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Commerce Extérieur : La Stratégie De Jean-Yves Le Drian

Pour tenter de résorber un « déficit commercial extrêmement préoccupant », le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, préconise la mise en place de « mesures pratiques », préalable d’une véritable culture de l’exportation. Une impérieuse nécessité à l’heure où le déficit du commerce extérieur s’est creusé l’année passée, à 48 milliards, et devrait être encore « plus élevé » pour l’exercice 2017.

48,1 milliards d’euros. C’est le montant du déficit du commerce extérieur français pour l’année 2016. « Ce ne sont pas de bons chiffres, ce n’est pas une belle année », avait à l’époque (les chiffres avaient été rendus publics en février dernier, ndlr) commenté le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl. Un montant largement au-dessus des prévisions du gouvernement qui tablait sur une progression moindre (le déficit commercial était de 45 milliards en 2015) à 45,3 milliards d’euros. Une hausse imputable, selon les dires du gouvernement, à « des retards chez les fournisseurs d’Airbus qui ont décalé des livraisons », soit une aggravation du solde de l’aéronautique de 4,7 milliards d’euros qui a contribué fortement à la dégradation globale. Matthias Fekl avait également mis en exergue une baisse de 2,5 milliards d’euros des exportations agricoles « en raison d’une mauvaise saison dans les céréales ».

Mais l’horizon semble tout aussi sombre pour 2017, à écouter Jean-Yves Le Drian qui est passé, à la faveur du changement de législature, de l’hôtel de Brienne au Quai d’Orsay. « Le déficit commercial devrait être sans doute encore plus élevé cette année », a estimé, sans surprise, le chef de la diplomatie française. En effet, 2017 a démarré sur des bases dramatiquement élevées puisque fin mai, le déficit cumulé sur les cinq premiers mois de 2017 s’élevait déjà à 29,9 milliards soit plus de 10 milliards d’euros supplémentaires par rapport à l’année dernière à la même époque. Une fois de plus, le « retard à l’allumage » des livraisons d’Airbus couplé à la remontée progressive de la facture pétrolière ont eu raison d’une quelconque amélioration. Désireux de renverser la vapeur, Jean-Yves Le Drian ne compte pas rester inactif sur ce « mal français ». En effet, à titre de comparaison, la balance commerciale allemande est excédentaire de 297 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2016.

L’Allemagne champion du monde… de l’excédent commercial

Un gouffre, un abîme, une galaxie séparent donc les deux voisins ! D’ailleurs, l’Allemagne est en tête des nations exportatrices, devant la Chine (245 milliards), le Japon complétant le podium quant à l’autre bout du palmarès on retrouve les Etats-Unis et un déficit courant de 478 milliards d’euros. Ainsi, l’ancien ministre de la Défense mise sur des « réformes pratiques » pour tenter d’endiguer l’hémorragie. Premier de cordée : la mise en place d’un guichet unique pour l’export dans les régions. « Je vais vraiment mettre en place le fameux guichet unique dans les régions dont on parle depuis longtemps », souligne-t-il dans un entretien aux Echos, avant une rencontre à la rentrée avec les présidents de région et le président de l’Association des régions de France (ARF), Philippe Richert.

Ainsi, Jean-Yves Le Drian veut retendre le lien trop souvent distendu entre l’Etat et la région. « Il faut une logique Etat/Région dans ce domaine », affirme le ministre. Autre axe de réflexion, la fédération et l’enrichissement des fameuses sept filières sectorielles exportatrices mises en place du temps du précédent gouvernement, sous la houlette de Laurent Fabius. « Je vais renforcer ces sept filières sectorielles mises en place par Laurent Fabius, les recentrer, sans doute en ajouter de nouvelles », a ajouté Jean-Yves Le Drian qui plaide également pour que les ambassades soient les interlocuteurs uniques des entreprises exportatrices à l’étranger « par soucis d’efficience et de clarté ».

« Faire comme je faisais à la Défense »

Autre « prérogative » du ministre, qu’il a utilisée avec une certaine maestria du temps de son passage du côté de l’Hôtel de Brienne, faire office de VRP de luxe pour le savoir-faire français – Dassault Aviation s’en rappelle encore. « Je vais continuer, comme je le faisais à la Défense, d’aider les entreprises françaises quand je suis à l’étranger, qu’elles soient grandes ou petites », précise dans cet entretien au quotidien économique le nouveau locataire du Quai d’Orsay, souhaitant allier « simplicité et efficacité ». S’il parvient à reproduire les miracles du temps de son passage du côté de l’hôtel de Brienne, ce ne sont pas les exportations françaises qui vont s’en plaindre. En effet, Jean-Yves Le Drian peut s’enorgueillir, et c’est sans doute l’un des réussites majeures du quinquennat Hollande, à avoir « vaincu le signe indien » en ce qui concerne l’exportation du chasseur Rafale à l’étranger. Grâce à l’activisme du ministre mais également du président, Dassault Aviation a réussi à vendre 84 appareils à l’export. Avant 2015, le chasseur se cantonnait aux cieux hexagonaux. Fort de ces « faits d’armes », Jean-Yves Le Drian espère réussir à résorber ce déficit commercial inquiétant. Rendez-vous en fin de quinquennat.

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