Selon les chiffres reportés officiellement par les Etats, la Chine n’est plus le pays le plus concerné par l’épidémie de coronavirus. En Europe, l’Italie et l’Espagne ont dépassé la Chine, et dans le monde, les Etats-Unis (plus particulièrement l’Etat fédéral de New-York) sont maintenant de loin le pays le plus exposé.
Si l’on en croit Donald Trump, le chiffre de 200 000 morts états-uniens pourrait être atteint lors des prochaines semaines, un scénario en tous cas anticipé par le Président américain et qui ferait du Covid-19 un des événements les plus morbides de tout l’Histoire des Etats-Unis, avec potentiellement davantage de morts américains que lors de la Première Guerre Mondiale. Au moment où ces lignes sont rédigées, le chiffre des décès dépasse les 12 000 et il est vrai que la pente de la courbe sanitaire prend un angle vertical.
Au-delà de cette tragédie humaine, les Etats-Unis ont basculé depuis deux semaines dans un marasme économique marqué. A l’image de l’économie chinoise au mois de février et de l’économie européenne depuis le milieu du mois de mars, les grandes régions économiques des Etats-Unis (Californie, New-York…) sont à l’arrêt à hauteur de 70% environ, mais la circulation économique entre Etats fédéraux reste possible, Trump s’étant opposé au principe de quarantaine.
Les Etats-Unis sont le pays le plus avancé du monde en terme de transparence économique selon les statistiques rendues publiques chaque semaine et chaque mois. Le Bureau du Travail des Etats-Unis (BLS) dévoile ainsi chaque semaine les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage, c’est-à-dire les personnes faisant une demande d’allocations chômage… Les publications des jeudi 26 mars et 02 avril sont très compliquées, la relance économique se fera donc avec un passif très lourd.
Nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis – source TradingView
Après les 3 millions de nouveaux demandeurs de l’allocation chômage la semaine dernière, ce sont maintenant 6 millions d’Américains qui se sont inscrits cette semaine. A la différence de la France qui bénéficie d’un système de chômage partiel, les entreprises américaines ont réagi instantanément en commençant à licencier de manière sèche dans les secteurs d’activité les plus concernés comme le tourisme, les transports, les nouvelles technologies (Etat de Californie) et les industries les plus cycliques.
Le choc sur la demande va être très important et la consommation, moteur de premier rang de la croissance du PIB US, va chuter lors des prochains mois. Pour le Président Trump, ces licenciements massifs sont un défi politique à quelques mois des élections, la grande partie de son action économique se volatilisant en l’espace de quelques semaines.
La gestion économique et sanitaire du Covid-19 aux Etats-Unis est une source d’incertitude pour le monde entier, le consommateur US était un moteur encore important pour la croissance de l’activité mondiale.
Venons-en à présent au futur possible et optimiste pour nos régions occidentales qui se sont donc résolues à appliquer un confinement presque, voir égal à celui de la Chine en terme de rigueur. Globalement, la situation chinoise va nous permettre d’envisager la suite des événements à un stade précoce.
Covid-19 : courbes sanitaires du cumul des cas quotidiens pour les Etats les plus touchés
Comme le montre le graphique ci-dessus qui superpose les trajectoires sanitaires de la Chine, des Etats-Unis, de l’Italie, l’Espagne et la France, le confinement total en Chine au mois de février/mars a permis une dépentification rapide du nombre de nouveaux cas de coronavirus, même si l’on peut légitimement s’interroger si la vérité de ces chiffres, le pays comptant 1,4 milliard d’habitants.
Dans tous les cas, le confinement total porte désormais ses fruits en Italie, pays précocement touché en Europe et qui a atteint le pic épidémique au début du mois d’avril.
La Chine a engagé un déconfinement progressif de sa population à partir du milieu du mois de mars et les tout derniers indicateurs de l’économie chinoise montrent une reprise au degré modeste, avec par exemple des images satellites qui mettent en évidence une hausse des rejets de dioxyde, les transports ont donc bien repris. L’activité industrielle se relance doucement et la seconde semaine du mois d’avril voit maintenant la réouverture des centres commerciaux, et prochainement des cinémas.
Selon la Banque de France, la PIB de la France est en baisse de 6% sur le premier trimestre, pour seulement 2 semaines de confinement sur cette période. Pour des économies confinées et à l’arrêt à hauteur de 50%/70% selon les pays, on peut donc comprendre aisément que chaque semaine compte. Si le confinement est levé en France dans le courant du mois de mai, le retour à la liberté ne sera que par étapes et la reprise économique encore plus lente.
Le confinement ultra-rigoureux n’est que la première étape, mais l’exemple de la Chine montre que cela permettra in fine un retour à une vie sociale et économique normalisée.
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