Rechercher

Comment le portefeuille d’identité numérique de l’UE pourrait transformer le paysage du paiement

Comment la mise en œuvre du portefeuille d’identité numérique de l’UE pourrait transformer le paysage du paiement

D’ici novembre 2026, tous les gouvernements de l’Union européenne devront être en mesure de proposer à leurs citoyens des portefeuilles d’identité numérique certifiés. Ces solutions, au-delà de leur rôle central dans l’identification en ligne, ouvriront la voie à une révolution dans plusieurs secteurs, notamment celui des paiements. Ce dispositif, bien que novateur, pourrait considérablement transformer l’expérience utilisateur en matière de paiements de compte à compte. Retour sur les défis que cette réglementation soulève et sur son impact potentiel sur l’écosystème des paiements.

Une contribution de Mathieu Péré, Directeur Paiement chez Tink 

 

Répondre aux nouveaux besoins du numérique

 


eIDAS 2.0 : c’est ainsi que se nomme cette nouvelle réglementation européenne, qui devrait transformer le secteur financier européen. En novembre 2026, chaque État membre de l’Union devra proposer au moins une solution de portefeuille d’identité numérique certifiée, permettant aux citoyens et aux entreprises de stocker de manière sécurisée leurs documents personnels. Cette solution offrira également un accès simplifié à divers services d’identification dans des contextes variés, comme la signature de contrats ou l’obtention de prêts, sans avoir à envoyer de justificatifs physiques.

Ces portefeuilles numériques auront l’avantage d’être accompagnés d’un système d’authentification unique, garantissant une expérience fluide et sécurisée pour les utilisateurs. Un principe fondamental de limitation des données assurera que seules les informations strictement nécessaires à chaque authentification seront partagées, protégeant ainsi la vie privée des citoyens européens.

 

Payer en ligne sera désormais plus simple

 

Le portefeuille d’identité numérique va bouleverser l’univers des paiements en ligne, notamment en améliorant l’efficacité des processus d’authentification. À titre d’exemple, certains pays comme la Suède bénéficient déjà de services similaires bancaires avec BankID, un dispositif en place depuis 2003. Il permet une authentification rapide et sécurisée en moins de 30 secondes, contre souvent plus de 30 secondes dans d’autres pays européens, où les utilisateurs doivent jongler entre un site de paiement et leur application bancaire mobile.

L’adoption de ce portefeuille numérique devrait donc simplifier et accélérer l’authentification des paiements dans toute l’Union européenne. Les consommateurs bénéficieront d’une expérience de paiement nettement plus fluide, ce qui réduira les abandons de transactions. Les commerçants en ligne verront ainsi leur taux de conversion augmenter considérablement, grâce à une réduction des frictions liées aux processus d’authentification.

À partir de novembre 2027, tous les commerçants et prestataires de services européens devront accepter les portefeuilles numériques comme méthode d’authentification, créant ainsi un cadre standardisé pour les paiements en ligne.

 

Des questions encore en suspens au niveau réglementaire

 

Toutefois, l’introduction de ce système soulève plusieurs défis réglementaires, notamment concernant l’articulation entre eIDAS 2.0 et la DSP2/DSP3, deux règlements clés pour le secteur des paiements. Ces textes traitent respectivement de l’authentification, de l’autorisation des paiements et de la responsabilité en cas de fraude. Tandis qu’eIDAS 2.0 impose des obligations aux États pour la gestion des portefeuilles numériques, la DSP2 régit les obligations des prestataires de services de paiement (PSP), créant ainsi des incertitudes sur la responsabilité en cas de litiges.

L’un des enjeux majeurs concerne l’authentification forte. Pour être compatible avec la DSP2, le portefeuille d’identité numérique devra impérativement intégrer l’authentification forte telle que définie par cette directive. Bien que cela semble un détail mineur, ce point représente un défi pour les équipes de conformité des prestataires de services de paiement qui devront adapter leurs solutions.

Un autre aspect à clarifier est la question de la responsabilité : en cas de fraude ou de paiement incorrect, quelle réglementation s’appliquera ? Celle de la DSP2 ou celle d’eIDAS 2.0 ? Bien que la Commission européenne ait confirmé que eIDAS 2.0 ne remplacera pas la DSP2, une révision de cette dernière devrait permettre de clarifier les responsabilités et d’éviter que les fournisseurs de portefeuilles numériques ne soient tenus responsables des fraudes.

Enfin, en matière d’autorisation des paiements, eIDAS 2.0 garantit la possibilité pour les citoyens de s’authentifier via un portefeuille numérique pour initier un paiement, mais ne précise pas les modalités exactes de l’autorisation du paiement. Cette distinction entre authentification et autorisation, abordée dans la DSP2, devra être précisée pour éviter toute confusion, notamment pour les paiements en ligne impliquant des prestataires tiers (PISP).

 

La mise en œuvre du portefeuille d’identité numérique de l’UE est une avancée majeure qui pourrait transformer profondément le secteur des paiements en ligne, en offrant une solution plus rapide, sécurisée et fiable pour les consommateurs et les commerçants. Cependant, plusieurs défis réglementaires et techniques devront être résolus pour garantir une mise en œuvre harmonieuse et interopérable à l’échelle européenne. En attendant, l’UE devra travailler à l’intégration des portefeuilles numériques dans le cadre plus large des paiements électroniques, en s’assurant que cette révolution numérique soit bénéfique pour tous.

 


À lire également : Paiement et fintech : quel bilan pour 2024 et quelles tendances se dessinent pour 2025 ?

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC