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ÉCONOMIE | La dette des pays émergents augmente et impacte

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@GettyImages

Dans les économies émergentes et en développement, le ratio dette publique sur PIB a augmenté de 20 % depuis 2000. C’est une progression de la même ampleur que celle observée dans la zone euro, où les recettes budgétaires, et donc les moyens de « corriger le tir », sont pourtant deux fois plus élevées.

 

Si les raisons de cette montée de l’endettement varient selon les pays et sont souvent multiples, la principale est souvent l’impact économique des crises internationales successives : risque d’atterrissage brutal de la croissance chinoise et chute des cours des matières premières énergétiques en 2015-2016, Covid-19 en 2020 et enfin guerre en Ukraine en 2022. Comme dans les économies matures, ces crises occasionnent des dépenses supplémentaires et de moindres recettes pour l’État. Elles se traduisent aussi par des conditions de financement plus difficiles. En période de forte volatilité, les investisseurs internationaux sont en effet généralement plus rapides à se désengager des marchés émergents. Sans compter que, contrairement à la Fed ou la BCE, les banques centrales locales n’ont pas engagé de programmes d’achat d’actifs de grande ampleur permettant à l’État de financer facilement une partie de sa dette. La dépréciation de la plupart des devises émergentes face au dollar l’année dernière a aussi contribué à la montée de la dette, celle-ci étant en partie libellée en devise étrangère.

 

Dix-sept pays ont ainsi fait défaut entre 2020 et 2022, contre seulement onze au cours des sept années précédentes. Or ces crises de dette ne sont pas faciles à résoudre. Le « Cadre commun » avait pourtant été créé dans cette optique au moment de l’accumulation de « dette Covid ». Ce cadre commun, en regroupant à la fois le FMI, les créanciers bilatéraux déjà présents dans le Club de Paris (c’est-à-dire essentiellement des pays développés) et les pays émergents ayant prêté davantage aux pays en développement ces dernières années (dont la Chine mais aussi dans une moindre mesure l’Inde ou encore l’Arabie saoudite), devait permettre une résolution rapide de ce type de problème. Mais le nombre plus important de personnes autour de la table des négociations (auquel il faut ajouter les investisseurs privés jouant désormais un rôle majeur) rend les négociations plus longues et difficiles qu’initialement anticipées. Les différentes parties le reconnaissent d’ailleurs et travaillent activement à des améliorations de ce cadre, en particulier sur les aspects de processus.

 

Cette difficulté à restructurer rapidement et efficacement (à la fois du point de vue du pays emprunteur et de ceux des principaux créanciers) un problème de dette désincite aujourd’hui d’autres pays avec un niveau de dette excessif à s’inscrire de façon préventive dans ce processus. Face à cette inertie et pour faire face à la montée des dépenses consacrées au remboursement de la dette, ces pays en difficulté n’ont donc souvent pas d’autre choix que de limiter leurs investissements et couper dans leurs dépenses, obérant d’autant leur potentiel de croissance à moyen terme. En Égypte, par exemple, la hausse des taux d’intérêt sur les obligations d’État émises sur les marchés internationaux, conjuguée à des montants de dette élevés arrivant à maturité cette année et l’année prochaine, devrait engendrer une hausse du coût de financement représentant 3 à 4 % du budget de l’État. Cela correspond à environ un quart du budget annuel consacré à l’éducation.

 

Cet article a été écrit par ANNE-LAURE KIECHEL, FONDATRICE ET PRÉSIDENTE DE GLOBAL SOVEREIGN ADVISORY

 

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