Capital-Risque: Ce Que les Start-Up Peuvent Obtenir De Leur VC

Eurazeo, GV, Partech Ventures, Softbank, Bpifrance Investissement, Index Ventures, Sequoia Capital… toutes ces sociétés de capital-risque ont un point commun : elles financent, via des prises de participation, le développement d’entreprises innovantes en phase de croissance. Les entrepreneurs de start-up ne cachent d’ailleurs pas leur obsession d’accrocher l’un de ces fameux VC (Venture Capitalist) afin d’effectuer une levée de fonds. Selon le baromètre annuel EY du capital-risque en France, un nouveau record s’est établi en 2019 puisque 736 sociétés ont levé plus de 5Md€, un chiffre en hausse de 39% en valeur et 14% en volume. 

Mais si tous ces fonds ont un point commun, l’investissement, il existe en réalité des différences notoires dans le comportement de ces derniers. Alors que certains resteront passifs, d’autres feront le choix d’être plus interventionnistes en voulant être impliqués dans le développement de la start-up ainsi que dans certaines prises de décision, parfois au grand désespoir des entrepreneurs qui préféreraient qu’on les laisse tranquilles. 

Certains créateurs ont cependant compris que l’apport d’un VC pouvait aller bien au-delà du financement. Car la difficulté d’un fondateur est loin de se limiter à avoir une bonne idée et à lever de l’argent. Pour Loïc Le Meur, entrepreneur à succès et investisseur avisé, l’idée ne représente pas grand-chose dans la création d’une start-up. La rapidité et l’exécution sont en revanche primordiales et déterminantes dans la construction itérative du produit ou du service. Avoir la possibilité de se faire accompagner par son VC sur des sujets périphériques mais néanmoins cruciaux est un atout tangible et différenciant. 

Le VC, Directeur de Casting

Au cinéma, un mauvais casting peut facilement tuer un film. Ce qui est vrai pour un film l’est également dans le monde de l’entreprise. Alors qu’un mauvais recrutement dans un grand groupe sera considéré comme regrettable, il pourra s’avérer fatal dans une start-up où les ressources sont limitées et ont un impact direct sur sa survie. Roxanne Varza, directrice de Station F et identifiée par le magazine Forbes comme l’une des 40 françaises les plus influentes estime que « les 10 premiers salariés sont vraiment les plus importants ». Les start-up n’ont généralement pas l’expérience du recrutement. Valider que la personne recrutée dispose des compétences attendues tout en s’assurant qu’il n’y aura pas de clash de personnalité dans le groupe demande une certaine expertise. Introduire dans l’équipe une diversité nécessaire à la créativité et l’efficacité tout en s’assurant que la cohérence de la vision sera maintenue est un exercice très délicat. Savoir s’il est nécessaire ou pas de se séparer d’une recrue quand il y a un problème, déterminer le meilleur moment pour le faire n’est pas non plus un quelque chose d’intuitif. Les VC disposent souvent des ressources pouvant accompagner les entrepreneurs, la plus précieuse d’entre elles étant leur expérience puisqu’ils ont été les témoins de nombreux succès ou échecs dans ce domaine. Le recrutement n’est jamais une science exacte, mais ses conséquences pouvant devenir heureuses ou désastreuses, il est préférable de s’appuyer sur la connaissance de son investisseur. 

Le VC, Créateur de Partenariats

GV, anciennement Google Ventures, a sacralisé la fonction de Partenariat en créant, il y a quelques années, une équipe « Partnerships » pour le bénéfice de ses start-up. Google Ventures avait alors compris que la portée d’un partenariat peut aller bien au-delà delà de la simple alliance commerciale à court terme mais peut aboutir à un mariage plus stratégique comme un investissement ou un rachat, voire un sauvetage. Dans les années 2000 les start-up qui évoluaient dans le secteur de la musique numérique par exemple et peinaient à trouver leur business model ont réussi à survivre en s’alliant avec d’autres acteurs spécialisés dans les applications permettant d’acheminer du contenu sur les mobiles, ce qui a donné naissance au marché alors très juteux des ringtones. La contribution du VC peut se révéler réellement tangible quand son apport ne se limite pas à un accompagnement ponctuel. Tracie Rotter, qui dirige le département Partnerships de GV définit d’ailleurs son rôle comme la création d’un écosystème dans lequel les nouvelles technologies rencontrent les business existants. Chaque start-up du portefeuille de GV pourra alors avoir un accès plus fluide à cette communauté d’entreprises partenaires qu’elles soient grandes ou petites. Cette « soft knowledge » du VC pourra être un vecteur transformationnel dans la vie d’une start-up. 

Le VC, Coach au Quotidien

En dehors d’un accompagnement spécialisé sur des compétences spécifiques comme les ressources humaines et les partenariats, le VC peut aussi jouer le rôle d’un coach généraliste.  Démêler une situation relationnelle complexe, régler des conflits interpersonnels, apporter un regard critique sur un contrat commercial, ouvrir son carnet d’adresse et faciliter des introductions. Parce qu’il a développé une expertise des start-up et a déjà rencontré des situations similaires, il sait ce qu’il convient de faire et connait également les comportements à bannir. Il n’a ni la candeur ni la virginité d’un entrepreneur novice et son expertise, ses succès, ses erreurs peuvent s’avérer inestimables. Ce faisant, il laisse également à la start-up la liberté de se focaliser sur l’essentiel : déterminer le bon « product / market fit » et trouver des clients. 

Si l’intervention d’un VC se limite à des demandes de reporting et du micro management, cela présente alors peu d’intérêt – en dehors de l’investissement. Mais sa contribution deviendra inestimable et différenciante si elle permet aux fondateurs d’une start-up d’avoir accès à des ressources nécessaires à son développement et à la prise de décision. L’Institut Français des Administrateurs (IFA) précise dans l’une de ses publications que le manque de moyens qui caractérise toute start-up lors de sa création, impose que cette dernière puisse s’entourer de personnes qui pourront lui apporter des expertises dont elle ne dispose pas encore. Et d’ajouter que la toute première forme de gouvernance est constituée par cet accompagnement de l’équipe fondatrice. Rôle qui pourra être joué par les VC.