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Comment rendre la Bourse de Paris plus attractive pour les entreprises ?

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PARIS, FRANCE - JANUARY 27: A general view at Palais Brongniart on January 27, 2021 in Paris, France. (Photo by Marc Piasecki/GC Images)

Dans un manifeste, plusieurs figures majeures de la place parisienne dressent un bilan préoccupant et proposent des solutions pour revitaliser l’accès pour les PME et les ETI aux marchés de capitaux. 

Pour faire face à un manque d’attractivité de la Bourse de Paris, certains acteurs se mobilisent. Lors de la conférence annuelle d’Euronext, plusieurs associations et acteurs du marché financier, comme l’AFG, l’Amafi et Middlenext, ont présenté un « manifeste pour un meilleur financement des entreprises par les marchés ». Ce document appelle à une revitalisation des marchés de capitaux en France, soulignant l’importance de la place parisienne pour le financement des entreprises, en particulier face aux enjeux « liés aux transitions technologique et environnementale ».

En effet, la Bourse de Paris est une solution de moins en moins priorisée par les PME et les ETI. Depuis une décennie, la tendance est au recul du nombre d’entreprises cotées, notamment en raison de retraits volontaires et d’opérations de fusion. Hormis en 2017 et 2021, les sorties de la cote dépassent systématiquement les nouvelles introductions. En 2024, le solde négatif a atteint un niveau record de -32. Aujourd’hui, seules 637 entreprises sont cotées sur Euronext Paris, contre 791 il y a quinze ans. Comment expliquer ce résultat alors que, dans le même temps, le CAC 40, indice phare de la place parisienne, a connu une année 2024 record ?

L’une des causes principales de cette tendance est l’évolution du paysage financier, marqué par une concentration des investissements sur un nombre réduit de grandes entreprises et par une augmentation de la gestion passive.


« Il y a très peu de demande sur le segment des plus petites entreprises, car c’est un compartiment de marché peu attractif, notamment en France où les investisseurs sont majoritairement des particuliers, souligne Christopher Dembik, stratégiste chez Pictet Asset Management. Les entreprises qui font le choix de l’introduction en Bourse ont de fortes chances de voir leur valorisation chuter. Pour elles, le meilleur arbitrage reste le Private Equity. »

Des fonds investis hors Europe 

L’économiste prend l’exemple de la pépite française de la musique Believe. La société avait fait ses premiers pas sur Euronext Paris en juin 2021. Lors de son introduction, l’action de la start-up française était proposée à 19,5 euros. Quatre ans plus tard, l’action vaut moins de 15 euros, soit une décote de plus de 20 %, alors même que la société se porte bien, avec près de deux ans d’avance sur son plan d’affaires prévisionnel. Dans ce contexte, le spécialiste de la musique avait voulu se retirer au printemps 2024, mais l’offre d’OPA d’un consortium d’actionnaires était finalement restée inachevée.

Malgré le fait que la zone euro représente le deuxième bassin d’épargne mondial, une majorité des fonds investis en actions depuis l’Europe est dirigée vers des entreprises situées hors de l’Union européenne, notamment aux États-Unis et en Asie.

« Les États-Unis sont un marché très large. Il y a de plus des incitations fiscales très importantes pour les résidents américains, ce qui incite à l’investissement, pointe Christopher Dembik. En France, la seule facilité fiscale réside dans le plan épargne en actions et, encore, c’est beaucoup moins incitatif. »

Les auteurs du rapport pointent une fuite de capitaux qui « prive nos entreprises des financements nécessaires à leur développement ».

De multiples propositions 

Le manifeste propose plusieurs solutions afin d’inverser la tendance. Il prévoit notamment de réduire en priorité les coûts et de simplifier les procédures de cotation. « Les contraintes réglementaires sont encore trop importantes », plaide Christopher Dembik. Depuis plusieurs mois, Euronext travaille sur un dispositif visant à rendre les introductions en Bourse plus accessibles. Les auteurs poussent pour une adoption de cette « proposition de structure de prospectus standardisée, incluant un plan unique et un format harmonisé des résumés ».

Parmi les autres solutions avancées, les acteurs financiers suggèrent d’assouplir la réglementation « Solvency II » afin de permettre aux assureurs d’investir plus facilement dans les entreprises cotées. Ils plaident également pour une modification des règles de Bâle III et une relance de la titrisation. Un autre levier envisagé pour orienter davantage de capitaux vers les entreprises serait d’accélérer le développement des fonds de pension et de renforcer l’attractivité de l’épargne retraite.

S’appuyant sur une recommandation du rapport Noyer, les signataires du manifeste soutiennent également la création d’un « label européen » assorti d’avantages fiscaux, dans le but d’encourager l’investissement à long terme, en particulier dans les PME européennes.

D’autres initiatives sont également à l’étude, notamment l’augmentation du plafond du PEA, une meilleure intégration des fonds PEA-PME dans les dispositifs d’épargne existants, ainsi qu’une simplification de l’accès des particuliers aux placements secondaires en actions. Christopher Dembik estime quant à lui que la création d’une grande place européenne pourrait rendre l’investissement plus attractif.

« Actuellement, il y a une bataille de visibilité autour des Bourses, signale-t-il. L’Europe a-t-elle besoin d’autant de places boursières qui peinent à attirer les investisseurs ? »


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