Les chiffres de croissance de la Zone Euro sont bons depuis maintenant plusieurs mois : les investisseurs européens ont désormais largement intégré cette donne et accélèrent leur réallocation vers la Zone Euro. Les gérants de grands fonds américains ou asiatiques procèdent de même, ainsi que le montrent les flux en provenance de l’extérieur de la Zone Euro en actions du vieux continent.
Cette tendance tangible depuis plusieurs mois s’accompagne d’anticipations assez fortes concernant les résultats des sociétés. Il est logique qu’avec une croissance mondiale de l’ordre de 3,3%, les grandes entreprises profitent de la conjoncture pour voir leurs résultats s’améliorer. Ce mouvement est assez général car il y a, fait assez rare pour être souligné, une forme de convergence au niveau mondial. Toutes les zones géographiques connaissent une croissance positive. Les entreprises européennes plutôt tournées vers une activité plus domestiques (nationale ou intra-européennes) bénéficient à plein de la reprise sensible un peu partout en Zone Euro. La France qui était en retard pourrait ainsi peut-être en rattraper une partie : les entreprises recommencent à investir et si le chômage poursuit son déclin, la consommation pourrait même rebondir nettement.
La saison des résultats est attendue avec confiance pour les entreprises de la Zone Euro. Généralement, au fil des semaines, les analystes révisent progressivement à la baisse leur prévision après avoir fait preuve d’un bel optimisme en début d’année. C’est une première depuis 2010 mais pour le moment les prévisions restent bien orientées : les résultats pour 2017 et pour 2018 sont anticipés en hausse de 10% chaque année. Les chiffres d’affaires communiqués par les entreprises à la fin du 1er trimestre étaient en hausse de plus de 10%. La confiance générale est aussi confortée par le fait que, depuis la crise, les entreprises ont largement contrôlé leurs coûts et la structure de leur bilan, ainsi le « taux de transformation » de chiffre d’affaires supplémentaire en résultat est assez élevé.
Tout ceci est bien sûr vrai pour les grandes valeurs qui avaient pu profiter de la faiblesse de l’Euro en 2016 mais les petites et moyennes valeurs sont plus à même désormais de profiter de la croissance de la Zone Euro.
L’été s’annonçait donc plutôt bien… mais depuis quelques jours la progression assez forte de l’Euro a un peu gâché la fête.
En effet, les propos, pourtant assez neutres, tenus par M.Draghi la semaine dernière, ont été interprétés par les opérateurs comme devant conduire à la hausse de l’Euro. Le président de la BCE n’a rien dit de tel mais beaucoup ont compris que la politique monétaire accommodante allait cesser un jour ou l’autre. La conséquence immédiate est une hausse très nette de l’Euro qui a atteint un plus haut de 2 ans contre le Dollar.
Deux conséquences à cette hausse de l’Euro, une à court terme, l’autre, potentielle, à plus long terme.
A court terme les prix s’ajustent mécaniquement : Si l’Euro monte de 1% contre le Dollar, les cours des actions baissent de 1%… ainsi les investisseurs internationaux « neutralisent » les fluctuations des monnaies… Par contre, les investisseurs de la Zone Euro subissent directement l’impact de la hausse de la devise !
A plus long terme, la hausse de la devise pourrait pénaliser les entreprises exportatrices si elle se poursuivait.
Tout ceci a été assez négatif pour les marchés actions la semaine dernière. A ce stade, cela ne change pas fondamentalement les anticipations de croissance de l’économie et des entreprises mais il conviendra de surveiller l’évolution de l’Euro. Il est probable qu’une trop forte hausse conduirait à réviser les anticipations en particulier pour ce qui concerne les valeurs exportatrices.
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