatif dans les projections des acteurs de l’économie. Les industries françaises ont une perception très positive de l’environnement économique actuel, la meilleure depuis l’automne 2000 ! De nombreuses études confirment cette vision positive du futur et anticipent une demande élevée des entreprises et des consommateurs, en France et ailleurs dans le monde, pour les mois à venir.
Encore quelques obstacles structurels à la croissance
La France connaît depuis longtemps un certain nombre de problèmes et de déséquilibres structurels qui pèsent sur son potentiel de croissance. On peut également évoquer le problème de la productivité. Notre pays a connu le même ralentissement de productivité que les autres pays industrialisés sur les dernières décennies, mais n’a pas été capable de créer les emplois qui auraient pu maintenir un niveau de croissance élevé.
Une autre source de faiblesse importante est l’incapacité de la France à réduire le déficit public. La part des dépenses (en pourcentage du PIB) a très fortement augmenté sous les mandats des présidents Sarkozy et Hollande. Aujourd’hui ces dépenses représentent plus de 55 % du PIB, ce qui laisse très peu de marge de manœuvre au gouvernement dans la conduite de sa politique économique. En plus de ce déséquilibre des finances publiques, la dette publique atteint aujourd’hui près de 100 % du PIB.
Enfin le marché du travail n’est pas assez réactif pour accompagner le début de la reprise économique : le nombre d’emplois a augmenté après 2015, alors que les signes de la reprise étaient visibles au début de l’année 2013.
Des réformes en cours pour augmenter le potentiel de croissance de la France
Le président Emmanuel Macron a enclenché une dynamique de réforme depuis son élection. L’objectif est double : lever les contraintes structurelles qui pèsent aujourd’hui sur la croissance et permettre au gouvernement autant qu’aux acteurs économiques privés de retrouver une marge de manœuvre.
La réforme du travail est passée cet automne. Elle sera complétée en 2018 par une loi sur la formation, avec pour objectif d’améliorer l’employabilité des personnes sans emploi autant que des personnes déjà en poste, dans le contexte d’une économie qui change rapidement et de manière radicale. Les réformes fiscales introduites dans le cadre du budget 2018 permettront de réduire le niveau de taxation et d’accroître sa prévisibilité, afin de lever les incertitudes. Une réforme des retraites est également attendue dans les deux ans à venir. En complément de ces réformes, un vaste plan d’investissement public a été annoncé, qui devrait contribuer à dynamiser certains secteurs économiques et fortement inciter les entreprises à suivre la marche.
Toutes ces mesures viendront renforcer le potentiel de croissance de la France. Ces réformes participeront à l’amélioration de la productivité et de la capacité d’innovation à grande échelle des acteurs économiques français. Elles devraient également permettre de consolider le modèle social français.
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Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises entre le 20 et le 27 novembre 2017 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.