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Et Si Les Rachats D’Actions S’Arrêtaient ?

De quoi s’agit-il ? Les entreprises procèdent depuis plusieurs années à des achats de leurs propres titres. En effet, elles ont des liquidités abondantes et ont le choix : soit investir pour développer leur chiffre d’affaires soit distribuer des dividendes… soit acheter leurs propres actions et les « détruire » dans la foulée. L’avantage principal de cette technique financière pratiquée à haute dose par les entreprises américaines est d’améliorer très rapidement le résultat par action. En effet, les analystes financiers appliquent un résultat donné sur un nombre d’actions moins grand !

Le montant des rachats d’actions aux Etats-Unis a été tel ces dernières années que le stock d’actions disponible a baissé d’environ 15% depuis le pic de 2010 !

L’enjeu des prochains mois est d’anticiper le montant et la provenance de la demande d’actions. Les entreprises américaines devraient encore atteindre un montant colossal de rachats d’actions de 1000 Milliards de dollars. 42% de ce montant est le fait du secteur financier. Il trouve ainsi le moyen de revenir à un niveau normal. En effet, pendant la crise, ce secteur avait fortement émis, de façon à faire face à ses besoins de capitaux pour renforcer sa structure de bilan.

Le plan fiscal de D. Trump facilite grandement, en allégeant la pression fiscale, le rapatriement de capitaux jusqu’ici gelés à l’étranger. Beaucoup d’entreprises vont clairement en profiter pour, elles aussi, procéder à des rachats d’actions. Alphabet, Amgen, Boeing, Cisco, Wells Fargo,  Merck…ou Home Depot vont procéder à des rachats d’actions dont le montant dépasse 10 Milliards de dollars pour chacune d’elle. Le record sera certainement dépassé par Apple dans quelques semaines et ainsi en 2018, plus de 100 des 500 sociétés du S&P 500 ont déjà ou vont procéder à des rachats d’actions en 2018.

Le retour aux actionnaires et l’amélioration du résultat par actions et par conséquent le soutien des cours sont les motivations principales de ces plans de rachat d’actions. 

Jusqu’à maintenant tout va bien : l’activité mondiale est soutenue, la croissance est là, le dollar faible a bien aidé les résultats des entreprises exportatrices américaines. Les taux, même s’ils ont un peu progressé, restent assez bas et ne sont de toute façon pas un obstacle à l’accès au crédit. Enfin, et peut-être surtout, les liquidités offertes par les banques centrales ont largement facilité l’activité de rachat d’actions.

La tendance vient des Etats-Unis et devrait aussi s’inverser en tout premier outre-Atlantique  pour des raisons pratiquement symétriques à celles évoquées plus haut : l’économie pourrait ralentir un peu à partir du second semestre 2018, les taux vont monter un peu et les hausses de salaires, encore modestes, vont peser un peu sur les résultats. La guerre commerciale enclenchée par Donald Trump instille un doute sur l’activité des grandes entreprises exportatrices : la baisse enregistrée par le cours de Boeing par exemple la semaine dernière illustre les craintes des investisseurs.

Les dirigeants ayant procédé à des rachats d’actions ou projetant de le faire à ce niveau de marché font un choix qui est contestable sur un plan stratégique. A court-terme, ils soutiennent certes le cours de bourse, mais pour les actionnaires à long-terme comme nous le sommes, le choix ne nous paraît pas très pertinent : acheter des actions sur un niveau élevé de valorisation n’est pas justifié économiquement et peut aussi traduire une « panne » dans la réflexion stratégique ce qui amène à se poser des questions sur la pertinence de rester investi sur l’entreprise concernée.

Les marchés ont été fortement soutenus par tous ces rachats d’actions, surtout aux Etats-Unis,. Leur réduction va immanquablement enlever une composante forte de soutien global. Société par société, l’impact pourrait être assez fort. Si on reprend l’exemple de Boeing, une allocation forte du cash-flow disponible pour acheter des actions sur un pic de valorisation à un moment où l’entreprise pourrait investir à long-terme sur d’autres segments n’est pas pertinent dans une optique plus longue. Boeing pourrait être pénalisé d’ici 2-3 ans si le marché s’oriente vers des segments sur lesquels Boeing n’a pas investi depuis 4-5 ans. Autre exemple : Walmart qui a annoncé en septembre 2017 vouloir racheter 20 Mads $ de ses propres actions. L’effet a été fort sur le titre pendant quelques semaines. Mais on peut se demander si cet argent n’aurait pas été mieux utilisé pour investir afin de contrer Amazon !

Les rachats d’actions ne vont pas s’arrêter du jour au lendemain mais le fait qu’ils ralentissent va ôter un élément de soutien global. Pour nous l’analyse de chaque cas est importante : il faut bien analyser les conséquences à long-terme des choix réalisés par l’entreprise procédant à un rachat d’actions avant d’investir.

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