Le cours de l’euro/dollar (EUR/USD) revient actuellement au contact de ses plus bas annuels, qui correspondent au niveau de cours de l’année 2017, sur fond de taux d’intérêt largement négatif au sein de la Zone Euro et poursuivant globalement leur tendance baissière.
Officiellement et dans ses statuts, la Banque Centrale Européenne (BCE) n’a pas d’objectif lié au taux de change de la monnaie unique européenne. Mais dans le contexte actuel de la guerre commerciale avec les Etats-Unis, la « guerre des changes » est devenue une des dimensions de l’affrontement, devenant presque vitale pour le secteur manufacturier des deux côtés de l’Atlantique.
Rappelons en effet que les indicateurs d’activité cyclique mettent en évidence une pente très négative pour l’industrie exportatrice et même une contraction pour le secteur manufacturier de l’Allemagne par exemple. La chute de l’Euro n’a jamais été souhaitée par la Bundesbank, mais ceci ne semble plus gravé dans le marbre dans le contexte actuel. Encore cette semaine, c’est l’allemand Continental qui a averti sur ses résultats compte tenu du ralentissement du marché automobile chinois pénalisé par le ralentissement économique général.
Donald Trump et la Réserve Fédérale des Etats-Unis (FED) disent ouvertement que le taux de change est une finalité, la politique du « dollar fort » fait partie du passé, la compétitivité change est devenue une priorité.
La BCE de Mario Draghi a toujours cherché à agir sur le cours de l’euro par un « verbe » bien approprié et cela est à nouveau une réalité depuis le discours de Draghi lors du Forum monétaire de Sintra au mois de juin dernier. L’affrontement douanier entre la Zone Euro et les Etats-Unis est encore marginal mais le change est déjà un enjeu primaire. Chaque camp y va de ses propres communications et outils pour agir sur la dynamique du cours de l’euro dollar, la tendance baissière pour la BCE et la tendance haussière pour le couple FED/TRUMP. C’est d’ailleurs la source principale d’une neutralisation de la tendance du taux EUR/USD depuis de plus d’une année, dans un étroit range compris entre 1.11$ et 1.15$.
La FED est (très) attendue sur la baisse de son taux des fed funds le mercredi 31 juillet prochain mais en dépit de cette anticipation, le cours de l’euro dollar n’a pas franchi la résistance à 1.15$ et a même réengagé une tendance baissière vers ses plus bas annuels.
La FED a t-elle usé toutes ses cartouches ? C’est probable car la macro US ne justifie pas (encore) une baisse agressive des taux d’intérêt. Par contre, ce n’est pas le cas de la BCE qui est attendue sur des mesures fortes cet été.
Sur le plan monétaire, le marché attend en effet beaucoup de la BCE pour soutenir les exportateurs européens dans le cadre de la guerre commerciale actuelle. Depuis l’intervention de Mario Draghi lors du forum de Sintra en juin dernier, la probabilité implicite d’une baisse des taux de la BCE pour la réunion de septembre prochain a dépassé les 50%, avec un taux de refinancement qui pourrait devenir négatif. Mais c’est surtout un Quantitative Easing (QE2) qui pourrait soutenir les entreprises et les Etats avec la reprise d’un programme d’achat de dette publique et privée. La réunion de ce jeudi est très importante pour en savoir davantage mais l’essentiel de l’intervention concrète devrait être mise en place entre les mois de septembre et novembre prochain.
En terme de probabilités, l’analyse technique des marchés financiers suggère actuellement que le marché pourrait rompre les plus bas annuels à 1.11$ et ainsi tendre vers 1.10$ et 1.0850$, deux seuils techniques qui remontent à l’élection présidentielle française de 2017.
Cours de l’euro dollar : graphique hebdomadaire + journalier réalisé avec TradingView
Sur le plan de la politique enfin, le risque de Hard Brexit et le scénario d’élections générales anticipées en Italie peuvent générer de la baisse sur l’euro. Les communications du nouveau Premier Ministre britannque, Boris Johnson, vis-à-vis de l’UE et du Brexit vont impacter le taux GBP/USD et par corrélation positive, le cours de l’euro dollar. Pour l’Italie, de nouvelles élections générales pourraient relancer le débat sur le dérapage budgétaire de la troisième économie de la Zone Euro, autant de facteurs baissiers pour le taux EUR/USD.
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