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Dollar : Le Bras De Fer Entre Trump Et La FED

U.S. President Donald Trump arrives shakes hands with Jerome Powell, his nominee to become chairman of the U.S. Federal Reserve at the White House in Washington, U.S., November 2, 2017. REUTERS/Carlos Barria - HP1EDB21HQF0Y

Le Dollar remonte. Après plusieurs mois de baisse et de timides reprises, le Dollar semble avoir repris le chemin de la hausse ces dernières semaines. C’est vrai face à l’Euro, au Yen à la Livre Sterling mais aussi face à la plupart des devises émergentes. 

Que s’est-il passé récemment pour justifier cette hausse ?

Les chiffres économiques en Zone Euro et au Japon se sont révélés être un peu moins bons qu’espérés depuis fin février. Dans le même temps la FED a clairement confirmé qu’elle allait changer de régime : sa politique monétaire va être moins accommodante. La FED va à la fois remonter ses taux et diminuer la taille de son bilan. Les intervenants anticipent désormais 4 hausses des taux courts américains pour l’ensemble de 2018 et 3 de plus pour 2019. C’est un changement considérable. Les présidents précédents de la FED (M. Bernanke et Mme Yellen) avaient adopté une politique particulièrement favorable à l’économie en injectant massivement des liquidités ; l’idée poursuivie était également de rendre le financement bancaire le plus facile possible et éviter une crise de liquidités du type de celle connue en 2008. Le nouveau Président M. Powell affiche lui une détermination forte de revenir à une politique monétaire plus conventionnelle.

Historiquement, quand la FED monte ses taux, le Dollar finit par monter. Cela peut prendre du temps mais se vérifie systématiquement au fil du cycle de remontée des taux.

Parallèlement, la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Bank of Japan (BoJ) ont fait comprendre que de leur côté la politique monétaire allait rester accommodante…ce qui pèse mécaniquement sur la parité de leur devise. M.Draghi, Président de la BCE, a fait part de ses doutes sur l’économie du fait des chiffres récents traduisant un relatif ralentissement. La BoJ de son coté, un peu comme la BCE d’ailleurs, a elle indiqué de nouveau que le rythme d’inflation restait encore trop bas.

Que veut l’administration Trump ?

Depuis le début de sa présidence, D. Trump a affiché sa volonté d’avoir un Dollar faible censé favoriser son économie en facilitant l’exportation. Force est de constater que la baisse du Dollar n’a eu aucun effet sur le déficit de la balance commerciale américaine qui s’aggrave quasiment de mois en mois que ce soit avec l’Allemagne ou la Chine. C’est d’ailleurs peut-être devant l’inefficacité de la solution « baisse du dollar » que D.Trump s’est engagé dans une véritable «guerre commerciale » avec ses principaux partenaires commerciaux, Chine en tête.

Le marché des changes : dernier juge de la valeur du Dollar

Une forme de bras de fer entre la FED et l’administration de D. Trump est donc peut-être entamée depuis quelques semaines. Les éléments mécaniques d’écart de taux entre les Etats-Unis et le reste du monde incitent les investisseurs à profiter de rendement plus attractifs proposés Outre-Atlantique et donc acheter du Dollar…mais si la tendance s’accentuait trop, nul doute que D.Trump enverrait quelques tweets ravageurs pour dénoncer une « manipulation des devises ». Chacun joue avec ses forces : pour les Chinois une baisse de la devise de 10% par rapport au Dollar compenserait largement une hausse de quelques droits de douane…et pénaliserait les entreprises américaines. De la même façon, si l’Euro baisse encore, cela joue favorablement, si la baisse est modeste : les entreprises européennes gagnent des parts de marchés plus facilement, et l’inflation importée monte un peu…ce qui in fine le but recherché par M.Draghi. Dans les négociations commerciales à venir entre Américains, Européens et Chinois, les discussions concernant les niveaux des devises vont aussi être déterminantes.

La hausse a enfin un attrait non-négligeable : c’est la hausse mécanique des indices européens. Effectivement depuis mi-mars et la reprise de la hausse sur le Dollar, les marchés européens surperforment nettement les marchés américains.

Toutes choses égales par ailleurs sur le plan économique (exercice très théorique) on peut estimer que :
– Une faible hausse du Dollar est positive pour les marchés actions européens, soutient le marché Japonais et de plus en plus négatif pour les actifs émergents au fur et à mesure de la hausse.
– Une baisse du Dollar est négative pour actions Européennes et Japonaises, elle est plutôt positive pour les actions américaines.

A court-terme nous pensons que le Dollar devrait fluctuer entre 1.10 et 1.15 contre Euro tant qu’il n’y aura pas de visibilité sur la politique monétaire Européenne.

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