Pour évaluer son programme de financement de l’innovation, la Commission européenne a lancé fin 2016 un appel à commentaires et elle commence à publier les premiers résultats.
Le verdict : bien mais nécessitant plusieurs gros ajustements.
Avec un budget de 80 milliards d’euros, Horizon 2020 apporte une forte contribution à la recherche européenne, à l’innovation et à la création d’emplois. Tout le monde s’accorde qu’il faut maintenir ce budget dans les prochaines années pour maintenir le développement R&D et sociétal en Europe.
Naturellement, en demandant des commentaires sur son programme, la Commission a reçu surtout des points à améliorer tels que :
Revoir les faibles taux de réussite.
Avec un taux de réussite d’environ 13%, beaucoup trop bas, les participants ont l’impression de participer plus à une loterie qu’à l’élection du meilleur dossier. La publication des projets retenus renforce encore ce sentiment d’injustice avec des projets « trop ordinaires » vis-à-vis de sa propre soumission. La Commission doit encore mieux expliquer les critères d’évaluation et les afficher avec des commentaires lors de la publication des gagnants.
Raccourcir les délais de réponse.
Horizon 2020 affichait comme objectif la simplification des procédures et des règles et un déblocage des subventions en 100 jours. Même si certains dispositifs comme l’instrument-PME respectent ce délai, la plupart des dossiers collaboratifs se valident toujours entre 5 et 8 mois doublant l’objectif fixé.
Des dossiers trop longs à monter
Le montage d’un dossier H2020 est onéreux car il demande plusieurs centaines d’heures de travail. La question peut se poser : faut-il mieux mettre 250 heures dans un dossier de financement européen (avec un taux de succès de 13%) ou mettre ces heures de travail dans une levée de fonds ou prêt bancaire. Nos entreprises et laboratoires français ont perdu en 2016-2017 pas moins d’1 millions d’heures de travail !
Autre sujet de complexité : les dossiers doivent être écrits en utilisant un vocabulaire propre à la Commission Européenne, que seules les personnes expérimentées peuvent réaliser. D’où l’intervention de cabinets spécialisés.
La simplification du montage des dossiers en deux phases (un pré-dossier et un dossier complet) pourrait être une solution si le temps de réalisation du pré-dossier reste limité, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui.
Une déception de la part des grands groupes
Il faut le dire, un des objectifs du programme Horizon 2020 était de financer en priorité les petits/moyens centres de recherche et les PME. C’est chose faite mais ceci a laissé une amertume chez les grands laboratoires et grands groupes. Il faut noter que ce sont justement eux qui réalisent de la recherche fondamentale, et avec moins de budget sur le long terme, l’argent va vers des projets plus proches de la commercialisation.
Les pays riches récupèrent la majorité des subventions
Autre sujet de discorde : deux-tiers des subventions sont allées vers 5 pays (dont la France) et les pays de l’Est n’ont obtenu que 4% des subventions. Même chose pour les bourses données aux chercheurs : 98% du montant sont allés aux pays présents dans l’Union Européenne avant 2004. Les nouveaux n’ont eu que 2%.
Et le hors-Europe ?
Un point qui ne revient pas suffisamment est de « développer pour l’export ». Oui, l’Europe finance la recherche mais en se limitant à financer les ressources de notre continent, nous ne pouvons pas développer des produits adaptés à d’autres continents. Nous pouvons développer par exemple de nouvelles chaînes alimentaires en Afrique ou en Inde mais pour le faire, nous avons besoin d’intégrer des acteurs locaux. Pour l’énergie solaire ou éolienne, il faut pouvoir tester dans le désert, dans le froid Tibétain ou dans les forêts tropicales… L’Europe doit ouvrir son programme pour intégrer, sous conditions et avec des limites de participation, des acteurs certifiés d’autres continents.
Les responsables du programme Horizon 2020 ont du pain sur la planche pour définir un meilleur programme pour l’après 2020.
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