Si l’inflation « core », statistique privilégiée de la BCE, reste pour l’instant relativement stable, elle pourrait accélérer si l’on en croit certains indicateurs avancés comme les indices PMI. Selon le dernier rapport de Markit, les créations d’emplois en zone euro ont atteint leur plus haut niveau depuis près de 9 ans en janvier 2017. Ainsi, la reprise de la croissance en Europe et l’accélération de la hausse des prix alimentent les spéculations autour de la fin du QE. Après avoir maintenu les marchés sous perfusion pendant plusieurs années, la BCE pourrait cesser d’acheter des obligations européennes dès 2018. Le succès de la stratégie de sortie du QE sera conditionné par les anticipations des marchés financiers qui dicteront l’amplitude des mouvements de hausse des taux.
Le QE aurait-il endormi les craintes d’un mal qui grossit en silence ?
En ayant mis la zone euro sous perfusion grâce à ses achats massifs, la BCE a réduit la perception du risque souverain. Les taux longs se sont ainsi détendus, facilitant le financement des déficits publics à moindre coût. La charge d’intérêts payée sur la dette publique a donc diminué mais devrait se normaliser dès 2018.
Or, les dettes publiques (en fonction du PIB) de la plupart des états (hors Allemagne) se sont dans le meilleur des cas stabilisées, dans le pire des cas alourdies, depuis le début du QE. Bien que les déficits budgétaires aient globalement baissé, le problème de fond n’a pas été totalement résolu. Plusieurs pays n’ont pas su profiter de la période de sursis pour appliquer les réformes structurelles nécessaires à la pérennisation des finances publiques.
L’Italie, la Grèce ou même encore le Portugal pourraient ainsi se retrouver en difficulté en cas de choc. A titre d’exemple, si le 29 avril prochain, DBRS plaçait la note du Portugal en catégorie spéculative (comme l’ont déjà fait les autres agences), les obligations portugaises risqueraient de perdre leur éligibilité au programme d’achats de la BCE, et l’écart de taux avec les autres obligations s’accentuerait.
Et si tout recommençait avec la Grèce?
Alors que la Grèce n’aurait pas adopté deux tiers des mesures demandées par ses créanciers, les ministres de la zone euro se réuniront le 20 février pour faire le point sur la mise en œuvre des réformes. Avec le calendrier électoral européen qui s’accélère, Athènes est pressé de trouver un accord afin de débloquer une nouvelle tranche d’aide. En effet, le pays doit faire face à plusieurs échéances cette année dont plus de 3,8mds d’euros redevables à la BCE en juillet 2017.
Selon un rapport confidentiel du FMI obtenu par la presse, l’organisation s’est montrée très pessimiste considérant que «la Grèce a besoin d’un allègement de la dette conséquent de la part de ses partenaires européens, afin de restaurer la viabilité de sa dette». C’est précisément parce le FMI est convaincu que « la dette grecque est totalement intenable, même avec une application pleine et entière des réformes approuvées dans le cadre du programme d’aide », qu’il ne participe pas à son financement.
Une nouvelle fois, le cas grec semble dans l’impasse et le spectre du Grexit pourrait refaire stresser les marchés obligataires. Même si Alexis Tsipras continue d’affirmer qu’il souhaite aller au bout de son mandat, la situation risque de devenir de plus en plus compliquée au vu des exigences des créanciers. Enfin, selon plusieurs sondages, la droite Nouvelle-démocratie (principal parti d’opposition) devance le parti de gauche d’Alexis Tsipras (Syriza).
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