La crise économique de la Covid-19 a décimé le secteur des néobanques, ces services 100% mobile qui proposent une expérience client simplifiée et des produits basiques (cartes bancaires, outil de gestion). En effet, Morning, C-zam, Ferratum, Ditto Bank ou encore Boon ont fermé les unes à la suite des autres.
Ainsi, le mot « néobanque », qui était synonyme d’innovation et d’hypercroissance il y a quelques mois encore, a perdu de sa superbe. Pour durer, les marques qui s’inscrivaient dans cette démarche font donc évoluer leur modèle économique et le lexique associé.
Devenir de « véritables banques »
Dans les circonstances actuelles, les néobanques, qui ne proposent aucune solution de prêt ne peuvent répondre pleinement aux besoins de leurs clients. Les particuliers comme les entreprises se sont vus retrouver le chemin des banques traditionnelles.
L’objectif des néobanques est aujourd’hui de devenir de véritables banques et donc d’obtenir une licence bancaire, le document par lequel un Etat autorise un établissement à effectuer des opérations bancaires (crédits, épargne, services d’investissements, etc.) dans toutes l’Europe et d’offrir des garanties supplémentaires. Les deux fintechs N26 et Revolut, qui sont parvenues à obtenir le bout de papier, ont signé deux importantes levées de fonds cette année.
Ni l’une, ni l’autre ne se définissent comme des « néobanques » : N26 se présente comme une « Banque 100% Mobile », accentuant ainsi sur son agilité et Revolut se détache du mot « banque » et de ses dérivés pour s’imposer comme « la première superappli financière mondiale de tous les temps », autrement dit, comme un outil de gestion financière plus qu’une simple banque. En employant le mot « banque », N26 se place directement sur le marché des banques traditionnelles, au risque d’engager un combat des anciens et des modernes, quand Revolut fait le choix de l’alternative lexicale.
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La contre-attaque des banques traditionnelles
Les banques traditionnelles, qui disposent déjà des garanties si chères aux jeunes fintechs, ont elles aussi lancé de nouvelles solutions mobiles. La Banque Postale a créé une nouvelle banque Ma French Bank ; en juin dernier, le Crédit Agricole a lancé Blank, sa néo-banque destinée aux professionnels ; et la Société Générale a annoncé l’acquisition de la néobanque Shine, autant d’initiatives qui concurrencent les néobanques et les nouvelles banques indépendantes. Leur expansion rapide, possible grâce à un réseau de clients potentiels préétabli, et leur force de frappe, en font des adversaires de taille.
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La filiation entre la maison mère et la nouvelle entité peut être évidente, à l’instar du groupe La Banque Postale qui marque le lien avec Ma French Bank et rajeunit ainsi son image. Son oiseau se reconnaît sur le logo de Ma French Bank, ses couleurs jaune et bleu structurent le nouveau site de la filiale et l’ouverture d’un compte s’effectue dans un bureau de poste. Au contraire, le Crédit Agricole ne marque pas sa parenté avec Blank et adopte les codes de communication des start-ups. Le nom Blank lui-même, « vide, blanc » en anglais, se rapproche phonétiquement du mot « banque » et insuffle ainsi l’idée d’une néo-banque. Avant le Crédit Agricole, la fintech Bunq avait adopté cette même stratégie naming.
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Un champ ouvert
Le néologisme « néobanque », qui étymologiquement signifie « nouvelle banque », installe une confusion sémantique. Il ne représente en aucun cas les nouvelles banques, mais exclusivement des entreprises financières qui ne disposent pas de licence bancaire. Dans les faits, le terme tend désigner un service complémentaire des banques traditionnelles.
L’enjeu des jeunes banques indépendantes est enfin de délimiter un champ lexical singulier qui décrirait le caractère hybride d’une activité qui oscille entre établissement bancaire et outil de gestion financière.
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