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Exton Consulting Scrute Le Difficile Parcours Du Créateur De Fintech En France

En partenariat avec le Pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, le cabinet de conseil en stratégie et management Exton Consulting, spécialiste des services financiers, publie la première radiographie de l’écosystème de la fintech  en France, une synthèse unique qui rend compte des réalisations mais aussi des difficultés que rencontrent les entrepreneurs de cette filière dans un pays qui s’affiche comme une « start-up nation », mais qui conserve bien des pratiques qui handicapent le plus motivé d’entre eux.

Conduite par Sophie Zellmeyer, Directrice Fintech et Innovation chez Exton Consulting, cette étude se veut un état des lieux des fintechs en France et une analyse de l’attractivité de l’Hexagone en la matière. Ceux qui prédisaient  un essoufflement du phénomène fintech dans le monde pour fin 2016 en seront pour leurs frais : les jeunes pousses de la finance n’en finissent pas d’attirer les investisseurs. « L’année 2018 se profile déjà comme une année record » estime Sophie Zellmeyer. Toutefois, le cabinet a cherché à aller au-delà du seul critère des levées de fonds. Les statistiques établies par l’étude Exton reposent sur les réponses de 120 fintechs, un échantillon largement représentatif du phénomène. A ce jour, le Pôle Finance Innovation a labellisé plus de 500 start-up de la finance, 80% d’entre elles basées en Ile de France. Point clé, 90% sont toujours en activité.

 

Sophie Zellmeyer, Exton Consulting

 

Derrière l’Amérique du Nord et l’Asie en termes d’investissements, l’Europe enregistre néanmoins la plus forte croissance en 2017 (+121 %). Le continent bénéficie d’un cadre réglementaire propice à l’émergence des fintechs avec le passeport financier européen et l’entrée en vigueur de la DSP2 qui ouvre la voie à l’Open Banking. Contrairement aux idées reçues, l’étude montre que la France serait un terreau fertile à l’éclosion de projets technologiques innovants dans la finance. « Le pays est mondialement reconnu pour l’excellence de sa filière scientifique, et à la pointe en matière d’intelligence artificielle » précise Sophie Zellmeyer. Fait nouveau, banques et assureurs historiques se montrent de plus en plus enclins à travailler avec ces start-up pour créer des avantages concurrentiels durables et accélérer leur propre transformation digitale.

Le phénomène fintech a pris son envol en France en 2014. Au nombre de 500, ces nouvelles  structures s’enrichissent  d’une cinquantaine de nouvelles  chaque année,  couvrant tous les segments de l’industrie financière, les plus matures visant le paiement et le financement alternatif. 35 % affirment s’appuyer sur l’IA et le ‘machine learning’, voire plus de 50 % si l’on considère également le traitement algorithmique de données volumineuses (Big Data). A l’abri des spéculations inhérentes aux marchés anglo-saxons, les fintechs  françaises font figure de modèles de pérennité malgré des levées de fonds plus modestes : 36% des structures ont plus de 5 ans d’existence.

En termes d’emplois, elles font travailler près de 10.000 personnes, sans compter les indépendants auxquels ont recours 2/3 des fintechs, des emplois indirects non négligeables ! Sans surprise, elles attirent les jeunes générations qui constituent l’essentiel de leurs ressources : l’âge moyen y est de 31 ans. Les fondateurs sont en revanche plus expérimentés : ils ont 40 ans en moyenne. Trois quarts d’entre eux ont eu précédemment une expérience dans les services financiers avec une moitié qui sont d’authentiques « serials entrepreneurs ». En revanche, le secteur peine à se féminiser.

Autres chiffres mis en exergue par l’étude Exton : la filière a réalisé près de 800 M € de chiffre d’affaires l’an dernier. Là où le  bât blesse, c’est au niveau de la rentabilité. 80% des fintechs françaises ne sont pas encore rentables. « Si les marges de progression sont importantes, la dynamique est belle et bien lancée et tous les signaux semblent au vert pour porter plus haut encore la fintech française » affirme Sophie Zellmeyer. « Les acteurs traditionnels ont compris que ces fintechs – grâce à leur capacité à délivrer rapidement des solutions innovantes et facilement intégrables au travers d’interfaces de programmation (API) – étaient des partenaires crédibles et nécessaires à la modernisation de la filière. Le train de l’Open Innovation dans l’industrie financière française s’est résolument mis en marche ».

Ces chiffres expliquent la progression des fonds levés, 6,5 M € en moyenne, mais n’interviennent qu’après le recours initial aux aides de l’Etat, nombreuses, complexes mais toujours aussi chronophages. En 2017, 290 M €  ont été investis dans les fintechs françaises, total en croissance de 86 % par rapport à 2016. Le plus grand défi qui attend ces start-up françaises en cette fin 2018 est de mettre le cap sur l’International. 42% d’entre elles ont des activités commerciales en Europe, 11% aux Etats-Unis et 7% en Amérique latine. Toutefois, elles ne sont que 22% à disposer de véritables antennes en Europe.

 

 

Joëlle Durieux, Pôle Finance Innovation

 

Pour encourageants qu’ils soient, ces résultats ne doivent pas cacher le parcours semé d’embûches que doivent affronter tous les entrepreneurs de la fintech. Les questions touchant à la régulation sont celles qui reviennent régulièrement en tête de liste des récriminations. En clair, l’obtention d’un agrément auprès de l’ACPR* dissuade les plus patients. 55% des fintechs souhaitent que le régulateur français accorde des dérogations à l’instar de ce que fait son  homologue britannique, seule voie pour libérer les énergies.  Les fintechs qui travaillent avec les banques veulent sortir au plus vite des sempiternels contrats à base de POC (Proof of Concept) pour se lancer dans l’arène. Autre aspect réglementaire qui inquiète le monde français de la fintech : la distorsion de concurrence avec des acteurs non européens qui profitent du ventre mou de l’Europe (Malte, Luxembourg, etc.) pour obtenir un agrément contre lequel l’ACPR ne peut rien. « Créer sa fintech en France reste une aventure compliquée » conclut Sophie Zellmeyer. On comprend dès lors la tentation de vendre sa fintech naissante à une banque qui ne manque pas de cash. Mais, n’est-ce pas renoncer à son rêve de créer une licorne que de se vendre ainsi ? La question interpelle.

Ces données objectives décrivent le paysage de la fintech française pour lequel le Pôle Finance Innovation joue le rôle indéniable de levier. Toutefois, « en dépit de l’ouverture indéniable des ‘corporates’ français, la France exporte plus de transferts de technologies qu’elle n’en achète : cela signifie en clair qu’il est plus facile pour une start-up ou un laboratoire de vendre de sa technologie à l’étranger qu’à un groupe français, car les achats sont souvent une forteresse », déplore Joëlle Durieux, Directrice générale de Finance Innovation.

 

(*) Adossée à la Banque de France, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) est en charge de l’agrément et de la surveillance des établissements financiers.

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