Carrefour a fait état, mercredi après-bourse, d’une croissance en berne au troisième trimestre. Les deux premiers marchés du distributeur, en l’occurrence la France et le Brésil, cristallisent les inquiétudes sur la période.
Publication mi-figue mi-raisin pour le géant français de la distribution. Carrefour, en plein chambardement stratégique et avec une gouvernance entièrement remaniée, avec à sa tête l’ancien homme fort de la Fnac Alexandre Bompard, a, en effet, vu sa croissance s’effriter au troisième trimestre. Dans le détail, l’ancien numéro 1 de la distribution dans l’Hexagone – qui a cédé les rênes du secteur à son rival Leclerc – a dévoilé un chiffre d’affaires en légère hausse de 0,4% en données publiées à 21,85 milliards d’euros, échouant au pied du consensus Inquiry Financial pour Reuters (21,9 milliards). Mais, hors essence, effet calendaires et à magasins comparables, la croissance tombe à 0,5%, bien loin des 2,8% du deuxième trimestre. Une publication néanmoins sans surprise dans la mesure où le groupe du CAC 40 avait, à la fin du mois d’août, « préparé le terrain » et tiré la sonnette d’alarme, lançant un profit-warning sur ses résultats annuels. Alors que les analystes et autres observateurs pressent le nouvel état-major du distributeur de dévoiler les contours de son plan stratégique promis par Alexandre Bompard.
Mais il va visiblement falloir (encore) prendre son mal en patience. Le directeur financier, fraîchement nommé, Matthieu Malige, s’est refusé, au cours d’une courte conférence téléphonique, à toute indication sur les contours de ce plan comme sur son calendrier. Une fin de non-recevoir dans les règles de l’art. Mais les analystes ont néanmoins, comme de coutume, échafauder différents scenarii. L’hypothèse la plus probable : un plan massif de réductions de coûts afin de permettre à Carrefour d’investir dans des baisses de prix pour relancer l’attractivité de ses hypers en France sans trop dégrader les marges. Car la France est une source d’inquiétude pour le groupe qui continue d’accumuler les déceptions et les contre-performances sur son premier marché historique.
La France dans l’œil du cyclone
Alors que la guerre des prix fait rage au sein de la « mère-patrie », Carrefour perd de plus en plus de terrain sur son « meilleur ennemi » Leclerc. Sur la période, le groupe d’Alexandre Bompard a vu sa part de marché s’éroder à 20,2% (contre 21% un an plus tôt), derrière Leclerc, qui a vu la sienne grimper, dans le même laps de temps, à 21,3%, selon Kantar WorldPanel cité par Reuters. Et la situation est assez critique en ce qui concerne le « pôle » hypermarchés, une division particulièrement scrutée par les analystes. Et pour cause : elle pèse pour près de 25% des ventes globales du groupe. En comparable, le chiffre d’affaires des « hypers » ont reculé de 1,7% sur la période après une hausse de 0,5% au deuxième trimestre.
En Bourse, la situation est tout aussi délicate pour Carrefour dont la valeur du titre a fondu de près de 25% depuis le 1er janvier. Même si l’action a connu quelques soubresauts ces dernières semaines, divers « bruits » faisant état d’un intérêt d’Amazon pour le distributeur. Des rumeurs de marché qui avaient galvanisé l’action Carrefour au point que cette dernière avait terminé en tête du CAC 40 le 26 septembre dernier. « En gros, ce sont des rumeurs qui font un peu le tour des salles de marché depuis la fin de l’été. Cela reste au stade de la rumeur. En l’état actuel des choses, on n’a rien de concret », avait alors réagi Andrea Tueni, analyste chez Saxo Bank, cité par Reuters.
Amazon en sauveur ?
Ces « fameuses rumeurs de marché » avaient néanmoins été prises au sérieux par les analystes de Société Générale dès les prémices de l’été, ces derniers estimant alors que Carrefour pouvait figurer parmi les cibles potentielles d’Amazon en Europe au même titre que son compatriote Casino et le britannique WM Morrison. Une « possibilité » qui relevait du mirage il y a encore quelques mois mais le rachat de la chaîne de magasins bio Whole Foods Market, en juin dernier, a considérablement changé la donne et a estompé un peu plus la frontière entre le commerce alimentaire traditionnel et l’e-commerce. Ce qui a eu pour conséquence de durcir encore la concurrence entre les distributeurs, désormais obligés de se positionner sur les deux segments. En attendant, Carrefour a déjà fort à faire pour redresser la barre. Et avec pour « capitaine » Alexandre Bompard, dont les faits d’armes sont unanimement reconnus, Carrefour a toutes les raisons d’entrevoir des lendemains qui chantent.
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